LA LIGUE PROFESSIONNELLE DE FOOTBALL EN ZONE DE TURBULENCE
Alors que certains clubs ont même repris les entrainements, aucune date n'a jusque là été retenue pour le démarrage de la saison 2019-2020
Rien ne va au niveau de la Ligue professionnelle. Alors que certains clubs ont même repris les entrainements, aucune date n'a jusque là été retenue pour le démarrage de la saison 2019-2020. Une situation qui ne rassure pas, à l’entame de la 10ème année de professionnalisation de la discipline au Sénégal.
Alors que les clubs devraient être dans leurs derniers réglages pour entamer la saison, la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) peine toujours à trouver une date adéquate. Réuni le 20 août dernier, le bureau de la LSFP a échoué dans sa tentative de fixer une date pour le démarrage de la saison 2019/2020. « Au regard de la situation dans laquelle se trouve la LSFP, aucune date de démarrage des compétitions n’a été proposée », indiquait le texte. Dans une impasse totale, le bureau de la LSFP avait annoncé une réunion d’urgence pour décanter la situation. « Un Conseil d’administration d’urgence se réunira incessamment pour apprécier la situation actuelle de la Ligue Pro et décidera de la date de démarrage de la saison 2019/2020 », pouvait-on lire dans le communiqué. Mais cette donne semble inquiéter les acteurs du football, plus que jamais dans l’incertitude.
LA LIGUE PRO ASSAILLIE PAR DES DIFFICULTES FINANCIERES
A l’heure où elle boucle ses dix ans d’existence, la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) fait face à d’énormes problèmes financiers. « Nous avons des difficultés ; en 2009, l'Etat du Sénégal avait pris l'engagement d'accompagner le football professionnel. On ne peut pas faire du foot professionnel au Sénégal, sans l’accompagnement de l’Etat dans le processus », a révélé Ousmane Thiané Sarr, trésorier général de la Lsfp, dans une sortie sur la RFM. Invité dans la même émission, l’économiste Mounirou Ndiaye semble avoir un avis nuancé. « Il y a des Sénégalais qui sont intéressés par le football et d'autres moins. Je pense que l'État peut être un catalyseur pour sortir les financements initiaux qui vont permettre de faire éclore le potentiel financier, sportif. L'Etat ne doit être qu'à la base. Mais le reste, il faudrait que ceux qui utilisent le sport puissent quand même contribuer au développement de ce sport là.
Il y a des Sénégalais qui diront qu'ils ne regardent pas le football, car cela ne les intéresse pas. Mais l'État ne doit pas mesurer ce qu'il doit mettre dans le football pour faire attention à ceux qui ne sont pas intéressés par cette discipline », affirme l’économiste. Présent à Thiès lors de la rencontre Génération Foot / LPRC Oilers, le président de la fédération sénégalaise de football (Fsf) Me Augustin Senghor a évoqué la précarité des clubs sénégalais à faire face à leurs charges. « Le problème est que le football sénégalais repose aujourd’hui sur un pied. Puisque nous ne sommes ni subventionnés, ni accompagnés par les sponsors, comme c’est le cas de certains pays. Les clubs sont obligés de vendre chaque année leurs joueurs pour pouvoir s’engager dans la saison suivante. Nos joueurs locaux touchent des salaires infimes, comparés aux autres pays d’Afrique, mais également d’Europe », a déploré le patron du football sénégalais.
LE SPONSORING EN QUESTION
Outre les difficultés financières, la Ligue Pro doit encore faire face à l’absence de sponsors. Rares sont les clubs qui parviennent à convaincre quelques privés. Et au niveau de l’instance dirigeante, cette question du sponsoring a toujours été agitée. L’arrivée de la firme chinoise Star times avait redonné un peu d’espoir aux acteurs du foot. Mais jusque-là, les problèmes demeurent. « Depuis des années nous n’avons personne pour nous accompagner. Et au moment où nous avons pu décrocher celui sur qui nous pouvions compter pour décoller, l’Etat à travers ses démembrements, nous met des bâtons dans les roues », a déploré Ousmane Thiané Sarr, par ailleurs président du club Port autonome de Dakar. Et de l’avis de Mounirou Ndiaye, il faudra revoir le système. « Je pense que l'Etat qui a en la responsabilité, est défaillant sur le plan sportif. Quand vous allez au Ghana ou en Côte D'Ivoire, vous allez découvrir pourquoi les clubs de ces pays nous dominent souvent. Ce sont des pays qui disposent d'infrastructures permettant aux jeunes de pratiquer. Ici, nos jeunes jouent dans la rue. Donc il faudrait un accompagnement dans le financement des infrastructures », soutient l’économiste.
Toutefois, il estime que les acteurs ne devraient pas tout attendre de l’Etat. A l’image des grands clubs du monde, ils doivent eux aussi trouver des mécanismes pour être autonomes. « Ceux qui utilisent le sport doivent eux aussi trouver des moyens de se financer. Cela peut se faire à travers les stades, les abonnements, la vente des maillots ou encore les droits de diffusion. Il faut que les Sénégalais soient conscients que ce n'est pas en s'abonnant à Canal qu'ils vont financer le football africain. Le modèle financier de notre sport doit être repensé. Il y a des pays qui font des efforts et le Sénégal ne doit pas être en reste. Ce n'est pas facile, mais il y a tout un arsenal juridique, économique et financier à remobiliser », a ajouté M. Ndiaye.