DIACK PRÈS DU KO
Dopage et corruption dans l'athlétisme
La commission indépendante mandatée par l'Agence mondiale antidopage (AMA) publie dans quelques heures la deuxième partie de son rapport sur la corruption et le dopage dans l'athlétisme. La première a été diffusée le 9 novembre dernier. Elle concernait principalement des athlètes et officiels russes. Les révélations annoncées cet après-midi sont décrites comme explosives par plusieurs médias internationaux ayant consulté le rapport. Elles visent principalement l'ancien président de l'IAAF Lamine Diack, mais aussi deux de ses enfants, Massata et Khali, et son ancien conseiller juridique, Habib Cissé.
Lamine Diack est doublement mis en examen pour cette affaire, qui intéresse aussi la justice française. Il est poursuivi pour corruption passive, blanchiment aggravé et corruption. C'est d'ailleurs pour éviter des interférences avec l'enquête en cours que le juge parisien en charge du dossier, Renaud Van Ruymbeke, avait sollicité et obtenu que la deuxième partie du rapport ne soit pas divulguée en même temps que la première, le 9 novembre dernier.
Le dirigeant sénégalais de 82 ans est soupçonné d'avoir reçu un million d'euros (environ 655 millions de francs CFA) dans le cadre d'un système de chantage organisé pour dissimuler les cas de dopage d'athlètes russes. Une source citée par les médias internationaux ayant eu accès au rapport annonce que l'AMA pourrait préconiser la radiation à vie de Lamine Diack, qui a quitté l'IAAF après deux mandats successifs à sa tête, de 1999 à 2015.
Dans le rapport en question, on affirme que Diack savait ce qui se passait et n'a rien fait. "Au mieux, il s'agit d'incompétence managériale, au pis et plus probablement d'une implication en toute connaissance de cause ou autrement", ajoute la rapport de l'AMA.
Il y a quelques semaines le quotidien Le Monde révélait que Lamine Diack avait reconnu face au juge les accusations portées contre lui. Cependant, indique le journal français, il avait avancé comme prétexte la nécessité de financer l'opposition pour le départ de l'ancien Président sénégalais, Abdoulaye Wade. Cette révélation occupe toujours le débat au Sénégal.
Au-delà de l'ancien patron de l'IAAF, sept autres personnes sont concernées par les accusations. Deux sont ses enfants, Papa Massata Diack et Khalil Diack, respectivement consultant marketing de l'IAAF à l'époque des faits et consultant indépendant. Un autre Sénégalais figure sur la liste. Il s'agit d'Habib Cissé, ex-conseiller juridique de Lamine Diack. Gabriel Dollé, ancien administrateur antidopage de l'IAAF, Valentin Balakhnichev, trésorier de l'IAAF et président de l'ARAF, Alexeï Melnikov, entraîneur ARAF, et Ian Tan Tong Han, consultant indépendant de l'IAAF (travaillant avec Dentsu/AMS), sont également mis en cause.
Au moins quatre chefs d'accusation ont été retenus contre ces personnes désignées comme une "association de malfaiteurs" : "dissimulation de résultats positifs de tests concernant l'utilisation de substances dopantes par les athlètes russes", "fuite d'informations confidentielles de l'IAAF vers l'ARAF», "extorsion d'argent envers une athlète (la marathonienne Lylia Choboukhova) contrôlée positive afin de dissimuler ce résultat" (on parle de 450000 euros dont 300000 ont été remboursés par une société fantôme établie à Singapour. Les 150000 restants ont disparu) et acceptation et échange de sommes d'argent "par des officiels de l'ARAF et de l'IAAF".