MAIS POURQUOI LES STADES ÉGYPTIENS SONT-ILS SI VIDES ?
Grand-messe du football africain, la Coupe d'Afrique des nations est loin de drainer les foules, en tout cas dans les enceintes qui abritent les matches
Que se passe-t-il dans les stades égyptiens ? Alors que l'on nous avait annoncé un succès populaire sans précédent, il n'en est rien, ou presque. Pour s'en rendre compte, il suffit de jeter un œil sur les tribunes des stades des différentes confrontations proposées par la CAN – hors ceux du pays hôte – pour se rendre compte que les enceintes sportives du pays sont complètement laissées à l'abandon. Un phénomène a priori surprenant pour un événement si important.
Des stades vides à 90 %
Si le match d'ouverture entre l'Égypte et le Zimbabwe (1-0), vendredi dernier, a réuni près de 75 000 spectateurs dans les tribunes de l'immense stade international du Caire, les autres rencontres de la Coupe d'Afrique des nations 2019 n'ont pas eu le succès escompté. Dès le lendemain, le décor a changé du tout au tout. Ainsi, la deuxième confrontation de la compétition, RD Congo-Ouganda, programmée dans la même enceinte cairote, a quant à elle réuni 1 083 personnes à peine ! Plus de brouhahas ni de vuvuzelas. Les longues avenues d'accès au stade sont restées désertes et le stade d'Alexandrie a plus que jamais sonné bien creux. Une affluence dérisoire à laquelle il fallait visiblement s'attendre.
Pas d'attention accordée aux autres équipes nationales par le public égyptien
Pourtant, pour les amoureux égyptiens du ballon rond, cette organisation de la première CAN à 24 équipes de l'histoire est également l'occasion de renouer avec le fil de leur passion dans un pays où la majorité des matches du championnat se sont déroulés à huis clos par mesure de sécurité depuis les incidents de Port-Saïd, le 1er février 2012. Seulement voilà, si les pharaons affectionnent leur championnat et adorent leur équipe nationale, ils ne prêtent guère attention aux autres sélections, et cela se ressent par ces ambiances de stades fantômes au cœur de leur capitale.
Un coût d'entrée trop élevé
Autre élément mis en avant par les supporteurs : les places sont vendues trop cher, à 100, 300 ou 500 livres égyptiennes, soit 5, 15 et 26 euros. Des tarifs jugés excessifs par les supporteurs, qui n'ont cessé de fait part de leur mécontentement sur les réseaux sociaux. Et, pour compliquer le tout, seuls les supporteurs dotés d'un Fan ID, document officiel permettant leur identification rapide, sont en mesure d'acheter des billets. Une plateforme de vente de billets y est spécialement dédiée. Cette innovation, visant à contrôler les fans et à renforcer la sécurité, a été utilisée pour la première fois par la Fifa lors de la Coupe du monde de l'an dernier en Russie. Il est possible de l'obtenir sur Internet pour les détenteurs de cartes de crédit ou à travers les agences de voyages pour ceux qui ne l'ont pas. Mais le seul achat du ticket ne suffit pas et c'est ce qui explique en grande partie les stades vides. « Il faut que le supporteur désireux de se rendre au stade valide et connecte au préalable le numéro du billet avec son Fan ID pour pouvoir assister aux matches. Cette opération ne pourra plus être effectuée devant les portes d'entrée. Le supporteur risquerait ainsi l'annulation de son Fan ID », explique Ahmed Sarby, de Tazkarti.
Un voyage pas prévu à temps
Enfin, un dernier élément est à prendre en compte. Le changement au dernier moment de l'organisation de la compétition du Cameroun vers l'Égypte en décembre dernier n'a pas facilité les choses. Ainsi, les longs voyages ont un coût élevé et le déplacement en Égypte n'a pas pu être planifié. Toute la logistique a dû être revue et, lorsque l'on connaît la difficulté de se déplacer sur le continent, on comprend mieux l'absence de supporteurs...