LE NOUVEAU DEAL DES TROIS MOUSQUETAIRES DU FOOT
Pour une quatrième fois, Me Augustin Senghor est en passe de rempiler. Une passe à quatre qui risque tout de même de ne pas trouver l’assentiment du Mady Touré qui n’a pas encore paraphé le protocole d’accord
Pour une quatrième fois, Me Augustin Senghor est en passe de rempiler. Une passe à quatre qui risque tout de même de ne pas trouver l’assentiment du Mady Touré qui n’a pas encore paraphé le protocole d’accord signé entre les autres candidats à la présidence de la fédération sénégalaise de football. Toutefois, il se pose la question du patriotisme même des différents acteurs en ce sens que pendant leur règne de plus d’une décennie, Me Senghor et Cie ont brillé par une série d’échecs quasiment à tous les niveaux du foot.
En effet, après 12 ans passés à la tête de l’instance fédérale, Augustin Senghor avait en face de lui quatre challengers. Mbaye Diouf Dia, Saer Seck et Mady Touré. Mais la commission chargée du consensus autour du prochain mandat du comité exécutif de l’instance fédérale s’est réunie pour des négociations autour d’un candidat de consensus. Au sortir de cette rencontre, Augustin Senghor a été désigné pour diriger, pour la quatrième fois, le football sénégalais. Une véritable mascarade pour beaucoup d’observateurs qui n’hésitent pas à parler « de deal sur le dos du football sénégalais». Une seule embellie : Mady Touré maintient sa candidature. « Quand on est membre à la FIFA, à la CAF, président de l’Union sportive goréenne et Maire de Gorée, je pense qu’on a assez de casquettes comme ça pour pouvoir être à temps plein pour le football sénégalais. Après 12 ans, il faut passer le témoin. Le football sénégalais a besoin de renouveau. Comme on dit, les hommes passent, les institutions demeurent», a martelé Talla Fall, Directeur de la communication de Génération Foot.
Sous le règne de Augustin Senghor, le Sénégal a loupé trois CAN (2010, 2013 et 2019) et deux phases finales de coupe du monde (2010 et 2014). Depuis son élection à la tête de la fédération, les Lions ne cessent de compiler échec sur échec. Élimination en quarts de finale en 2017. Une finale perdue face à une équipe algérienne. Et à chaque échec, la fédération sénégalaise ne fait que limoger les entraîneurs. L’irresponsabilité pousse à toujours limoger les entraîneurs pour en chercher d’autres, sans comprendre le pourquoi des échecs. Et à chaque fois, un éternel recommencement avec des zéros comme résultats. Des milliers de millions de FCFA ont été perdus et des espoirs brisés dans chaque campagne. Il est temps de s’arrêter et de se poser des questions. Mbaye Diouf Dia, président de Mbour Petite Côte et Saer Seck membre fondateur de l’Institut Diambars de Saly cautionnent malheureusement cette forfaiture. Et avec ce protocole, tous semblent aller dans le même sens. C’est donc le statu quo ante. Aucun changement ne sera produit dans les instances du football sénégalais.
UN CAS DANS LA GESTION…
Le premier vice-président de la Confédération africaine de football (Caf) doit avoir la conscience et la volonté de s’assurer que dans le football, il n’y ait point de politique, ou que du moins n’y soient pas examinées des influences. Autrement dit, il est important que le football sénégalais ne repose plus sur des influences individuelles et qu’il soit basé uniquement sur les valeurs sportives pour incarner le leadership et le haut niveau. A cet effet, avec les retombées de la Fifa et de la Caf en cas de qualification des compétitions, l’argent encaissé devrait servir à la construction d’infrastructures sportives. C’est sans doute ce tableau sombre du foot qui est en train de susciter une branlebas de combat dans les chaumières. « Vous faites trois mandats ( consécutifs), vos résultats sont mitigés. Au lieu de passer le témoin avec honneur, vous cherchez des compromissions qui vont continuer à plomber notre football. Y a t-il une clause dans le règlement de la fédération qui dit que les candidats peuvent signer un compromis sans passer par des élections qui sont les voies légitimes de renouvellement des instances de notre football. Nous n'avons plus d'infrastructures sportives qui sont aux normes internationales à cause des nombreux compromis. Je pense qu'il faut lancer une pétition contre cette forfaiture» , a martelé l’ancien député Cheikh Omar Sy, ulcéré. Il a d’ailleurs lancé une pétition pour mettre un terme à ce deal. Son appel a trouvé un écho favorable auprès de l’ancien ministre d’Etat Babacar Gaye. «C'est une mafia qui continue de se partager les retombées financières du football sénégalais. Il m'est rapporté que les membres du Comité exécutif reçoivent les mêmes primes que les joueurs Sadio Mané et consorts. Je peux comprendre qu'ils arrangent les ressources de leurs associations privées en termes de dividendes. Mais personne n'a le droit de s'approprier le bien public. C'est l'Etat qui délègue et c'est l'Etat qui investit. Reversez nos sous dans les caisses du Trésor. C'est vraiment du n'importe quoi, avec la complicité du ministre des Sports», écrit-il sur facebook.
DÉFICIT D’INFRASTRUCTURES SPORTIVES
Au Sénégal, aucune infrastructure sportive ne répond aux normes de la Fifa et de la Caf. Les autorités ont certes tenté d’améliorer le confort de Lat Dior avec l’installation de chaises sur les gradins et autres commodités dans les vestiaires, mais la pelouse fait toujours défaut. La vétusté des complexes sportifs existants ne permet plus à l’équipe nationale de pratiquer un bon jeu. Autant de griefs qui font qu’un candidat sérieux au patriotisme chevillé ne devrait pas ranger son épée pour laisser un immobilisme avilissant prospérer à la tête du foot sénégalais. C’est donc une honte aux trois mousquetaires qui ont paraphé ce deal.