APPELLATION DE STADES, LES POLITIQUES DRIBBLENT LES SPORTIFS
En Afrique, le fait de donner à son fils le nom de quelqu’un, constitue la plupart du temps une grosse marque d’estime. C’est aussi un signe de reconnaissance.
Après Léopold Sédar Senghor, le nom d’un autre ancien Président de (en l’occurrence Me Abdoulaye Wade) a été donné à un stade de football. Une dénomination qui place davantage les hommes politiques en tête de liste des infrastructures sportives devant les sportifs et les figures historiques.
En Afrique, le fait de donner à son fils le nom de quelqu’un, constitue la plupart du temps une grosse marque d’estime. C’est aussi un signe de reconnaissance.
En baptisant le nouveau stade olympique de Diamniadio au nom de l’ancien Président Abdoulaye Wade, le chef de l’Etat Macky Sall a un double objectif. Premièrement, il veut rendre hommage à celui qui est considéré comme son mentor politique. Secundo, il souhaite immortaliser le pape du Sopi. Mais son choix est loin de faire l’unanimité.
Même si elles approuvent le choix fait sur Me Wade, beaucoup de personnes pensent qu’il était plus adéquat de baptiser le nouveau stade au nom d’une personnalité sportive. Il s’agit de personnalités qui ont laissé une marque indélébile dans l’histoire sportive du Sénégal. Beaucoup de noms sont évoqués notamment sur les réseaux sociaux. Parmi ceux-là, il y a Lamine Diack, l’ancien patron de l’athlétisme mondial décédé en décembre dernier à Dakar. Le nom du journaliste et ancien président de l’Olympique de Marseille, Pape Diouf, décédé en 2020, a été également évoqué. Itou pour le nom de Bruno Metsu, emblématique sélectionneur des Lions. Jules François Bocandé a également été cité. À côté de ces noms, certains espéraient que ce nouveau stade porterait le nom d’un des nouveaux champions d’Afrique comme Sadio Mané ou Aliou Cissé. Mais, à y voir de très près, cette appellation rentre dans ce qui paraît être une règle au Sénégal en ce qui concerne la dénomination des infrastructures de football.
Sur une dizaine de stades répertoriés à travers les 14 régions du Sénégal, les 10 portent des noms d’hommes politiques. A titre d’exemple, le stade Amitié qui porte le nom du premier Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. A Diourbel, le parrain du stade régional, Ely Manel Fall, fut un ancien chef de Canton, président du Tribunal du premier degré du Baol et membre de l’Assemblée consultative provisoire de l’Afrique occidentale française (Aof).
Le deuxième stade dakarois porte le nom de Demba Diop qui fut ministre, maire et député sous le règne du Président Senghor. D’ailleurs, un autre stade, celui de Mbour notamment, porte le nom de l’épouse de cet homme politique. Il s’agit de Caroline Faye qui a été la première femme députée et puis première femme ministre de l’histoire du Sénégal. Mamba Guirassy dont le nom est attribué au stade de Kédougou fut l’ancien vice-président de l’Assemblée sénégalaise et ancien président du Conseil économique et social(Ces) sous le régime de Abdou Diouf.
A Saint-Louis, l’un des deux stades phares de la ville porte le nom de Me Babacar Sèye, ancien député-maire de Saint-Louis et ancien vice-président du Conseil constitutionnel.
À Kaolack, le stade régional porte le nom du premier président de l’Assemblée nationale, Lamine Guèye. A Rufisque, le stade est baptisé au nom de l’ancien député sénégalais à l’Assemblée française, Ngalandou Diouf. A côté, quelques autres stades portent les noms de grands acteurs sportifs.
Dans la ville de Saint-Louis, un stade porte le nom de l’ancien sélectionneur des Lions en l’occurrence Mawade Wade qui a été également footballeur professionnel et directeur technique de l’équipe nationale du Sénégal en décembre 1966.
À Dakar, un grand nom du mouvement olympique sénégalais est attribué à un stade. Il s’agit de l’ancien président du Cnoss entre 1979 et 1985, le Pr Iba Mar Diop. A Thiès, Maniang Soumaré, ancien président de la commission d’organisation de la Ligue régionale, a été immortalisé à travers un stade.
Le parrain du Stade de Guédiawaye en l’occurrence Amadou Barry était à la croisée des chemins. En plus d’avoir contribué à la mise en place du CNOSS et d’en avoir assuré la présidence par la suite, Amadou Barry fut également directeur des Chemins de fer sénégalais, et député-maire de Gorée.
Enfin, vient la liste des parrains de stades qu’on peut classer dans la catégorie des symboles de résistance contre l’administration coloniale. Il s’agit de Lat Dior à Thiès, d’Alboury Ndiaye à Louga et d’Aline Sitoé Diatta à Ziguinchor.