Y EN A MARRE SE NOURRIT TOUJOURS DE LA CONTESTATION
Malgré les déboires judiciaires de certains de ses membres et l'entrée en politique de son coordonnateur, le mouvement reste plus que jamais au cœur du combat pour la préservation des acquis démocratiques

Le mouvement citoyen Y en a marre est à la croisée des chemins. Entre déboires judiciaires de certains de ses membres les plus influents et l'entrée en politique de son premier coordonnateur Fadel Barro, l'organisation a manifestement fait sa mue. Toutefois 12 ans après sa création, le mouvement, comme à l'époque du régime de Me Abdoulaye Wade, est plus que jamais au cœur du combat pour la préservation des acquis démocratiques. Ce, en dépit de quelques soubresauts.
On est le 27 janvier 2019. Le directeur général de la Rts, Racine Talla, très proche du Président Macky Sall, qui était ce jour-là l'invité de l'émission Grand Jury sur la ''RFM'', déclarait : «Avec tout ce que le Président Macky Sall a fait pour notre famille, il (Malal Talla alias ''Fou malade'') ne devrait pas rester là à le tancer et critiquer sa gouvernance». Racine Talla signalait en outre qu'il n'était pas sûr que son jeune frère fasse toujours partie du mouvement «Y en a marre». Il a été démenti quelques heures après l'émission par son tonitruant frère Fou Malade qui réaffirme son ancrage dans le mouvement citoyen. Le rappeur et chroniqueur à la «TFM» n'a pas adouci en effet son ardeur et continue de ''flinguer'' le régime, bien que certains de ses frères dont le directeur général de la «Rts» ainsi que l'actuel ministre des Collectivités territoriales Mamadou Talla fassent partie du cercle fermé des très proches du Président Macky Sall. D'ailleurs l'iconoclaste rappeur clame à chaque occasion que Macky Sall est son ''frère''. Il n'en demeure pas moins qu'il est un pourfendeur de son régime et reste constant comme à l'époque du Président Abdoulaye Wade, dans sa logique de combattre les dérives de la gouvernance de son ''frère''. Comme Fou Malade, les autres membres du mouvement restent toujours dans ce sillage de la contestation. Évidemment, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis. Des membres fondateurs comme Simon et Kilifeu ont eu, ces derniers mois, maille à partir avec la Justice. Mis en cause dans un dossier judiciaire, ils ont préféré mettre le mouvement citoyen à l'aise en prenant leurs distances. Force est de constater aussi que les données politiques ont changé depuis l'avènement du Président Sall. La société civile très forte en 2011 a été un peu fracturée par le rapprochement de certains de ses leaders comme Alioune Tine ou encore le sociologue Malick Ndiaye avec le régime (ils ont repris leur liberté depuis), mais aussi l'émergence d'une opposition politique symbolisée par des figures de proue comme Ousmane Sonko qui ont tiré le monopole de la constatation vers elles.
DE «FAUT PAS FORCER» EN 2011 A «BUKO SAX JEEM NDAX JAMMA GËN 3E MANDAT» AUJOURD'HUI
Toutes ces mutations ont visiblement effrité l'engouement que certains jeunes avaient pour les actions menées par Y en a marre. À cela s'ajoute le départ de son premier coordonnateur Fadel Barro qui est lui aussi entré en politique. Malgré ces vicissitudes, l'organisation citoyenne dirigée depuis par le journaliste Aliou Sané garde toujours ses convictions de départ à savoir la préservation des acquis démocratiques. Thiaat, Malal Talla continuent de combattre les mêmes défaillances relatives à la gouvernance des tenants du pouvoir. Comme en 2011, ils sont les premiers à monter au créneau pour dénoncer les velléités de troisième mandat du Président Macky Sall. De ''faut pas forcer'' du temps du Président Wade, ils ont lancé le concept « Buko Sax Jéem Ndax Jamma Gën 3e mandat » pour prévenir le chef de l'État sur un éventuel troisième mandat. Pour eux, aucune tergiversation n'est possible ettolérable sur cette question. Très regardants par ailleurs sur ce qui est fait de l'argent public, Aliou Sané et Cie faisaient partie des initiateurs du rassemblement du 30 décembre dernier pour exiger toute la lumière sur les manquements et les détournements de deniers publics révélés par le dernier rapport de la Cour des comptes.