VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE, PARTNERS WEST AFRICA OUTILLE LA POLICE
L’organisation Partners West Africa a lancé, hier, le programme ’’Promouvoir une police centrée sur les survivants des VBG en Afrique de l’Ouest’’, afin que la police soit outillée pour mieux faire face aux questions de violences basées sur le genre.
L’organisation Partners West Africa a lancé, hier, le programme ’’Promouvoir une police centrée sur les survivants des VBG en Afrique de l’Ouest’’, afin que la police soit outillée pour mieux faire face aux questions de violences basées sur le genre.
La pandémie de la Covid-19 n’a pas que des revers économiques. Elle aurait également fortement contribué à l’augmentation des cas de violence basés sur le genre (VBG). Elles peuvent être physiques, psychologiques, économiques ou sociales. L’organisation Partners West Africa-Sénégal a, lors de l’atelier de lancement de son projet ‘’Promouvoir une police centrée sur les survivants des VBG en Afrique de l’Ouest’’ informé que le Sénégal dénombrait 43,80 % de cas de violence avant la période Covid-19, contre 56,20 % en période de pandémie. Des violences qui sont le plus souvent causées, dit-on, par la cohabitation et la proximité des victimes et survivants avec les auteurs et responsables, en plus de la promiscuité.
Par ailleurs, le document indique que selon les statistiques de l’ANSD publiées en 2017 : 34,2 % des femmes âgées entre 25-29 ans, 31,4 % de 18-19ans et 30,8 % dans la fourchette de 30-39 ans affirment avoir été plus victimes de violences physiques ou sexuelles. Un ensemble d’éléments qui a motivé Partners West Africa-Sénégal à initier un atelier centré sur le rôle que la police et l’Administration pénitentiaire pourraient jouer pour proposer des outils, des méthodes et des stratégies qui, à terme, pourront davantage contribuer à la lutte contre ce fléau.
En effet, aux yeux de la directrice exécutive de Partners West Africa, il se pose un problème de formation chez les forces de défense et de sécurité. Ces derniers, d’après Adjaratou Wakha Aidara Ndiaye, ont des problèmes pour accueillir et prendre en charge les victimes dans les postes de police. Madame Ndiaye pense ainsi qu’il faut privilégier une démarche participative et inclusive. Le point focal genre de la police nationale est d’avis, à ce propos, qu’il est impératif d’organiser des séances de formation ou de renforcement de capacités sur l’accueil des victimes, leur orientation.
Pour Binetou Guissé, il serait ainsi judicieux de former tous les éléments de la police aussi bien la plus haute hiérarchie que les hommes de rang sur ces questions de violence basée sur le genre. ‘’La police nationale est interpellée. Les problèmes de genre se posent avec acuité au Sénégal. Il ne se passe pas un jour sans que la police ne connaisse ces cas de violence basée sur le genre, d’où la nécessité d’une intervention professionnelle de la police’’, souligne Mme Guissé.
Elle indique, en outre, que les violences basées sur le genre sont des infractions pénales prévues et punies par la loi. Cependant, reconnait-elle, ce n’est pas la sanction qui règle le problème. La commissaire de Police pense plutôt qu’il faut une sensibilisation pour que la population connaisse la gravité de ces infractions pénales.
La présidente du Haut conseil du dialogue social estime, pour sa part, qu’il est judicieux, pour ces cas, de favoriser une approche préventive, car la violence basée sur le genre met en péril la vie, la liberté, la sécurité d’une personne. ‘’L’objectif que vous vous êtes assigné à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest, ne se résume pas à prendre en charge les victimes des violences sexuelles et sexistes, mais de réduire de façon drastique la survenance de ces cas qui constituent un fléau qui sapent la stabilité et la cohésion sociale sans laquelle aucune perspective durable, sociale et inclusive ne peut être espérée’’, soutient Innocence Ntap Ndiaye.
Elle n’a pas manqué de féliciter les efforts déployés par la police, la gendarmerie, les gardes pénitentiaires, la Direction de l’éducation surveillée ainsi que les organisations de la société civile actives dans le secteur.
Cependant, regrette-t-elle, malgré les efforts ‘’louables multiples et variés’’ des différentes organisations des droits des femmes et des filles associés à une volonté politique réelle tant au niveau national qu’international, la courbe des violences basées sur le genre demeure toujours ascendante. Une situation qui nécessite, aux yeux de Mme Ndiaye, de repenser les modes et stratégies de prévention et de lutte.
Le projet ‘’Promouvoir une police centrée sur les survivants des VBG en Afrique de l’Ouest’’ se déroule en même temps au Sénégal et au Nigeria. ‘’L’idée, c’est de pouvoir, à partir d’un pays francophone et d’un autre anglophone en Afrique de l’Ouest, proposer un modèle positif qui pourrait inclure les forces de défense et de sécurité, notamment la police et l’Administration pénitentiaire avec toutes les organisations de la société civile africaine à proposer des outils, des stratégies et des méthodes adaptés à ce contexte pour pouvoir répondre efficacement aux violences basées sur le genre’’, préconise Adjaratou Wakha Aidara Ndiaye.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit les VBG comme ‘’la menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraine et risque fortement d’entrainer un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un mal développement ou de privation’’.