MATAR BA DROIT AU BUT
Dans cet entretien grand format, le ministre des Sports fait le constat de la situation du sport sénégalais à tous les niveaux, mais aussi tire son bilan et affiche ses ambitions pour Fatick

L’homme fascine par son élégance, mais surtout par ses convictions. Il ne fait pas dans la langue de bois, ni ne cherche à esquiver les questions. Il a sa réponse à tout. Il est à l’aise sur le terrain du sport où il bat le record de longévité au ministère des Sports à la tête duquel il trône depuis 2014 mais aussi sur le terrain politique. Matar Ba se considère uniquement en service commandé pour le président Macky Sall et le peuple sénégalais. Dans cet entretien grand format, le ministre des Sports fait le constat de la situation du sport sénégalais à tous les niveaux, mais aussi tire son bilan et affiche ses ambitions pour Fatick. En bon soldat de Macky Sall, il est prêt encore à mouiller le maillot pour la mairie de Fatick. Il n’attend que les consignes venant de son mentor. Entretien.
Le Témoin - M. le Ministre, depuis 2014 vous êtes à la tête de ce ministère des Sports. Avec cette longévité à ce poste vous êtes en route pour battre un record. Comment appréciez-vous cette confiance renouvelée du Chef de l’Etat surtout dans un secteur associatif très difficile à gérer ? Quel est votre secret ?
Matar BA - Je dois préciser que beaucoup de gens se trompent quand ils parlent de longévité. Ça ne dépend que de la confiance du Chef de l’Etat. Ce n’est même pas une question de performance parce que les postes que nous occupons sont des postes de confiance. Celui qui est élu par les populations du Sénégal s’appelle le Président Macky Sall. Ce n’est pas parce qu’il te confie une mission et que tu as réussi, qu’il te laisse en place. On peut réussir une mission et ne plus avoir la confiance du Chef de l’Etat. Que je fasse six ou sept ans, tout ne dépend que d’une seule personne, la plus haute autorité de ce pays, le P r é s i d e n t Macky Sall. Cela dit, je me réjouis de voir la lecture que les Sénégalais font de notre mission. Je pense que c’est une lecture tout à fait positive en disant qu’on réussit des choses, qu’on est parvenu à apaiser le milieu sportif. C’est vrai qu’avant l’arrivée aux affaires du Chef de l’Etat, le poste de ministre des Sports était un poste de sortie d’un gouvernement parce qu’il y avait beaucoup de difficultés. Il y a avait une guerre permanente entre le monde sportif et l’Etat à travers le ministère des Sports. Ça, au moins, tout le monde doit s’accorder sur ce changement qui est partagé. Il y a eu depuis 2012 ne approche différente qui donne de la considération et de la dignité à l’ensemble du monde sportif surtout les responsables des groupements sportifs et fédérations. Depuis le 6 juillet 2014, date à laquelle j’ai été nommé au ministère des Sports, jusqu’à maintenant, on a participé à toutes les compétitions possibles que ça soit les Jeux Olympiques, les coupes du monde, les Coupes d’Afrique et cela dans toutes les catégories. On fait en tout cas montre d’une très bonne efficacité, d’une très grande considération au niveau africain et au niveau international.
C’est une manière de porter chance au sport ? Vous avez la baraka ?
La baraka, il n’y a que Dieu pour le dire. Mais, en tout cas, Dieu nous accompagne dans notre mission. Le ministère des Sports, c’est un ministère de pression parce que tout n’est pas budgétisé et tout n’est pas planifié parce qu’on a des compétitions qui ne sont pas gérées par l’Etat mais à l’international et une qualification pour une discipline peut arriver à tout moment. Comment y participer ? Comment faire de sorte que le Sénégal montre une belle image ? Ça, c’est une pression permanente sur la tête du ministre des Sports. C’est pourquoi, je taquine souvent mes prédécesseurs pour leur dire que la différence c’est que moi j’ai un Président qui s’appelle Macky Sall et eux, ils n’avaient pas la chance d’avoir un homme comme lui. J’ai un président qui m’accompagne, qui me conseille et qui me donne les moyens de faire face à ces imprévus et à ces difficultés. C’est pourquoi avant mon arrivée, avant l’arrivée du Président Macky Sall, on avait une enveloppe pour les compétitions internationales qui tournait autour de 900 millions FCFA. Je vais prochainement à l’Assemblée nationale pour la plénière et, pour l’année à venir, on aura 5 milliards ! Faites la différence et vous verrez que ce n’est pas la même approche, ce n’est pas le même Président, ce n’est pas la même vision. C’est vrai que, pour gérer cette pression permanente afin de pouvoir retenir tout le monde dans une dynamique de construction, il faut une communication permanente.
Mais ne devez-vous pas ces facilités au fait que vous êtes de Fatick, vous êtes son Maire, c’est-à-dire celui de la ville du Président, et que vous avez donc une proximité avec lui ?
(Il nous coupe) Non, du tout. Je pouvais avoir une autre approche, une autre personnalité qui fasse de sorte que, même avec les 5 milliards, il y ait toujours des difficultés. Pourquoi les gens ne tirent pas sur l’Etat, c’est parce qu’ils sont associés à la prise de décision. Le Sénégalais n’est pas compliqué. Ce qu’il n’aime pas, c’est qu’on décide seul à sa place. Même si les textes te donnent le pouvoir de décider sans consulter les autres, tu dois avoir dans l’esprit que les autres Sénégalais ce sont des acteurs et, pour qu’ils prennent la chose avec considération, il faut les associer. On m’a demandé l’autre jour pourquoi ces consultations avec le Cng de lutte. J’ai dit que j’ai quelqu’un qui me formate et me fait travailler. Après l’élection présidentielle, le Chef de l’Etat pouvait gérer seul le pays. Plus de 58 %, c’est un score honorable et pourtant, malgré cela, il a ouvert le Dialogue national. Pourquoi ce signal ne nous sert-il pas en tant que Ministre et collaborateur du Chef de l’Etat ? Quand on veut faire quelque et qu’on y associe tout le monde c’est donner le signal à l’ensemble de vos collaborateurs pour leur dire que quand il s’agit de prendre une décision il faut l’assumer mais avant cela il faut s’ouvrir et écouter tout le monde. Ça ne fait que nous enrichir. C’est ce que j’ai fait avec le monde sportif. En 2009, par exemple, si des difficultés se dressaient devant les présidents de fédérations, ils auraient tapé sur l’Etat mais en 2020 ils préfèrent se contenir et trouver à leur niveau des solutions et revenir vers l’autorité que je suis pour que ces choses puissent être remises à l’heure. Je pense que c’est comme ça qu’il faut voir le travail qu’on est en train de faire. C’est dire qu’on a une communication permanente avec l’ensemble des décideurs du monde sportif et on est au même niveau. On a le même engagement. Ce que le Ministre veut, c’est ce que tous les présidents veulent. C’est pourquoi on est ensemble, on gère nos difficultés ensemble et on jubile quand il s’agit de réussir des choses.
Vous avez ouvert une brèche et nous allons nous y engouffrer. Cette approche collégiale du travail fait que le Président a élargi son gouvernement à des opposants. Comment appréciez-vous l’entrée de ministres opposants qui viennent vous accompagner ? Est-ce un échec par rapport à…
(Il coupe) Je vais vous donner une autre analyse de la situation. Aujourd’hui, dans le gouvernement il n’y a pas de ministres opposants, il y a des ministres de la République. Ils étaient des opposants avant leur arrivée dans le gouvernement. Aujourd’hui ils sont dans le gouvernement, ils sont au service du président de la République et au service des populations.
Mais vous aviez une large majorité, pourquoi avoir le besoin de faire appel à des opposants ?
(Il coupe encore) Tout Sénégalais peut être ministre de la République quelle que soit son appartenance politique. Ça c’est avant mais dès le décret tombe on devient ministre de la République. On est au service des populations.
Mais encore une fois pourquoi ce besoin d’ouverture ?
Vous êtes journalistes et même si vous n’avez pas fait toutes vos études au Sénégal, vous êtes revenus chez vous. Donc le Président devrait pouvoir travailler avec vous parce que ce que les gens ne comprennent pas c’est que quand on est président de la République, on n’est pas le président d’un parti politique simplement, on n’est pas simplement le président d’une coalition politique mais on est président de tous ceux qui sont Sénégalais qu’ils soient d’accord avec toit ou pas. Je ne vois pas ce qui pourrait créer du bruit parce que le Chef de l’Etat choisit un Sénégalais pour qu’il occupe un poste de Ministre ou un autre poste. Parce qu’en réalité nos clivages, nos appartenances doivent être transcendés par le poste qui peut te mettre au service de l’ensemble des populations. Le Président ne peut donc pas dire que cette région ou cette maison ce sont des opposants, je ne peux pas les aider ou je ne peux pas créer les conditions de leur épanouissement. Et pourtant quand le Président a décidé de donner 68 milliards pour accompagner le monde sénégalais qui en avait besoin avec l’arrivée de la pandémie, personne ne s’est levé pour dire pourquoi il donne à Rewmi, au Pds ou tel autre. C’est parce qu’il a considéré que tous les Sénégalais sont d’égale dignité. Aujourd’hui quand il signe un décret, il le signe en ayant en tête que c’est le Président de tous les Sénégalais. Il doit donc pouvoir mettre un responsable du Rewmi ou du Pds dans le gouvernement du Sénégal tout en sachant que quand il siègera au Conseil des Ministres, ce n’a plus d’appartenance politique. Maintenant quand il sort, qu’il n’est plus ministre ou qu’il est dans une autre sphère qui n’a rien à voir avec le gouvernement, il peut avoir une position et ça s’arrêtera à là. Dès qu’il franchit la ligne, il revient et est au service de l’ensemble des populations.
Mais c’est qu’au sein de l’opinion, on a l’impression qu’entre les politiciens il y a une sorte de deal ?
Ceux qui disent cela, parfois, quand ils ont besoin de solutions ils vont vers les politiciens. Dès fois aussi ils se mettent de l’autre côté pour tirer sur les politiciens en disant que ce ne sont pas d’honnêtes citoyens. Il n’y a donc pas de position réfléchie. C’est un jugement de valeur qui n’a pas de sens. Nous sommes tous des Sénégalais, nous ne sommes pas des extraterrestres. Nous sommes là, Sénégalais, comme ceux qui nous jugent. Mais juger comme ça un citoyen sénégalais d’une manière très dure, chaque Sénégalais devrait se garder de le faire parce que juger quelqu’un sans avoir même des paramètres de jugement, un fondement, c’est extrêmement dangereux. Et malheureusement tout le monde pense que les politiciens sont pareils. Ceux qui ne sont pas politiciens ne sont pas tous pareils. Pourquoi ils pensent que tous les politiciens devraient être pareils ? Chacun a son éducation parce que les démarches de tout politicien sont fondées par son éducation. Si on a une bonne éducation, on peut faire la politique et normalement. Mentir, dire des choses qui n’existent pas, détourner de l’argent, cela n’a rien à voir avec le politicien. Un bon politicien il est au service des populations, il se bat toujours pour améliorer les conditions de vie des populations.
M. le ministre des Sports, l’actualité de ces dernières semaines est dominée par la recrudescence du phénomène de l’émigration clandestine. Le sport pourrait être un vecteur pour contrer ce phénomène qui a repris de l’ampleur. Pensez-vous que le sport puisse grandement contribuer à la lutte pour endiguer ce phénomène ?
e regrette d’abord cette utilisation politicienne que, nous Sénégalais, sommes en train de faire de cette émigration clandestine. Aucun Sénégalais ne devrait encourager ou bien donn e r r a i - son à c e u x qui essayent de prendre les pirogues pour aller en Espagne, en particulier, ou en Europe de manière générale. Ce n’est pas comme ça qu’on va discréditer les pouvoirs publics. Ça n’a rien à voir. L’émigration clandestine est un phénomène dangereux et nous tous nous devons nous donner la main pour apporter la bonne parole à ces jeunes pour qu’ils comprennent que nous tous nous pouvons réussir au Sénégal. Si on doit sortir aussi, il faut réunir les conditions pour aller émigrer parce que ça ne s’arrêtera pas. L’émigration n’est pas une chose anormale. On peut la faire mais il faut avoir les conditions pour pouvoir le faire et revenir au pays pour investir. C’est ça qu’il faut faire comprendre à ces jeunes. Rien ne sert de prendre la mer et mourir dans l’océan. Ça ne sert absolument à rien. Ce qu’on peut dire aussi aux jeunes, c’est que ce n’est pas un seul secteur qui peut régler ce problème d’émigration clandestine. C’est vrai que les pouvoirs publics — et qui parle de pouvoirs publics parle aussi du ministère des Sports et de l’ensemble des autres secteurs— doivent faire leur travail mais au niveau des familles, au niveau de l’éducation et de l’environnement, tout le monde doit mettre la main à la pâte pour informer que c’est plus dangereux parce qu’il y a de cela quelques années il n’y avait pas de téléphone, ni les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Quelqu’un pouvait voyager et tant qu’il ne revenait pas, on ne pouvait pas savoir dans quelles conditions il était. Mais aujourd’hui on peut même monter des photos pour dire que c’est l’eldorado de l’autre côté alors que ce n’est pas vrai. Il n’y a plus d’eldorado dans ce monde parce que chaque pays a ses difficultés et il n’y a aucun pays qui a réglé le problème du chômage. Donc pourquoi penser que quitter le Sénégal c’est synonyme d’avoir du travail. Ce n’est pas possible. Je vois nos amis de la Guinée Conakry qui sont là. Il n’y a pas de chômeurs parmi eux. Tout le monde fait quelque chose que ce soit le lavage de voitures, la vente de fruits, etc. chacun fait quelque chose. Pourquoi nous Sénégalais nous ne pouvons rien faire. Là aussi il faut voir ce qui s’est passé, qui a détourné ces jeunes au point qu’ils ne comprennent plus ce qui se passe. Les Sénégalais, tant que tu n’es pas dans un bureau, pensent que tu n’as pas de travail. Tant qu’on n’a pas de voiture ou de maison, tu n’as pas un travail. Notre génération, nous avons eu plus de 35 ans avant de penser trouver du travail. Maintenant, à 15 ou 18 ans on pense tout de suite à avoir de l’argent au lieu d’aller se former. Cela ne dédouane pas les pouvoirs publics. Peut-être qu’il y a beaucoup d’instruments qui ont été mis en place et qu’il y a quelque part où les choses ne marchent pas. Mais depuis que le Président Macky Sall est là, tous les organes qu’il a créés et l’enveloppe financière qu’il a mise à la disposition des jeunes, aucun de ses prédécesseurs ne l’a fait. Ce n’est pas de la politique politicienne, tout le monde peut le savoir. Il y a la DER, l’ANPEJ et beaucoup d’autres instruments qui peuvent accompagner l’insertion des jeunes.
Mais encore une fois, est-ce que le sport peut-être un vecteur de lutte contre l’émigration clandestine ?
Mais bien évidemment parce que le sport mobilise. Avant de parler de création d’emplois, le sport peut participer efficacement à la sensibilisation des jeunes parce que tous les jeunes sont des sportifs. Si tu n’es pas footballeur, tu es basketteur ou supporter. C’est un secteur qui peut mobiliser l’ensemble des jeunes et porter la bonne communication. Au-delà de ça, le sport qui se professionnalise petit-à-petit au niveau du football, du basket et des autres disciplines, ça commence à générer un peu de sous. Il faut renforcer ces secteurs-là et avec notre code du sport je pense qu’il y aura beaucoup plus d’opportunités pour permettre à des décideurs, à des privés d’investir dans le domaine du sport et créer beaucoup d’emplois. Au-delà de la pratique il y a des métiers liés au sport comme la fabrication de ballons, de filets etc. Je pense que le sport va jouer dans l’avenir un rôle extrêmement important dans le développement économique et social. On est en train de le faire mais on sera beaucoup plus efficace quand on aura fini de mettre en place les textes qui encadreront ce sport dans le sens de tendre vers le professionnalisme parce que c’est comme ça qu’on peut attirer l’ensemble des privés.
Me Augustin Senghor a officiellement déclaré sa candidature pour la présidence de la CAF. A-t-il le soutien de l’Etat et que comptez-vous faire pour l’appuyer ?
Vous pensez que si l’Etat n’était pas d’accord Augustin poserait sa candidature ? Les gens oublient que, quel que soit le système mis en place, une fédération reçoit une délégation de pouvoir. Le pouvoir est un pouvoir régalien, c’est une question d’Etat. Augustin a bien évidemment pris le temps de nous informer, d’informer le Chef de l’Etat. On a étudié ses chances. Tous les scénarii ont été mis sur la table et le ok a été donné. C’est pourquoi, il a communiqué autour de cette candidature. Nous le soutiendrons et nous serons à ses côtés. On va d’ailleurs vers une audience avec le Chef de l’Etat et j’ai écouté l’ancien ministre des Sports, Malick Gackou, parler d’une mobilisation autour de la question. Mais sachez que l’Etat sera aux devants pour pouvoir accompagner Augustin même si sa candidature concerne avant tout le mouvement sportif. C’est aussi une question diplomatique parce qu’au-delà du caractère sportif, c’est une question de la diplomatie sénégalaise. On travaillera à saisir toutes nos chances. L’un dans l’autre, c’est une première et cela montre qu’au niveau administratif le Sénégal est en train de faire des pas en avant au niveau de l’administration de la chose sportive. Le respect que ses pairs ont donné à Augustin montre que les gens ne dorment pas à l’international. Ils sont en train de se faire une place et c’est tout à l’honneur du Sénégal .
N’est-il pas gênant, M. le ministre, que l’équipe nationale de football joue ses matches à Thiès et non pas à Dakar ? Ça pose la question de la disponibilité des infrastructures sportives dans notre pays…
Non ce n’est pas une question gênante. Je rêve de voir notre équipe nationale jouer un match officiel à Nioro ou même à Diakhao chez moi ou ailleurs parce que le Sénégal est un pays et il n’y a pas un territoire plus méritant qu’un autre. Aujourd’hui, nous sommes à Dakar, on joue dans la capitale mais si les conditions sont réunies ailleurs on devrait pouvoir jouer là-bas.
Mais justement, les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui à Dakar…
(Il nous coupe) C’est une parenthèse qu’on va dépasser. Pour avoir une lecture lucide du niveau de nos infrastructures il ne faut pas se baser sur le présent tout court. Il faut voir ce qui s’était passé avant, voir ce qui se passe aujourd’hui et regarder nos projections. Là on pourrait avoir une lecture lucide de la situation. Avant l’événement du président Macky Sall, il y a eu des moments où, lorsque l’équipe nationale devait jouer, on pensait à aller au Maroc ou en Guinée. Quand le président Macky Sall est venu, on a retapé le stade Léopold Sédar Senghor mais on a également eu la vision de refaire un autre stade parce que, sachant qu’on allait vers la perte de conditions d’homologation d’un stade au niveau de Léopold Sédar Senghor, on a fait Lat Dior de Thiès. Il ne faut pas que les Sénégalais pensent que ce que l’on a n’est pas bon. L’homologation d’un stade ce n’est pas une négociation, ce sont des conditions à remplir. C’est un lieu qui remplit les conditions permettant de recevoir un match international. Pourquoi se priver de ça en pensant que Lat-Dior ce n’est pas bon ? Ce n’est pas vrai. Le stade Lat Dior c’est aujourd’hui une infrastructure qui permet à l’équipe nationale de recevoir au Sénégal. C’est une fierté et Thiès fait partie du Sénégal. Les autres coins du pays font également partie du Sénégal. Si on a un stade qui remplit vraiment les normes on devrait pouvoir jouer là-bas parce que l’équipe nationale appartient à l’ensemble du peuple sénégalais. Aujourd’hui c’est vrai que Léopold Senghor est fermé mais le ministre de l’Economie et de la Coopération nous a informé que le processus est bouclé. On n’attend que les ingénieurs pour le démarrage de la réhabilitation. Ce n’est d’ailleurs pas une réhabilitation mais une transformation du stade Léopold Sédar Senghor. Vous allez à Diamniadio où se trouve le futur stade du Sénégal, les gens travaillent jour et nuit et en 17 mois ils vont nous livrer l’infrastructure. En plus du stade Léopold Sédar Senghor, nous allons retaper les stades Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor, Lamine Guèye de Kaolack et Ely Manel Fall de Diourbel. Avec les stades au niveau de la banlieue dakaroise, le Sénégal ne souffrira plus d’infrastructures sportives. En même temps, nous allons refaire le stade Iba Mar Diop parce qu’il doit abriter les Jeux Olympiques de la Jeunesse. Et pour Demba Diop c’est une question qui se pose parce que je vois des images. Mais un stade fermé qui n’est pas utilisé, il peut y avoir des herbes. Ce n’est pas exceptionnel. C’est tout à fait normal. Mais nous avons pouvoir capter les milliards de la FIFA parce qu’il y a une rubrique au niveau de cette instance destinée à accompagner les fédérations à disposer d’infrastructures. Nous avons réfléchi avec la FIFA. Le président de la FIFA est venu et a rencontré le Chef de l’Etat et nous avons une opportunité de lever des fonds. Nous avons signé un protocole d’accord et on a remis l’infrastructure à la Fédération qui est dans un processus de conception et de dépôt de dossier au niveau de la FIFA. On leur donne le temps de le faire pour capter ses milliards. C’est notre droit de recevoir ces milliards et de faire de Demba Diop un stade fédéral permettant au département de Dakar, au-delà des infrastructures de la banlieue, de disposer d’une bonne infrastructure. Le temps que ça arrive, je ne pense pas que le fait de tirer sur le ministère des Sports ou sur la Fédération puisse régler le problème. Le président de la Fédération est assez conscient. Le ministre des Sports, que je suis, est assez conscient du déficit d’infrastructures aujourd’hui au niveau du département de Dakar mais ce n’est pas une chose qui est laissée comme ça. Des solutions ont été apportées à ces questions-là. Cela dit, pour la concrétisation, il y a un temps et nous sommes en train de mettre la pression nécessaire pour y arriver.
Mais M. le Ministre on ne comprend pas. Le Sénégal est le leader africain au classement mondial de la FIFA et on n’arrive pas à disposer des infrastructures qu’il faut. N’est-ce pas un échec ?
Non, ça c’est trop fort comme mot parce qu’il faut retourner la question. Si c’était une question de stade fonctionnel, on ne serait jamais premier. Donc, ce n’est pas une question d’infrastructures pour être efficace au niveau international. Pourquoi allier notre place à notre manque d’infrastructures ? Aujourd’hui, rien n’a changé au Sénégal. L’équipe nationale jouait à domicile à Léopold Sédar Senghor. Maintenant, elle joue à Lat Dior mais on est toujours au Sénégal. Ce n’est pas du tout un échec. On est dans une phase de résoudre ce gap d’infrastructures sportives, c’est pourquoi on a fait Lat Dior de Thiès. Si on n’avait pas refait ce stade, on ne jouerait plus au Sénégal. Donc Thiès est un rajout même si aujourd’hui le démarrage des travaux à Léopold Sédar Senghor a pris un peu de temps à cause de la Covid-19, on aurait dépassé ce truc-là parce que ça fait presque un an d’attente. Avec un an de travaux à Léopold Senghor, on aurait vu une nouvelle infrastructure sportive. Je serais d’accord qu’on me compte le nombre d’infrastructures qu’il y avait en 2014 et le nombre d’infrastructures fonctionnelles qu’il y a aujourd’hui pour me dire s’il y a un déficit ou pas. En vérité, il y a un surplus. Il y a beaucoup plus de stades aujourd’hui parce qu’on ne jouait pas à Mbao, il n’y avait pas de stade fonctionnel à Guédiawaye, le stade Alassane Djigo de Pikine n’était plus fonctionnel. Aujourd’hui on va vers l’ouverture du stade des Parcelles Assainies, Ngor verra son stade réceptionné et il y a Yoff aussi. Il y a Ngalandou Diouf de Rufisque qui est fonctionnel depuis longtemps. A l’intérieur du pays c’est aussi pareil. Si on fait le ratio, on voit qu’il y a un surplus d’infrastructures sportives par rapport à ce qui existait avant l’arrivée du président Macky Sall. Je pense que votre analyse peut faire du buzz mais n’est pas conforme à la réalité. Je voudrais qu’on comprenne que le Chef de l’Etat se bat pour que ces infrastructures-là ne manquent pas parce que, pour avoir un sport performant, il faut avoir de bonnes infrastructures. C’est ça la vision du Chef de l’Etat en matière d’infrastructures sportives. C’est pourquoi, avant son arrivée au pouvoir, le budget du ministère des Sports n’avait jamais dépassé six milliards. Or, depuis que je suis là, ce budget augmente. Aujourd’hui on est à 0,96% du budget national. On est à 31 milliards et poussières de budget. Il y a plus de 5 milliards qui sont consacrés aux compétitions internationales. Le fonctionnement n’accapare même pas un milliard et tout le reste c’est pour les infrastructures et les compétitions internationales. Quand on a un Président qui donne un signal aussi fort, on ne doit plus rester ici à parler de manque d’infrastructures sportives et autres.
Le Sénégal ambitionne d’organiser une nouvelle fois une CAN après celle de 1992. Récemment on a entendu des déclarations disant que le Sénégal veut co-organiser la CAN 2025 avec la Guinée. Qu’en est-il ?
Ça n’a jamais été une position d’Etat. C’est un problème entre des fédérations qui parlent mais ça n’a jamais été une position d’Etat. Pour parler de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), ce ne sont pas les sportifs qui demandent à l’organiser, c’est le Chef de l’Etat qui a compris le message des sportifs et qui a engagé son ministre des Sports pour qu’on crée les conditions pour une éventuelle organisation d’une Coupe d’Afrique au Sénégal.
Et si le Sénégal ambitionne vraiment de déposer sa candidature pour l’organisation d’une CAN de football, le dossier ne comporterait-il pas une certaine faiblesse en raison encore une fois du manque d’infrastructures ?
C’est parce que vous pensez qu’on va déposer aujourd’hui. Mais on a notre stade national à Diamniadio, notre stade Léopold Sédar Senghor ainsi que d’autres stades, si on dépose vous n’allez pas avoir la même position. La même question ne serait pas revenue parce que vous parlez de manque d’infrastructures sportives or, d’ici l’année prochaine, ce problème ne se posera plus. De toute façon, on ne va pas organiser en 2022, ce sera le Cameroun. En 2023 ce sera la Côte d’Ivoire. Vous savez en Afrique on peut décaler une Coupe d’Afrique et un pays peut être demandeur et ne pas remplir les conditions. Nous on veut faire l’inverse, on veut avoir nos infrastructures sportives d’abord avant de demander à accueillir la CAN. Mais nous n’allons pas demander et construire des stades. On a changé la posture parce que ce qui devrait se faire en Afrique c’est que le pays qui dépose devrait d’abord disposer de bonnes infrastructures. Mais déposer et construire après comme ce qui s’est passé au Cameroun, c’est cela qu’on veut éviter. On va réceptionner nos différents stades puis demander effectivement à organiser une coupe d’Afrique.
Qu’en est-il de la coopération avec la Chine. Vous avez signé un accord dans le cadre de la réhabilitation d’infrastructures sportives. où se situe aujourd’hui cette coopération ?
Ça avance parce que la Chine est le premier partenaire en la matière à part la Turquie qui commence à faire des pas. Vous voyez l’Arène nationale et les stades régionaux, tout ça c’est la Chine. Avec l’apport personnel de l’Etat du Sénégal c’est comme ça qu’on parvient à construire beaucoup d’infrastructures sportives. Ils vont faire comme je l’ai indiqué tout à l’heure, les stades Léopold Sédar Senghor, Lamine Gueye, Ely Manel Fall et Aline Sitoé Diatta. Nous, nous allons faire le stade Me Babacar Seye de Saint-Louis. Les Chinois vont nous accompagner à mieux gérer nos infrastructures sportives. Il y avait d’ailleurs une trentaine de personnes qui ont été invitées en Chine pour un mois. L’ensemble des directeurs de stades étaient là-bas pour un renforcement de capacités. Il faut comprendre que les infrastructures de nouvelle génération que nous mettons en place, ne peuvent pas être gérées comme on le faisait avant. Il y aura donc deux niveaux de gestion avec les infrastructures des régions et tout. Mais pour les infrastructures de dimension nationale il doit y avoir un organe qui va se charger de gérer ça avec des privés. Vous allez à Dakar Aréna, à l’Arène Nationale ou au nouveau stade qu’on va mettre mais ce sont des lieux de vie. Ce ne sont plus seulement des lieux où on fait des compétitions mais il y a des salles de conférence. Il y a également beaucoup de choses qu’on peut mettre là-bas et normalement on devrait pouvoir les fréquenter quand il n’y a pas de matches parce que toutes les activités récréatives et ludiques devraient pouvoir s’organiser là-bas.
Est-ce un concept de privatisation des infrastructures sportives ?
Pas une totale privatisation mais il faut trouver un schéma parce que le schéma habituel qu’on a depuis 1960 comporte des lacunes et des manquements. Et cela tout le monde l’a constaté. Vous-mêmes de la presse vous l’avez toujours décrié. Maintenant nous sommes en train, avec l’expérience que nous avons, d’apporter des solutions à ça à travers un organe qui pourra le faire.
La Ligue sénégalaise de football professionnel n’est pas au mieux de sa forme ces derniers temps. Elle a sollicité de diverses manières un appui de l’Etat. Qu’en est-il d’un probable soutien de l’Etat à la Lsfp ?
J’espère que vous parlez de soutien financier parce que sans le soutien de l’Etat il n’y aurait pas eu de football professionnel. Je vous renvoie aux textes. Si vous allez dans le préambule de la loi qui gère le sport sénégalais, il est bien stipulé que le football est amateur. Mais l’Etat a ouvert une brèche pour permettre à la Ligue professionnelle de naitre. La Ligue professionnelle n’a pas d’infrastructures, elle utilise les infrastructures de l’Etat. Pour jouer au foot, il faut avoir la sécurité et tout ça c’est l’Etat qui le prend en charge. Donc, dire que l’Etat n’accompagne pas est une grave erreur. Ce que les responsable de la LSFP attendent, c’est une subvention financière. Or, vous savez que les clubs qui y évoluent sont des clubs professionnels, des privés qui vendent des joueurs et qui en recrutent. C’est vrai que l’Etat doit accompagner même financièrement. Je ne suis pas contre et je me bats d’ailleurs pour. Mais il faudrait aussi qu’au niveau des clubs professionnels, certaines lacunes soient comblées parce qu’ils recrutent des gens. Est-ce que ces joueurs sont déclarés à l’Ipres et tout ça ? Je vous laisse fouiner et vous verrez que les manquements ce n’est pas seulement au niveau de la subvention. Au niveau de la gestion aussi il y a des difficultés. Mais les responsables de la Lsfp ont du mérite parce qu’ils se battent depuis près de dix ans avec des moyens limités et au milieu de beaucoup de difficultés. Malgré tout ils tiennent. C’est pourquoi, l’Etat leur accorde beaucoup d’importance et nous aussi sommes en train de nous battre pour trouver les moyens non seulement de donner une subvention mais aussi de diversifier les sources de financement. C’est pourquoi, je fais toujours référence au code du sport. Dès qu’on aura fini de le réactualiser, vous verrez que tout Sénégalais ou étranger qui a un projet sportif viable pourra lever des fonds, travailler et gagner sa vie. C’est ça qu’on doit travailler mais pas donner de l’argent comme ça à des gens. Vous voyez, avec la Covid-19, on a un peu aidé les clubs professionnels à travers la Fédération. La subvention que la Fédération donne, il y a une partie qui a été donnée par l’Etat. Il y a environ 500 millions qu’on a remis à la Fédération. Je ne sais pas si c’est rentré dans le fonds mais c’est un arrêté qui passe par le Trésor et qui va dans le compte de la Fédération. Il y a beaucoup de gens qui ont été aidés parce que le football et le basket sont les deux disciplines qui utilisent beaucoup d’argent en payant des salaires et qui font de longs déplacements. Il n’empêche, chaque Fédération a reçu une subvention de l’Etat pour faire face aux effets de la pandémie. En tout cas, il y a un arrêté qui a été signé et le processus continue parce que je ne veux pas que certaines ne reçoivent et se plaignent. Or, tout est mis en place pour être dans la transparence. C’est un arrêté qui est traçable. Ce n’est pas de l’argent manipulé. Chaque Fédération ou groupement sportif a reçu normalement cinq millions pour l’appui au fonctionnement. Pour le reste, poser le problème comme tel, l’Etat n’appuie pas la Ligue pro. Mais ceux qui ont des entreprises peuvent aussi dire la même chose parce que c’est le même «process» qui est d’investir et gagner de l’argent. Quand tu as ta société privée, tu construis et tu gagnes de l’argent, tu ne seras pas là à dire que l’Etat ne me donne pas de l’argent. L’Etat crée les conditions pour que tu puisses t’épanouir et que tu puisses gagner de l’argent. C’est la même chose avec la Ligue professionnelle. On fait des exceptions parce que c’est une nouveauté et c’est très dur parce qu’on sait comment ça fonctionne au niveau de nos clubs. C’est le président qui a de l’argent et qui gère. Mais normalement, si c’est bien structuré, quand on est membre du comité directeur on doit avoir des parts et pouvoir cotiser. Quand tu as l’argent, quand il faut gagner on gagne et quand il faut galérer on galère. C’est comme ça que ça doit marcher. Mais on va les aider. C’est sûr et certain.
Le sport perd du terrain de jour en jour à l’école. Vous en parlez souvent dans vos différentes interventions. Y a-t-il une réflexion en ce sens pour redémarrer le sport à la base ?
Je vous invite à faire le tour du Sénégal ou à faire des investigations poussées parce que ces trois dernières années, il y a un regain. Le sport scolaire renait au niveau des académies. Est-ce que vous savez qu’avant la Covid-19 chaque région organisait ce qu’on appelle un festival sportif scolaire ? Toutes les disciplines y sont pratiquées. C’est reparti parce qu’on avait un comité de relance des activités de l’Uassu (Ndlr, Union des associations sportives scolaires et universitaires). Aujourd’hui on a presque fini le texte instituant une Fédération du sport scolaire et une autre Fédération pour coordonner le sport universitaire. Nous sommes en train de mettre les bouchés doubles avec les ministères de l’Education et de la Formation professionnelle pour que le sport à l’école revienne totalement et occupe la place qui devrait être la sienne pour assurer la relève et permettre aux sportifs de faire la détection au niveau des activités du sport scolaire. Je me réjouis de voir ce qui se passe. Je suis allé à Kaffrine il y a de cela deux ans. J’ai su ce qui s’est passé à Matam parce que j’ai envoyé de l’appui et tout et chaque région, chaque académie est en train de faire de son mieux pour la relance de ses activités scolaires.
Ces dernières années, l’athlétisme ne produit plus de grands résultats alors que c’est la seule discipline qui a valu une médaille olympique du Sénégal. Qu’est-ce que votre département prévoit pour la relance de cette discipline qui est en train de mourir à petit feu ?
C’est vrai qu’on a des difficultés et il faut le reconnaitre. Je ne fais jamais dans la langue de bois parce que je sais que l’athlétisme connait des difficultés. Et c’est ça la vie de toutes les disciplines parce qu’il y a des moments où on peut traverser des zones de turbulence. Mais avec le nouveau président et tous les administratifs, ils se battent. C’est vrai qu’on est au-delà de l’organisation, de la détection, il y a aussi des difficultés pour trouver des pistes d’athlétisme. C’est pourquoi, au niveau du futur stade du Sénégal il est prévu une piste d’athlétisme avec une tribune de 2000 places pour permettre à ces jeunes Sénégalais de disposer d’une infrastructure leur permettant de pratiquer leur discipline de choix. Nous ne les abandonnons pas. Nous travaillons ensemble mais l’initiative doit venir des responsables de la Fédération. On a délégué les pouvoirs et on accompagne si des initiatives claires sont mises sur la table. On fait ce qu’on peut mais il faut que l’ensemble des responsables de fédérations et groupements sportifs, je le rappelle, sachent que c’est un produit qui leur a été donné. C’est à eux de vendre le produit et de le développer. Mais on ne peut pas tout attendre de l’Etat. Les initiatives doivent venir de la base et cette base c’est la Fédération. On n’a pas le droit de laisser cette discipline continuer à toucher le fond. Il faut qu’avec Amadou Dia Ba et son centre qui est là ainsi que ceux qui ont envie d’accompagner, il y ait une réflexion poussée. Mais l’initiative ce n’est pas le ministre des Sports qui doit la prendre. C’est la Fédération qui doit initier une journée de réflexion s’il le faut et voir ce qu’il faut prendre comme mesures fortes. Nous sommes très ouverts comme on le dit à l’ensemble des fédérations. Nous sommes là et nous attendons les propositions. S’ils tardent à le faire, là, le directeur des Sports pourra agir aussi pour les convoquer afin qu’on prenne certaines dispositions. Mais je dois reconnaitre qu’ils ne dorment pas. Je les suis à travers la presse et le président est en contact avec le Ministère. C’est vrai que la Covid-19 a beaucoup retardé les schémas mais avec cette tendance baissière nous espérons que d’ici le mois de mars il y aura beaucoup de dispositions prises pour relancer l’athlétisme. Vous me donnez l’occasion de relancer cet appel. Il faut que toutes les fédérations relancent leurs activités au niveau national parce que la promotion doit se faire au niveau national. Une Fédération, son job ce n’est pas d’avoir une équipe nationale qui fait le tour du monde. J’ai toujours dit en les taquinant que les présidents de fédérations ne doivent pas être mieux connus à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. Ils doivent aller partout dans les départements et communes pour faire la promotion de leur discipline. C’est comme ça qu’on fera de la détection. Il y a peut-être un athlète qui est à Fongolémi et si les gens ne vont pas là-bas pour lui donner sa chance, on ne le verra jamais. Et qu’on ne nous oppose pas le manque d’infrastructures sportives parce qu’il y a une amélioration. Beaucoup d’athlètes connus ont commencé dans la difficulté à un niveau zéro où il n’y avait pas d’infrastructures et pourtant ils sont là. Il faut inculquer aux jeunes que c’est dans la difficulté qu’on se forge. Il faut que les gens le comprennent comme ça. Mais c’est une grave erreur de penser que pour faire du sport, il faut avoir les mêmes conditions qu’en France. Nous ne sommes pas un pays développé. Nous sommes dans un pays où il y a beaucoup de difficultés et ces difficultés font que le sport ne peut pas être la sur-priorité de l’Etat. du Sénégal. C’est une priorité comme tous les secteurs mais il faut qu’ils comprennent qu’il y a beaucoup de priorités. Il y a la santé, l’éducation et les autres secteurs. Sadio Mané s’il attendait un gazon synthétique à Bambali ne serait jamais ce qu’il est aujourd’hui. Il a joué à Bambali alors qu’il n’y avait pas d’infrastructures sportives et pourtant il est là. Amadou Dia Ba, quand il commençait à courir, il n’avait pas vu de pistes d’athlétisme. Aujourd’hui, c’est le seul médaillé olympique. El Hadj Diouf a appris à jouer au football dans des terrains vagues mais pourquoi maintenant on nous parle de conditions. Je suis contre ceux qui pensent que les mêmes conditions à Liverpool, on peut les trouver à Thiès. Ce n’est pas possible. Il faut qu’on se réveille. Quand on quitte l’Europe pour venir en Afrique, il faut s’adapter. On a fait le tour de l’Afrique et on a vu des stades où il n’y avait même pas de poteaux de corner. Il fallait mettre des cailloux pour pouvoir le tenir et pourtant on a joué là-bas. Quand on rentre au Sénégal on perd un match ou quand il y a des déchets, les gens disent que c’est à cause du gazon et autres. Ça ce n’est pas vrai. Je suis un sportif, c’est pourquoi je parle aisément et sans gants. Quand on prend l’avion on doit abandonner ces conditions et s’adapter aux nouvelles.
Vous êtes maire de Fatick. Etes-vous candidat à votre réélection pour les prochaines élections locales ?
J’ai toujours dit et je ne changerai pas de position. Moi, je suis un militant discipliné. J’appartiens à une coalition, j’ai un leader politique qui était maire de Fatick et qui m’a passé le relais. Quand je le remplaçais je n’étais pas adjoint au maire, j’étais plutôt président de la commission coopération décentralisée. Je l’ai remplacé depuis 2012 et jamais je n’ai pris l’initiative de dire que je suis candidat. J’attends la décision de mon leader et tout schéma qu’il mettra en place, je serai devant. S’il continue à me faire confiance pour que je dirige la liste à Fatick parce que je suis le mandataire de la coalition Benno Bokk Yakaar et de mon parti, j’assumerai cette position et je gagnerai comme d’habitude haut la main.
Certains de vos détracteurs disent que votre bilan n’est pas positif, que leur répondez-vous ?
(Il nous interrompt) Ça ne les honore pas. Même s’il n’y avait rien à Fatick, ça n’honore aucun Fatickois d’essayer de salir l’image de sa ville. C’est suffisant pour montrer qu’ils n’aiment pas leur ville. Fatick que j’ai connu avant l’avènement du président Macky Sall et le Fatick que je connais aujourd’hui sont différents. Je n’ai pas besoin de dire qu’on a fait ceci ou cela, ça saute à l’œil nu. Fatick était un gros village. On traversait Fatick sans savoir qu’on a traversé une ville. Aujourd’hui, quand on traverse Fatick, on sait que ça c’est la ville du Chef de l’Etat et cela dans tous les domaines. Qui pensait qu’on aurait un campus scolaire à Fatick ? Nul n’aurait jamais osé l’imaginer ! Dans tous les domaines on excelle. Avant l’ouverture des classes, les fournitures sont mises en place. Il n’y a pas d’abris provisoires à Fatick. C’est la ville qui n’a pas d’abris provisoires. Pour l’éclairage, il y a 1000 lampadaires solaires qui viennent s’ajouter à l’existant. Il y avait un tracteur et des charrettes qui ramassaient les déchets. Aujourd’hui, il y a deux camions qui ramassent les ordures. Il y a un plan d’investissement de 11,5 milliards pour l’assainissement. Ce qu’on peut nous reprocher — et c’est malheureusement ce sur quoi nos adversaires se focalisent —c’est que les routes sont cahoteuses. Mais ça va être refait. Ce n’est pas la commune de Fatick qui a un budget de moins de 600 millions qui peut faire des routes. Mais l’Etat nous accompagne à les faire et ça va redémarrer pour qu’on remette à niveau nos routes. On doit tous, moi y compris, prier pour le président Macky Sall parce qu’il est l’artisan du développement de Fatick et celui du Sénégal. Qui parle de Fatick et du Sénégal parle forcément du président de la République Macky Sall. Vouloir un poste ou vouloir être maire ne doit pas pousser à dénigrer. Chacun a le droit d’avoir de l’ambition mais l’ambition ne doit pas rendre fous nos jeunes politiciens.