VERS UNE LIBERTÉ PROVISOIRE DES PRÉSUMÉS AUTEURS DE LA TUERIE DE BOFFA-BAYOTTE ?
C’est lundi prochain que va débuter le procès des présumés auteurs de la tuerie de Boffa Bayotte qui avait eu lieu en janvier 2018. Ce procès est très attendu en Casamance aussi bien par les familles des présumés coupables que par les observateurs

C’est lundi prochain que va débuter le procès des présumés auteurs de la tuerie de Boffa Bayotte qui avait eu lieu en janvier 2018. Ce procès est très attendu en Casamance aussi bien par les familles des présumés coupables que par les observateurs. En fait, beaucoup trop de choses ont été dites et redites au sujet de cette affaire. Beaucoup de voix, et notamment celle de l’avocat de la défense Me Clédor Ly, des familles des détenus et celles d’analystes ont de tout le temps soutenu que les accusés ne sont pas les véritables auteurs de ce massacre.
On se rappelle que Me Ciré Clédor Ly a toujours clamé que ses clients sont des innocents et que les véritables coupables de cette tuerie courent toujours. Il n’a jamais cessé d’accuser la gendarmerie d’avoir bâclé l’enquête qui a abouti à leurs arrestations. Il n’a également cessé de dénoncer le fait que les circonstances de cette tuerie n’ont jamais été reconstituées par la justice, malgré son insistance pour que cela soit fait. La lenteur avec laquelle ce dossier est traité a été également souvent dénoncée par les proches des présumés coupables. Et c’est récemment que la date du jugement a été fixée par le tribunal de Ziguinchor. Mais avant cela, 10 personnes parmi les 25 détenus ont bénéficié d’un non lieu e été libérées, et deux autres ont obtenu une liberté provisoire. Donc c’est vraisemblablement 15 personnes qui seront appelées à la barre ce lundi. Mais si l’on se fie à une source proche du dossier, il risque de ne pas y avoir de procès lundi parce que les conditions d’un jugement des prévenus ne seraient pas réunies. Et cela fait dire à notre interlocuteur qu’en lieu et place, c’est une liberté provisoire qui se dessine pour les présumés coupables.
Sérénité au sein des familles des prévenus
À signaler qu’au niveau des familles des prévenus, on affiche la sérénité et l’assurance. Des familles qui ont organisé un grand rassemblement le mercredi, au quartier Lyndiane, pour indiquer qu’elles vont soutenir leurs proches, qui seraient des innocents, durant tout ce procès tant attendu. Des accusés qui bénéficieront aussi du soutien du mouvement Vision Citoyenne de Madiadiop Sané qui était présent à ce rassemblement.
Ce dernier déclare que : ‘’Nous voulons, ce jour-là avoir une grande mobilisation parce que jusqu’à présent nous demeurons convaincus qu’il y a juste des innocents qui sont en prison. D’ailleurs, nous avons lancé ce cri d’alerte depuis très longtemps et nous avons vu qu’à un moment donné la justice nous a entendus et a relaxé 12 personnes dont 10 par un non lieu total. Et nous continuons à prêcher la même parole pour dire que ceux-là qui sont encore détenus sont des innocents et que la justice doit faire son travail’’.
Et de faire une révélation : ‘’Le procès va se tenir le 21, mais je vous donne une information de taille ; il y a des avocats qui ont été encore commis pour défendre ces détenus. Chaque détenu va avoir deux avocats, ce qui fera un nombre de 30 avocats sans compter le principal avocat d’office Me Clédor Ciré Ly. Et si c’est l’Etat qui a fait ça, et nous pensons que c’est lui, nous saluons cela. Nous saluons cette noblesse à vouloir commettre des avocats d’office pour ces détenus qui devraient en avoir depuis l’enquête préliminaire d’ailleurs. Chose qui n’avait pas été faite. Aujourd’hui, si l’Etat est en train de se rectifier pour leur prendre des avocats, nous louons cette action là’’.
Madiadiop Sané fait une autre confidence selon laquelle la fiche d’identification n’aurait pas été signée par les détenus sur demande de leur avocat. ‘’Mais aussi l’autre information, c’est que la fiche d’identification sur laquelle devrait être mentionnés les poursuites et les actes d’accusations, ces détenus ne l’ont pas signée parce que la justice n’a pas voulu leur notifier ce qui est dedans. Donc leur avocat leur a tout simplement demandé de ne pas signer cet acte d’identification. Et ce sont des informations qui nous ont été rapportées que nous comptons mettre à la place publique pour l’opinion nationale et internationale pour qu’on sache réellement ce qu’il y a dans ce dossier et jusque-là quelles sont les étapes qui ont été franchies. Nous attendons le procès du 21 mars qui doit être un procès équitable mais aussi qui va marquer l’histoire de la Casamance parce que nous avons toujours été taxés de rebelles pour un oui ou un non. Et nous demandons que cela cesse’’ indique le sieur Sané.
Le président de Vision Citoyenne lance un appel en ces termes : ‘’Nous demandons une mobilisation exceptionnelle non pas seulement des familles des détenus mais aussi de tous ceux qui sont épris d’une bonne justice pour qu’ils viennent prêter main-forte parce que ce qui est arrivé à ces détenus peut arriver à n’importe qui. Donc nous demandons à tous les Ziguinchorois, à l’opinion nationale et à l’opinion internationale de se mobiliser pour prêter main-forte à ces détenus que jugeons innocents’’.
Pour rappel, cette tuerie de Boffa-Bayotte qui avait suscité une très forte indignation dans l’ensemble du pays avait occasionné la mort de quatorze exploitants forestiers qui avaient été froidement exécutés par des hommes non identifiés armés de fusils. Et quelques jours après cet événement, plusieurs personnes originaires de villages environnants de cette forêt avaient été arrêtées par la gendarmerie et mises en détention.
Parmi eux, il y avait Sény Sané, le chef de village de Toubacouta où le gros contingent des personnes arrêtées habite. Ils étaient 26 au total, mais quelque temps après, ce chef de village avait trouvé la mort en détention. Et c’est finalement 25 individus qui étaient en détention, dans le cadre de cette affaire, jusqu’à la libération récente de 12 d’entre elles dont 10 qui ont bénéficié d’un non lieu et 2 pour une liberté provisoire.