«JE SUIS DÉÇU»
Le sélectionneur national s’est dit «déçu» pour ses joueurs, mais précise qu’il n’y a pas de «honte à avoir pour le football produit» par le Sénégal - Il entend poursuivre le travail
Comme Alain Giresse lors de la CAN 2015 en Guinée-Equatoriale, Aliou Cissé est entré dans la phase de finale de la coupe du monde Russie 2018, par une victoire (2-1) suivie d’un nul (2-2) et d’une défaite (0-1) qui élimine le Sénégal. Le sélectionneur national s’est dit «déçu» pour ses joueurs, mais précise qu’il n’y a pas de «honte à avoir pour le football produit» par le Sénégal. Il entend poursuivre le travail.
Quel sentiment vous anime après cette élimination ?
C’’est la loi du football. On ne se qualifie pas parce qu’on a pris plus de cartons que le Japon. Le football est ainsi fait. Aujourd’hui, je suis fier de mes joueurs, fier du travail qu’ils ont fait depuis que nous sommes là. Aujourd’hui, le Sénégal ne se qualifie pas, parce qu’il ne le mérite pas. Ainsi, va la vie.
Peut-on considérer la décision de l’arbitre comme le tournant du match ?
Ce sont des règles du jeu. Il y a des règles mises en place par la FIFA et il faut se plier à ça. On aurait aimé être éliminé d’une autre façon. Mais, comme je l’ai souligné, c’est dommage pour nous, pour ces joueurs là. C’est comme ça. On le savait depuis le début. Le Sénégal a un jeu engagé. Et qui parle d’engagement, parle parfois aussi de cartons. C’est vraiment dommage.
Comment expliquez-vous le manque de réalisme de vos attaquants ?
Je pense qu’en première période, on aurait pu marquer un but. Comme vous le savez, en football, il faut savoir concrétiser les temps forts. Nous n’avons pas pu le faire. Le pénalty, je ne sais pas si y a faute ou pas. C’est l’arbitre qui en a décidé ainsi. Je l’ai regardé un peu, mais en notre temps fort, on n’a pas pu marquer ce but qui aurait fait du bien à l’équipe. Je suis déçu pour mon équipe, surtout pour cette génération. Je suis déçu pour ces joueurs qui se battent tout les jours pour leur pays, pour l’équipe nationale du Sénégal. Nous allons continuer à travailler, les accompagner. Je suis certain que nous avons encore de très belles choses devant nous.
Aucune équipe africaine ne sera au second tour. N’est ce pas inquiétant ?
C’est difficile, en basant sur les résultats. Il y a des équipes africaines qui ont été éliminées dés la seconde journée. Il n’y a que le Sénégal et le Nigéria qui sont tombés lors de la troisième journée. Je pense qu’il faut qu’on discute des chapeaux des groupes. Il n’y a pas d’équipes africaines dans le chapeau A. Et c’est compliqué de se retrouver à jouer contre des champions du monde. Ce n’est pas du tout évident pour nous. Le football africain est en train de progresser. Nous avons confiance et nous allons continuer à travailler. Et je suis certain que des choses positives viendront. Mais à regarder les autres équipes, je pense que nous ne devrons pas avoir honte du football que nous avons pratiqué. Le niveau a beaucoup évolué entre les équipes dites «grandes» et les autres. Je pense que nous sommes sur le bon chemin.
Le Japon est passé grâce aux cartons jaunes. Avez-vous des regrets d’avoir pratiqué un jeu rigoureux ?
Je pense que les joueurs étaient au courant de cela. Mais, comme j’ai eu à le souligner, le Sénégal est connu pour son football basé sur l’engagement. Quand on leur enlève cet engagement, il sera difficile de trouver cette grande équipe du Sénégal. Si ce règlement est cruel ou pas, on le saura. Mais je ne vais pas demander à mes joueurs de rentrer dans le terrain en évitant de prendre des cartons. Le football est un jeu, des contacts. Et ce contact est important dans le football moderne. Et nous, c’est notre ADN. On a besoin de ça.
Comment expliquez-vous cette dégringolade du Sénégal depuis son premier match ?
J’ai vu une équipe du Sénégal conquérante en première période. Je pense que si nous avions marqué, ce ne serait que justice. En seconde période, c’était pareil. J’ai vu une équipe qui s’est projetée et a créé des occasions. Ce n’est pas un problème d’état d’esprit ou d’engagement. J’ai trouvé des garçons conscients et qui voulaient aller de l’avant. Mais, il y a des équipes plus conséquentes comme l’Allemagne qui ne sont plus de cette compétition. Nous allons continuer à travailler.
Quelle appréciation faites-vous de l’organisation de la Coupe du monde en Russie ?
C’est une organisation magnifique. Jai fait une coupe du monde au Japon (Corée-Japon en 2002, Ndlr) en tant que joueur. J’ai eu le privilège de revivre ce tournoi en tant qu’entraineur ici en Russie ; c’est une occasion pour moi de remercier les habitants et les employés de notre hôtel de Kaluga, notre camp de base. Ce sont des gens magnifiques et très disponibles.
Vous avez encaissé un but sur coup de pied. Peut-on dire que c’est votre point faible ?
Est-ce que c’est normal quand on prend un but sur coup de pied arrêté ou un but simplement ? Je pense que ce n’est pas normal, car personne ne veut prendre des buts. Mais, comme vous le savez, c’est un état d’esprit. Le premier qui arrive sur le ballon, celui qui est le plus déterminé qui parviendra à prendre les devants. C’est vraiment dommage car nous avions beaucoup travaillé sur ces phases, que ça soit défensivement ou offensivement. Nous perdons ce match sur coup de pied arrêté et c’est dommage.
Selon vous, qu’est ce qui n’a pas fonctionné en seconde période ?
Avec le système que nous avions mis en place, nous savions que leur coté droit était très dangereux. Nous savions que Cuadrado n’allait pas nous accorder de l’espace. Je pense que Youssouf Sabaly et Keita Baldé ont bien fermé ce couloir. En seconde période, c’est peut être le manque de fraîcheur de Baldé et Sabaly peu esseulé qui a fait défaut. Et plus le match avance, les Colombiens ont pris le dessus sur ce coté. Mais, je regarde l’ensemble du match pour faire un jugement global.