«LE PRESIDENT SALL M’A DIT DE NE JAMAIS OUBLIER LE PANAFRICANISME»
Augustin Senghor, 1er vice-président de la Caf a confié à Sud Quotidien, que le président de la République, Macky Sall, qui a accepté de le soutenir l’a clairement demandé de ne jamais occulter «ce que nous avons de plus cher : le panafricanisme»
L’unité et le panafricanisme. Ces deux concepts chers au Sénégal depuis son accession à la souveraineté internationale ont pesé sur le retrait de Me Augustin Senghor de la course à la présidence de la Confédération africaine de football. Le désormais 1er vice-président de l’instance suprême du football africain a d’ailleurs, confié à Sud Quotidien, que le président de la République, Macky Sall, qui a accepté de le soutenir l’a clairement demandé de ne jamais occulter «ce que nous avons de plus cher : le panafricanisme».
Que dites-vous à certains Africains qui n’ont pas compris le retrait de votre candidature au profit du poste de 1er vice-président de la CAF ?
Le premier message que je lance au peuple sénégalais, est un message de remerciement. Parce qu’effectivement quand ma candidature a été annoncée, j’ai vu l’élan qu’elle a suscité. J’en profite pour remercier le chef de l’Etat, le président Macky Sall qui est le premier à s’engager à mes côtés et qui m’a accompagné jusqu’au bout avec son gouvernement. Le ministre des Sports, Matar Bâ, le ministre de l’Urbanisme, Abdoulaye Sow, l’équipe du ministère des Affaires Etrangères ainsi que tant d’autres ministres et le corps diplom a t i q u e . Sans oublier les autres Sénégalais, connus ou pas connus, du milieu sportif, qui ont apporté leurs contributions. En idées, en moyens matériels et dans d’autres domaines pour que ma candidature puisse être un succès. Mais nous savons aussi qu’il y a les réalités d’une campagne. Nous avons fait une campagne que tout le monde a saluée à tous les niveaux au sein de la famille du football. D’aucuns parmi mes collègues présidents me disaient que c’était la première fois qu’ils voyaient un président de fédération candidat à la présidence de la CAF soumettre un projet aussi intéressant et surtout qui vient s’ajouter à un profil et un parcours aussi exceptionnel. Je pense que tout était fait pour que nous puissions aller à ces élections en ayant des chances énormes. Mais après, il faut composer avec cette réalité. C’est moi-même qui ai parlé dans mon programme d’aller vers un football africain uni. Et quand l’idée a été agitée, les gens l’ont saisi au rebond. Et il y avait aussi des réalités géopolitiques, que ça soit sportives ou simplement politiques au sens intrinsèque du terme, qu’il fallait prendre en compte. Je pense qu’aujourd’hui, de manière imagée, je dis aux gens, que j’aurais pu arriver par l’ascenseur, mais il a été décidé que je passerais par l’escalier. Et pour ça, il faut avoir l’humilité à un certain moment si on veut mettre à l’avant l’intérêt général de faire preuve de renoncement, laisser quelqu’un d’autre qui a aussi ses qualités. N’oublions pas aussi que nous Sénégalais, nous voyons ce que nous avons mais nous sommes des millions d’Africains et dans chaque pays en Afrique il y’a des hommes de valeurs. Et si je veux qu’on me reconnaisse dedans, je dois pouvoir le reconnaitre à d’autres. Et les enjeux et les discussions ont fait que ça soit moi qui suis appelé à renoncer. Mais l’un dans l’autre quand même je suis 1er vice-président. D’autres qui ne le sont pas auraient pu aussi dire qu’ils n’étaient pas d’accord parce qu’ils ne sont peut-être pas à la bonne position. Ce que je dis aux Sénégalais, c’est simplement que ce sacrifice que nous avons fait est dans la droite ligne avec la position qui a toujours été celle du Sénégal de pousser vers le panafricanisme. Le chef de l’Etat lui-même quand il m’a reçu pour la première fois m’a dit qu’il me soutient et que je dois y aller sans jamais oublier de porter en bandoulière ce que nous avons de plus fort qui est le panafricanisme. Et c’est cet état d’esprit qui m’a poussé à ce moment crucial, à dire, que je vais faire ce sacrifice. Parce que quand on prétend à diriger on doit aussi avoir cette propension, cette force morale de pouvoir suivre quelqu’un d’autre. Parce que quand les gens vous suivent c’est facile, mais quand vous n’êtes pas capables de suivre d’autres, ça pose problème. Et aujourd’hui j’ai fait ce sacrifice et le leadership ne tient pas forcément à une position. Peut-être que là où je suis, je pourrais rendre plus de service au football africain et surtout au football sénégalais. L’histoire est devant nous, et nous continuerons à travailler pour l’Afrique et pour notre pays parce que nous sommes fiers d’être Sénégalais. Et si aujourd’hui j’ai eu cette reconnaissance là, c’est parce que quelque part je me suis habillé des vertus de mon pays, de ma «sénégalité» pour convaincre beaucoup de dirigeants africains du football et du sport dans le monde entier.
Président, quelles sont vos impressions à l’issue de l’Assemblée générale de la CAF ?
Des impressions de satisfaction. D’abord pour le football africain. Parce que cette AG a fini de démontrer que quand nous voulons travailler ensemble, nous pouvons le faire. Au début, quand l’annonce d’un rapprochement entre les candidats à la présidence a été faite, beaucoup en doutaient. Beaucoup avaient certainement même misé sur le fait que, éternellement, les Africains ne savent pas faire les concessions nécessaires pour aller ensemble. Il a fallu des sacrifices. Les gens l’ont fait et l’ont tenu jusqu’à cette assemblée générale où nous avons vu l’un d’entre nous choisi pour diriger la CAF. Et les autres se mettent à sa disposition pour former une équipe qui, je l’espère, va être une équipe gagnante. Il faut saluer cet élan et cet état d’esprit de tous les candidats, mais aussi saluer tous ceux qui ont pu concourir pour que ça se fasse. Je pense qu’aujourd’hui ça fait tâche d’huile parce dans les autres positions où il y avait des élections, on a vu des désistements. Il y a eu des discussions au niveau des zones pour que certains puissent s’effacer au profit d’autres. Il ne s’agit pas, malheureusement comme on a voulu le présenter, d’un partage de gâteau. Mais d’une prise de conscience collective que le moment est venu de mettre en place les grands ensembles pour bâtir une CAF forte. Justement, parce qu’elle était complètement éclatée et dispersée, et n’est jamais arrivée à tenir les paris qui sont ceux de répondre aux attentes de l’ensemble des millions d’amoureux de football que recèle le continent africain. Et à mon avis, c’est ça qui est la première réussite. A côté de ça, nous avons pu aujourd’hui voir une AG apaisée où quand même l’élément important en dehors des élections est le chiffre qui a été donné par rapport à la situation financière de la CAF. Ça montre à quel point l’instance traverse aujourd’hui des difficultés et c’est un challenge collectif que nous devons relever tous ensemble. Pas seulement ceux qui ont été élus, mais l’ensemble de la famille du football, les présidents de fédération, les acteurs du football africain, pour permettre à cette discipline de se hisser au niveau de ce qui se fait de mieux dans le monde.
Le Président Motsepe est un homme d’affaires. D’aucuns estiment qu’il n’aura pas suffisamment de temps pour s’occuper du développement du football. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que ce sont des clichés qu’on présente, et qui ne reposent que sur des a priori. A mon avis, q u a n d quelqu’un est arrivé à monter quand même des entreprises en affaires, un club de football performant et à diversifier son action dans la réussite, c’est qu’il a une capacité à manager et aussi à fédérer les énergies pour les mettre au service des objectifs. La CAF a surtout besoin de ça. Après, comme vous l’avez vu lors de cette conférence, il est en train de démontrer en tout cas le style de management qu’il veut mettre en place. C’est-à-dire un leadership collectif où chacun a un rôle à jouer. Et au finish, celui qui gagne, c’est d’abord lui, le président, mais surtout l’ensemble du football africain. Et je pense que s’il continue dans cette voie, nous pourrons réussir. Ce qui importe aussi, c’est qu’aujourd’hui, nous qui avons renoncé à être candidats, nous avons pris l’engagement d’être à ses côtés pour relever ce challenge qui est celui d’une équipe et de l’ensemble d’un continent pour le développement de son football.
Quel doit être votre rôle en tant que 1er vice-président dans cet organigramme ?
Mon rôle principal c’est d’abord d’assister le président dans ses tâches mais aussi de le suppléer quand il n’est pas disponible. Vous parliez tout à l’heure de ses activités. Et vous savez que même moi au Sénégal, j’ai des activités multiples et ça ne m’a pas empêché de les mener à bien, en faisant confiance aux autres. Et à côté de cela aussi, il y a des tâches particulières que nous sommes en train de mettre en place pour chaque vice-président et chaque membre du comité exécutif. Ainsi, cette collégialité qu’on cherche, et surtout cette pluridisciplinarité, pourra être tournée vers un résultat collectif favorable à la CAF. Et c’est dans ce cadre là que je pourrais jouer un rôle. Comme vous le savez, j’ai une formation particulière, mais aussi mon vécu et mon expérience me permettent d’intervenir à plusieurs niveaux dans les différentes commissions. Et pour ces tâches là, nous prendrons le temps de définir une feuille de route avec le président puisque c’est lui qui est à la baguette, pour que chacun puisse connaître la mission qu’il devra remplir au service de l’intérêt collectif.