C’EST A NOUS ANCIENS, D’ORGANISER LE FOOT PROFESSIONNEL
Retraité depuis 2013, Mohamed Adama Sarr souhaite mettre son expérience au service du football l’ancien défenseur international sénégalais veut aujourd’hui aider le football local
retraité depuis 2013, Mohamed Adama Sarr souhaite mettre son expérience au service du football. passé par le Milan Ac (d1 Italie),galatasaray (d1Turquie) ou encore le Standard de Liège (d1 Belgique),l’ancien défenseur international sénégalais veut aujourd’hui aider le football local. Dans un entretien accordé au site belge Leerosportnews,, l’homme de 35 ans a partagé son projet de nouer des collaborations avec des clubs européens, dans le but d’aider ses jeunes frères.
que devient Mohamed Sarr ?
J’essaie de mettre en place des choses au pays et d’offrir aux gamins ce que j’ai reçu personnellement. Je souhaite travailler avec les clubs européens pour leur donner aussi une chance. Il y a d’autres initiatives comme le projet Diambars. Mais le Sénégal est très grand. Et les volontés ne sont pas de trop pour faire en sorte de détecter les meilleurs joueurs au Sénégal.
qu’est-ce qui vous motive pour autant ?
Pour moi, c’est le meilleur moyen de servir mon pays. C’est de transmettre ce qu’on m’a donné. On peut faire de belles choses. On a les bons joueurs, on commence à avoir les structures, on bâtit des stades. Il nous manque une CAN. Chez nous, l’Etat ne peut pas tout faire. C’est rare de voir les clubs sénégalais dans le dernier carré de la Ligue africaine des Champions africaine. Mais pour cela, c’est à nous anciens, d’organiser le football professionnel. Les choses sont plus faciles pour nous. Mais c’est un travail de tout le monde pour obtenir un résultat.
plusieurs clubs européens viennent piocher en Afrique. comment vous trouvez cela ?
La qualité intéresse tout le monde tu sais. Les joueurs sont bons et moins chers. Là, où tu dois prendre un brésilien à 10 millions d’euros, ici, tu as une équipe. C’est le plan économique, c’est comme ça. Avec les règles de la FIFA, tu ne peux plus amener des jeunes joueurs. Donc, ça change les choses. Avant d’arriver dans des grands championnats, ils font leurs armes dans des ligues un peu secondaires qui ont accès à l’Europa League et ça fait le lien. Mais pour te donner un avis, un joueur qui joue au Tout Puissant Mazembe a plus de chance d’être directement transféré en France qu’un autre qui vient d’une académie ici. C’est une question de référence et d’argent aussi. Les clubs ne veulent pas se tromper. C’est à nous, anciens, de travailler pour que nos clubs sénégalais émergent sur le continent. Mais chacun est libre de trouver des partenariats, des représentants etc.C’est une question complexe.
votre compatriote youssouf Sabaly a été suivi par nap les et fulham. cela vous étonne ?
C’est un très bon joueur. Je pense qu’il peut réussir là-bas, car il est généreux dans l’effort. Mais le problème de Youssouf, ce sont ses blessures. Mais quand il est en forme, je n’ai pas peur pour lui. Pourquoi pas l’Angleterre, car son jeu est plus adapté, selon moi. Après sa Coupe du Monde, il mérite ce genre de transfert en effet.
Tu as connu au Milan Ac, Ibrahim Ba. As-tu une anecdote avec lui et cette équipe plus largement ?
Ibou c’est un grand frère. Cela fait longtemps que je n’ai pas eu de ses nouvelles. J’ai eu la chance de côtoyer le plus grand club de l’époque, même si je ne suis pas resté longtemps. C’est un club que je garderai toujours dans mon cœur. Encore aujourd’hui, quand je demande quelque chose, on me l’envoie. De Ibou, les gens disaient qu’il ne parlait pas Wolof. A la salle de musculation, à mon arrivée, il me regarde et il me dit en Wolof « à partir de maintenant, ton grand frère est là ».J’ai été rassuré et heureux d’entendre ma langue. Il a été un mec exceptionnel. Il a été mon grand frère, même à l’entraînement. C’était mon ange gardien. Je pouvais rentrer dans certains joueurs grâce à lui. C’était un protecteur avec moi. Je suis vraiment impatient de le revoir.
Tuas rayonné avec le Standard. comment expliques-tu cette formidable dynamique ?
On est bien tombé je pense. Dans le football, il faut arriver dans une bonne période. Je suis arrivé petit et je suis reparti grand. Au début, j’étais arrivé comme 4ème défenseur dans l’équipe. J’ai donné une interview avec un journaliste qui s’appelait Didier et je lui dis que cette année, on va gagner le titre. Et il me regarde comme si j’étais fou. Après quand on a gagné, on en a ri. Il y avait un bon président, un bon coach, des bons choix. Mais rien n’était acquis, beaucoup de sacrifices. Et on a réussi à gagner des titres. J’ai connu des joueurs qui ont fait de belles choses au niveau international comme Benteke, Dieu merci Mbobani et Jovanovic, des phénomènes. Mais au niveau européen, c’est dommage que certains soient partis. On avait une place à mon avis en Europe à défendre. Ce que je retiens, c’est l’excellente mentalité de l’équipe.
Le Standard peut-il aller chercher le titre cette année ?
C’est une bonne équipe, mais il manque quelque chose pour les plays-off. Le système est un peu particulier en Belgique. Là-bas, c’est l’équipe qui fait le meilleur finish qui gagne. Si c’est un championnat continu, tu dois être bon du début à la fin. Pour le Standard, cela dépend aussi des équipes autour. Avec l’engouement du public, ça peut te pousser à aller chercher des titres. Quand tu gagnes sans bien jouer, c’est qu’il y a quelque chose. Mais une qualification en Champions League serait pas mal pour eux.
olivier da court que tu as connu à Liège a fait un reportage sur le racisme en Italie. quel est ton avis là-dessus ?
Toute ma carrière, on m’a posé cette question. Tu veux savoir ? Ces gens là ne changeront pas. En Angleterre, ou tout au Nord, ils n’ont pas de problèmes avec les « blacks ». Et ce sont ceux qui sont le plus proches géographiquement qui ont des problèmes avec nous. Je me souviens que je n’arrêtais pas d’être insulté sur le terrain. Et je me disais qu’en fait, j’étais dangereux pour eux. Il faut les zapper et ne plus les calculer. Le terrain de foot et le stade sont des endroits de sérénité. Tu vois, leur laisser la parole, à des imbéciles pareils, ça va servir à rien. Ils vont continuer à insulter ! Je n’ai plus de mot pour ces gens là. Tu vois l’histoire du petit jeune de la Juventus, j’ai dit à ma femme, « tu vois avant la fin de la saison ils vont l’insulter ». Prends l’exemple de Sané de ManCity, le gamin a grandi ici en Europe, qu’est ce que tu vas lui dire « rentre chez toi » ? Il ne connait que l’Europe ! C’est absurde ! La couleur n’a plus d’importance aujourd’hui. Au Sénégal, il y a des personnes de couleur blanche qui ont des passeports sénégalais et alors ? C’est le monde qui tourne, il n’y a plus de frontière. Thuram a lutté toute sa vie contre ces gens. Dis lui de ma part qu’il faut passer à autre chose. Il perd son temps face à ces gens. Il ne faut pas leur donner d’importance, je dis juste ça.