ZIGUINCHOR - ATTAQUE A MAIN ARMÉE À NIAMBALANG, DES HOMMES ARMES DYNAMITENT LE PONT ET TUENT UN PECHEUR
Plus de six hommes lourdement armés, surgis de nulle part, ont fait irruption dans le campement qui abrite des pêcheurs dans cette localité du département d’Oussouye
Un mort et d’importants dégâts matériels : Niambalang est sous le choc après l’irruption de bandes armées qui ont tué une personne avant de faire exploser le pont. L’attaque est survenue dans la nuit du mercredi au jeudi aux environs d’une heure du matin.
Plus de six hommes lourdement armés, surgis de nulle part, ont fait irruption dans le campement qui abrite des pêcheurs dans cette localité du département d’Oussouye (Ziguinchor). Dans leur forfait, les assaillants se sont d’abord attaqués aux cases et huttes qu’ils ont réduites en cendres avant de dévaliser deux boutiques sur place. Des denrées alimentaires et autres produits ont été emportés par les hommes armés en plus d’importantes sommes d’argent. Pendant plus de deux heures, ces hommes armés ont tenu en respect les habitants de ce campement dont certains ont réussi à prendre la poudre d’escampette. Les maisons réduites en cendres, les assaillants ont posé des explosifs sous le pont de Niambalang dont une partie a été endommagée. Conséquence : la circulation a même été bloquée pendant des heures avant de reprendre vers 10 heures, sous le contrôle de l’armée fortement déployée sur les lieux.
Le corps sans vie d’un sexagénaire, un pêcheur du nom de Djibril Sagna, mortellement touché par les éclats des explosifs, a été évacué par les Sapeurs-pompiers. Les autorités administratives de l’arrondissement de Niassya, de Loudia et d’Oussouye, présentes sur les lieux, ont pu apprécier l’ampleur des dégâts perpétrés par les bandes armées qui se sont «évaporées» dans la forêt de Kaléane après leur forfait. Laissant derrière eux des habitants de Niambalang dans le désarroi et la désolation. Une partie du pont endommagée, des mesures urgentes ont été prises et ont permis la reprise de la circulation dans cet axe Ziguinchor-Oussouye.
Témoin des faits, un pécheur a tenté de retracer l’explosion du pont. «Ce sont mes cris qui ont alerté les habitants du campement. Je me suis agrippé sur l’arme d’un des hommes armés qui m’a donné un coup de tête, ce qui explique ma blessure au front. Ils (les hommes armés-ndlr) m’ont dit de rester sur place avant de me déplacer. Et c’est alors que j’ai vu qu’ils étaient en train de brancher des fils sur deux boites. Après, j’ai entendu une forte explosion», témoigne-t-il avant de fondre en larmes. «Ils ont pris tout ce que j’avais comme biens et comme argent…»
Consternation et désolation sont les sentiments les mieux partagés par les pensionnaires de ce campement situé à côté du pont de Niambalang, cible des bandes armées. Cette attaque vient s’ajouter a une série de braquages perpétrés ces derniers temps dans la zone par des hommes armées qui ont récemment dépouillé des passagers sur l’axe Kaguitt-Etafoune, lundi dernier. Un véritable coup dur dans le processus de paix insufflé par une nouvelle dynamique qui suscite beaucoup d’espoir dans cette partie sud du pays.
LE BOUTIQUIER NOUHA SOUMARE DEROULE LE FILM DE L’ATTAQUE : «Ils ont posé une bombe sous le pont... Je n’ai jamais entendu une telle explosion»
«C’est très dur. Heureusement, je n’ai pas été blessé…» C’est par ces mots pathétiques que le boutiquier Nouha Soumaré a démarré son témoignage. Il a assisté à l’arrivée des éléments armés qui, selon lui, ont fait irruption dans ce campement vers 1 heure du matin. «Ils étaient un peu plus de six, bien armés, ils sont venus à pieds. Ce sont les cris d’un pêcheur qui passe souvent la nuit sous le pont qui m’ont alerté. C’est après que j’ai tenté de rejoindre les lieux, malgré la réticence de ma femme», expliquera-t-il avant de préciser que les assaillants ne sont entrés ni en pirogue ni en véhicule.
«C’est quand je suis allé m’enquérir de la situation qu’un des hommes armés m’a arrêté, avant de pointer son arme sur moi. Il m’a conduit dans ma boutique où je lui ai remis tout l’argent que j’avais (un peu plus de 185.000 francs Cfa) avant d’emporter le sac qui contenait aussi de l’argent. Du riz, de l’huile, du sucre, d’autres denrées, des produits… ont été aussi emportés par les assaillants qui m’ont posé des questions du genre: «d’où viens-tu ? Qu’est-ce que tu es venu faire ici ? ». Ils m’ont rassuré qu’ils ne me feront aucun mal.»
Sur les explosifs posés sous le pont, le boutiquier déroule: «ils ont posé une bombe. De ma vie, je n’ai jamais vu une telle explosion. D’ailleurs, c’est cette explosion qui a tué le vieux qui croyait être à l’abri en se réfugiant sous le pont… Aujourd’hui notre souhait, c’est d’avoir un cantonnement sur place pour nous permettre de dérouler correctement nos activités.» Un cri du cœur qui illustre tout le désarroi des pensionnaires de ce campement de Niambalang, cible des bandes armées. «Deux personnes ont été blessés par les hommes armés qui ont battu en retraite aussitôt leur forfait réalisé», martèlera Nouha Soumaré qui a élu domicile sur les lieux depuis plus de dix ans. Et de souligner pour finir que les hommes armés ont, avant leur départ, brulé les huttes et cases des pêcheurs qui n’ont pu que constater les dégâts.