UNE ECLAIRCIE DANS LA GRISAILLE ?
Le train sifflera-t-il à nouveau à la gare de Thiès ? Le lancement des travaux de la ligne de chemin de fer Dakar-Tambacounda et la suite des travaux détermineront la reprise du trafic ferroviaire entre Dakar et Tambacounda via la cité du rail
Le train sifflera-t-il à nouveau à la gare de Thiès ? Le lancement des travaux de la ligne de chemin de fer Dakar-Tambacounda et la suite des travaux détermineront la reprise du trafic ferroviaire entre Dakar et Tambacounda, via la cité du rail. Déjà, lors du vote du budget de son département à l’Assemblée Nationale, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, avait annoncé la disponibilité du financement.
L e président de la République, Macky Sall, est, à partir de ce jeudi 9 février 2023, l’hôte de la région de Thiès. La cité du rail accueille le Conseil des ministres décentralisé. Dans son agenda, figure le lancement de la réhabilitation de la voie ferroviaire, entre autres. Une doléance des Thiessois et engagement depuis plusieurs années de l’actuel régime, qui connaitra un début d’exécution. Le président Macky Sall, en plus des sorties de ses différents ministres sur la question, est revenu assez souvent sur cette réhabilitation. En octobre dernier, lors du lancement des Classes préparatoires aux grandes écoles, répondant à l’interpellation du maire de la ville de Thiès, Babacar Diop, le président Sall a réaffirmé tout son engagement à faire revivre les rails. «Après le Ter (Train express régional, ndlr), je travaille avec le gouvernement à reprendre la ligne Dakar-Tambacounda, naturellement qui passera par le hub de Thiès et toutes les rives ferroviaires qui sont sur le tracé. Nous y travaillons au quotidien. Je voudrais vous donner l’assurance à vous, mais également à toute la population de Thiès», a dit Macky Sall. Parlant ainsi, le président Macky Sall redonne l’espoir aux Thiessois ainsi que toutes les villes traversées par la ligne de chemin de fer Dakar-Tambacounda, et même jusqu’à Bamako.
Cette déclaration de chef de l’Exécutif n’est pas la première occasion pendant laquelle l’Etat est revenu sur sa volonté de refaire naître les chemins de fer. Lors des discours à la nation ou à la traditionnelle cérémonie de levée des couleurs, le président Macky Sall, est assez souvent revenu sur la question. «Sur le volet ferroviaire, je me réjouis d’annoncer qu’en accord avec la République sœur du Mali, le chemin de fer Dakar-Bamako sera bientôt réhabilité et modernisé, dans des conditions qui assurent sa rentabilité et sa pérennité», a-t-il dit, lors de son adresse à la nation le 31 décembre 2019. Mieux, il avait qualifié le projet d’«urgent et prioritaire».
En novembre 2022, répondant aux interpellations des députés sur la question, selon le rapport des travaux de Commission de l’Assemblée Nationale signale, l’actuel ministre des Transports terrestres, des Infrastructures et du Désenclavement, Mansour Faye, avait annoncé «la disponibilité de 3 milliards sur le financement de la réhabilitation de la ligne Dakar-Tambacounda, en attendant la réalisation du grand projet de ligne à grand écartement».
Déjà, en 2021, dans cette même Assemblée nationale, il disait que dans la loi de finance 2021, une enveloppe de 10 milliards sont destinés à la rénovation du chemin de fer mais aussi des gares laissées en ruine après l’arrêt du trafic. «L’Etat a mobilisé 10 milliards dans le cadre du budget 2021, pour la réhabilitation de la voie et des gares ferroviaires jusqu’à Kidira. La Société nationale des chemins de fer a déjà acquis six locomotives en Afrique du Sud. Reste maintenant à savoir combien s’élèvera cette rénovation». En aout 2021, après l’accident entre un gros porteur malien et un véhicule de transport de voyageurs à Kaolack, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, revenant sur le démarrage, a loué l’importance que ce réseau pourrait avoir dans le convoyage des marchandises entre les deux pays. Soulignant que les rails permettront aussi de protéger les routes sénégalaises, fortement impactées par le transport des gros porteurs qui participent à leur dégradation rapide.
Auparavant, présent à Thiès, en juillet 2018, le président Macky Sall avait exprimé cette volonté. «Le gouvernement du Sénégal travaille pour la relance du chemin de fer. Le financement est déjà acquis. Il ne reste plus que quelques discussions à mener». Macky Sall était partie présenter ses condoléances à l’homme d’affaire Baba Diaw, suite au décès de sa mère.
En 2016, détaillant le programme de l’Etat dans le domaine ferroviaire, Abdou Ndéné Sall, alors Secrétaire d’Etat au Réseau ferroviaire, annonçait un ambitieux programme de relance, pour un coût de 1390 milliards. L’ambition étant de couvrir 1520 km.
A signaler que depuis sa création en 1924, la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako n’a jamais été modernisé. Les gares ne sont que de vielles bâtisses laissées à elles-mêmes. Elles sont délabrées et servent souvent de repli aux malfaiteurs. Les rails, s’ils ne sont pas démontés, ne sont devenus que des tracés témoin d’un fort trafic entre deux pays frontaliers, qui s’est estompé avec le temps.
Cessation des activités de la ligne ferroviaire : Les cheminots dans la dèche
A la suite de l’arrêt des activités de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako, les travailleurs ont, à plusieurs occasion, réclamé leur dus. Lors de l’inauguration de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (Isep) de Thiès, en juin 2021, le chef de l’Etat a donné l’ordre qu’un milliard soit débloqué pour satisfaire les doléances des 800 ex-temporaires de Dakar Bamako ferroviaire.
Relance de la ligne Dakar-Bamako : La privatisation, le revers de la médaille
La suite des événements, après qu’une concession globale et intégrale eut été accordée à l’homme d’affaire Abass Jaber, montre que le résultat n’a pas été ce que voulaient le Mali et le Sénégal, en confiant la gestion de la ligne ferroviaire entre les deux pays à cet homme d’affaire. En 2003, Abass Jaber avait bénéficié de la confiance des deux Etats, pour supporter l’entretien et l’exploitation de la ligne et investir dans la réfection des infrastructures. La concession devait durer 25 ans. Le résultat était tout autre. Une gestion chaotique avait été constatée, avec des installations vétustes incompatibles avec une continuité du trafic. L’activité humaine sur le réseau était aussi risquée.
En décembre 2015, un communiqué du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, annonce la rupture du contrat de concession et la création d’un organe provisoire de gestion de la phase de transitoire. La mission de la structure étant de gérer l’activité provisoire, jusqu’à la mise en œuvre du nouveau schéma institutionnel.
En mars 2016, Dakar-Bamako ferroviaire fut créer et confiée à Joseph Gabriel Sambou. Par la suite, les relations entre l’Etat et l’homme d’affaire ne seront pas des meilleures. En novembre 2018, Abdou Ndéné Sall, alors ministre délégué en charge du Réseau ferroviaire, annonçait sur la Rfm, des poursuites judiciaires contre Abass Jaber. «L’Etat poursuivra Abass Jaber, pour une dette de 43 milliards. Les dettes à court terme étant évaluées à plus de 15 milliards et les pertes à 30 milliards. Tout ça, dans le passif de transrail», avait-il dit. Plus tard, Abass Jaber récusait cette sortie du ministre et a même empoché des milliards, selon des informations véhiculées en ces temps.
Historique du Dakar-niger
La ligne de chemin de fer allant de Dakar au Niger, ou chemin de fer Dakar-Niger, relie Dakar, au Sénégal, à Koulikoro, au Mali. Elle dessert de nombreuses villes du Sénégal (Thiès, Diourbel, Guinginéo, Tambacounda… ) et du Mali (Kayes, Kita, Kati, Bamako). La ligne couvre un parcours de 1 287 km dont 641 km au Mali. Le projet de construction de la ligne de chemin de fer Dakar-Niger est élaboré à la fin du XIXe siècle par le général Joseph Gallieni, commandant du Soudan français. L’objectif était de relier le fleuve Niger et le port de Dakar afin de permettre l’acheminement des matières premières vers la métropole. La construction de la ligne est achevée au début du XXe siècle : le tronçon Kayes_Koulikoro est inauguré en 1904 et la totalité de la ligne, Dakar-Koulikoro, en 1924.
L’économie de l’Afrique-Occidentale française (AOF) est en grande partie liée au secteur agricole, au sein duquel, la culture de l’arachide joue un rôle croissant à partir des années 1920, puis des années 1930, et profite de la construction de la ligne de chemin de fer, puis un peu plus tard de son cours très élevés à l’époque de la Seconde guerre mondiale. À l’indépendance du Mali et du Sénégal, après l’éclatement de la Fédération du Mali, l’ancienne Régie des Chemins de fer de l’Afrique de l’Ouest est scindée en deux compagnies distinctes : la Régie des Chemins de Fer du Mali (RCFM) et la Régie Sénégalaise. Un accord entre le Sénégal et le Mali, en 1962, détermine l’exploitation commune de la ligne par les deux régies