L'ARBITRAGE, TALON D'ACHILLE DU FOOT AFRICAIN
Les prestations du Gabonais Éric Otogo-Castane et du Sénégalais Maguette Ndiaye qui ont officié les matches Rd Congo–Bénin (2-0) et Ghana-Afrique du Sud (1-0) sont pointées du doigt
L’arbitrage africain est encore sous la sellette. Les prestations du Gabonais Éric Otogo-Castane et du Sénégalais Maguette Ndiaye qui ont officié les matches Rd Congo–Bénin (2-0) et Ghana-Afrique du Sud (1-0) sont pointées du doigt. Face à la polémique, Sud Quotidien publie pour ses lecteurs un article intitulé : l’Arbitrage : talon d’Achille du football africain déjà diffusé le 5 juillet 2012. Mais qui est toujours d’actualité.
Le TP Mazembe (RDC) avait récusé en 2012 l'arbitre tunisien, Jeididi Slim, lors de son match contre le club cairote de Zamalek. Le Cameroun avait fait de même lors de son déplacement à Dakar pour le dernier tour des éliminatoires de la Can 2012. La Fecafoot ne voulait pas voir le Sud-africain, Jérôme Darmon. Le Gabon qualifie le Mauricien Seechurn Rajindraparsad de «mercenaire» et somme la CAF de changer son trio arbitral avant son déplacement à Lomé face au Togo.
Au Sénégal, on n'oubliera pas de sitôt Raphaël Evehe Divine (Cameroun), Martins de Carvalho Helder (Angola) encore moins, Bouchaïb El Ahrach (Maroc). Entre contestation et récusation, l'arbitrage africain pose problème. «Ça ne vous dérange pas qu’il (Jeididi Slim, Ndlr) soit un compatriote de Lamouchi ? Nous les Gaïndenautes avons lancé une pétition pour le récuser». Ce message a été posté par un internaute dans le portail de sudonline.sn devenu sudquotidien.sn. KK, réagissait ainsi sur un papier que nous avons publié le 28 septembre 2012, suite au choix de la CAF de confier le sifflet à l’arbitre international tunisien, Jeididi Slim, lors du derby sous-régional, entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire, le 13 octobre 2012.
Récuser un arbitre, ce n’est peut-être pas l’apanage de l’Afrique, mais la récurrence devrait pousser à s’interroger sur l’impartialité, l’intégrité, le professionnalisme voire la compétence des hommes en noir du continent. On se souvient encore du Cameroun refusant de voir le Sud-africain Jérôme Darmon prendre le sifflet lors de la rencontre entre les «Lions» indomptables et ceux du Sénégal en éliminatoires de la Can 2012. La CAF avait fini par céder en le remplaçant par un Tunisien. Ce qui n’a pas été du goût des médias sénégalais qui voyaient en ce dernier, «un spécialiste des bourdes». Une boutade de Me Augustin Senghor va clôturer le débat. «Même si le trio arbitral était camerounais, les Lions du Sénégal joueront le match», avait-il alors déclaré.
Face à la Côte d’Ivoire, le président de l’instance fédérale préfère mettre une pression psychologique sur Slim Jedidi au lieu de le récuser comme le souhaitent les supporters. «Nous voulons un arbitrage juste et équitable. Nous n’avons pas d’éléments tangibles pour penser qu’il ne sera pas objectif», at-il indiqué. Et d’ajouter : «nous ne demandons pas à être favorisés mais nous ne voulons pas être ceux qui sont lésés à chaque rencontre, parce que rappelle Me Senghor, depuis plusieurs matchs, l’équipe du Sénégal a été victime d’erreurs d’arbitrage. Ça peut arriver mais si c’est une seule équipe qui en est la victime, ça pose réellement problème». Le président de l’instance faisait allusion au match aller à Abidjan, le 8 septembre 2012, mais aussi au déplacement à Yaoundé, le 4 juin 2011. Certains joueurs ont même du mal à digérer l’arbitrage du marocain Bouchaïb El Ahrach. Papiss Demba Cissé en tant que capitaine a été le premier à monter au créneau pour fustiger le comportement des hommes en noir en Afrique. « S’il y a une chose qu’il faut dénoncer en Afrique, ce sont les arbitres. L’arbitre peut tout faire parce que c’est le seul maître du terrain. Je suis désolé de dire cela, mais c’est la réalité.», avait-il martelé.
DES AFFAIRES DE PENALTIES
D’abord le premier penalty à la 16ème minute sur Sadio Mané que l’arbitre n’a pas sifflé et l’autre peu évident. Une supposée faute de Jacques Doudou Faty à la 80ème minute sur Gervinho qui a permis à Drogba de redonner l’avantage (3-2) à la Côte d’Ivoire. Suivi d’une expulsion du défenseur sénégalais. Ce qui a poussé Kader Mangane à dire que les joueurs étaient «en colère» contre l’arbitrage. Y-avait-il vraiment de quoi fouetter un chat ? Pour beaucoup de Sénégalais, ça commence à faire un peu trop.
Lors de la 25ème édition de la Can, les «Lions» ainsi que la Fédération ont crié au scandale. Ce, à cause de la prestation de l’arbitre camerounais, Raphaël Evehe Divine en demi-finale face à l’Egypte en 2006. Là également, c’est une histoire de penalty flagrant sur Diomansy Kamara non sifflé qui a déclenché l’ire des Sénégalais. “C’est scandaleux ! Je crois qu’il fallait s’attendre à cela. Il faut essayer d’analyser les mots forts du président de la République arabe d’Egypte quand il est parti voir les joueurs. Il réclamait la coupe. Cela veut dire aller en finale et la prendre. C’est un signal très fort qui était attendu par tout le monde. C’est avec un goût amer qu’on apprécie l’élimination du Sénégal. Si le Sénégal était dominé dans le jeu et qu’il perde, on le comprendrait. Mais ils ont quand même fait une bonne prestation. Le Sénégal a joué à jeu égal devant l’Egypte, dans un stade qui avait près de 80.000 spectateurs. Vraiment, les joueurs n’ont pas démérité. Ce n’est pas la peine d’écrire à la Confédération africaine de football (Caf). Cela ne changera rien. On est éliminé et cela restera ainsi. Certainement, avec le problème des arbitres qu’on ne cesse de connaître, si on organise en 2010, on ira en finale.” C’était là, le sévère réquisitoire du président de la Fsf d’alors, Feu Mbaye Ndoye. L’an dernier, c’est le Premier ministre, du jamais vu, qui monte au créneau pour fustiger l’arbitrage de l’Angolais Martins de Carvalho Helder, le 4 juin 2011, à Yaoundé.
Pis, le Chef du gouvernement a même réclamé en direct sur les radios, la tête du président de la CAF, suite à la prestation qu’il a jugée «désastreuse» de M. Helder. ‘’Issa Hayatou ne mérite plus de diriger le football, il a regardé devant ses yeux et chez lui un scandale, tandis que l’arbitre a donné une image négative de l’arbitrage africain’’, avait réagi Souleymane Ndéné Ndiaye.
LE GABON RECUSE LE «MERCENAIRE»
Par ailleurs, il faut noter que ce n’est pas seulement le Sénégal qui proteste contre l’arbitrage, même s’il ne les récuse pas. Le Gabon vient de sommer la CAF de changer son corps arbitral. Principalement, le choix porté sur le Mauricien Seechurn Rajindraparsad, qualifié chez Ali Bongo de «mercenaire» pour officier la rencontre devant opposer les Panthères aux Eperviers du Togo, le 13 ou 14 octobre 2012. Les Gabonais ne semblent pas oublier la prestation du Mauricien, le 14 octobre 2009, lors des éliminatoires du Mondial 2010. A l’époque, leur équipe, les Panthères, n’avaient besoin que d’un match nul à Lomé pour s’envoler en Afrique du Sud. Mais selon eux, Seechurn Rajindraparsad était chargé de leur barrer la route coûte que coûte, pour laisser filer les Camerounais à la coupe du monde 2010. Paulo Duarte, alors sélectionneur du Gabon, qui n’était pas alors sur le banc, s’est même permis de s’inviter dans le débat en qualifiant ce match perdu (1-0) de «bordel», sans se priver de tirer sur l’arbitre qui selon lui, avait omis de siffler des penalties et des hors-jeu. Pis, le technicien portugais, soupçonnait même la CAF de complot après le choix porté sur cet arbitre mauricien. «Ce n'est pas normal, s’est insurgé Duarté. C'est une offense pour le Gabon. Je ne peux pas dire que c'est planifié mais je ne peux pas croire que c'est une coïncidence. Je ne peux pas accuser quelqu'un mais en même temps je ne peux pas penser que c'est une coïncidence». Un complot qui semble se confirmer aux yeux des Gabonais qui par ailleurs, ne comprennent pas pourquoi, le même commissaire du match du 9 octobre 2009 a été reconduit. D’origine béninoise, ce commissaire était accusé par les Gabonais d’avoir falsifié le rapport du match d’alors.
LA MAIN LOURDE DE LA CAF
Dans ce lot d’erreurs voire de suspicions, il faut relever la sanction infligée à Koffi Kodja. Considéré comme le meilleur sifflet d’Afrique et le plus expérimenté (deux coupes du Monde en 2002 et 2006, cinq Can), l’arbitre béninois est passé complètement à côté de sa demi-finale entre l’Egypte et l’Algérie en 2010. Koffi Kodja, qui officiait lors de la demi-finale de la CAN AlgérieÉgypte (0-4) à Benguela, a d’ailleurs été banni par la CAF. Cette sanction faisait suite aux décisions de l’homme en noir qui ont soulevé beaucoup de questions lors de cette rencontre. Le fait principal qui lui était reproché était de ne pas avoir expulsé le gardien algérien, Faouzi Chaouchi, alors que celui-ci faisait mine de lui mettre un coup de tête. Ne récoltant qu’un carton jaune, le portier algérien aurait dû voir rouge. A la coupe du Monde 2010, les prestations de Koman Coulibaly (Mali), Eddy Maillet (Seychelles), Jérôme Damon (Afrique du Sud) sont loin d’être des cas d’école. Mohamed Benouza lui, a été tout simplement recalé pour échec aux physiques.