"NOS BESOINS POUR RIO ESTIMES À 700 MILLIONS FCFA"
Seydina Diagne, secrétaire général du CNOSS

De retour de mission à Rio de Janeiro il y a trois jours, le secrétaire général du Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) monte au créneau pour faire l’état des lieux par rapport aux préparatifs des olympiades du 5 au 21 août prochain. Seydina Diagne dit tout.
Quelle est la situation par rapport aux Jeux olympiques 2016 ?
Je peux dire, à l’issue de ma 3ème mission à Rio, que le Comité d’organisation est fin prêt parce que toutes les infrastructures ont été livrées à 99%. Beaucoup de disciplines sportives ont organisé les tests Events. ça s’est très bien passé que soit en canoë-kayak où un de nos athlètes, Jean Pierre Bourhis, s’est qualifié. Il a séjourné deux semaines à Rio au moment où j’y étais. Le cyclisme a déjà fait ses tests. Presque toutes les disciplines ont déjà terminé leurs tests. Actuellement, tout est fin prêt. Le village olympique est déjà fonctionnel. La population de Rio attend avec impatience toute la jeunesse mondiale pour le plus grand événement sportif au monde.
Est-ce que la situation politique au brésil ne risque pas de perturber le bon déroulement de ces Jeux de rio ?
Je ne crois pas que la situation politique influe sur l’organisation des Jeux. De toute façon, les décisions ont été prises depuis 7 ans. à l’heure actuelle, d’après les informations que j’ai, les autorités du Comité olympique sont en contact direct avec les autorités politiques du Brésil. C’est ce qui fait qu’il n’y a aucune crainte que la situation politique déteigne sur le déroulement des JO. Ces Jeux seront bien organisés et nous serons accueillis par les plus hautes autorités politiques du Brésil. Nous sommes en contact direct et permanent avec notre ambassadeur au Brésil, Abibou Ndiaye.
Depuis la destitution de la Présidente Dilma ROUSSEF, ses partisans organisent des manifestations à travers le pays. Ne pensez-vous pas qu’ils puissent troubler les Jo ?
Non, les gens savent que les Jeux olympiques représentent le grand événement sportif mondial. Quand on rencontre la population brésilienne, on se rend compte qu’elle adhère à ces Jeux. Ils savent aussi que l’héritage des Jeux sera très bénéfique au Brésil. Si vous allez là-bas, vous allez vous rendre compte qu’il y a beaucoup d’infrastructures extra sportives. De nouveaux métros, de nouvelles routes et de nouveaux hôtels ont été construits et vont servir à la population. Les Brésiliens nous attendent avec beaucoup d’engouement.
Il y a aussi le cas de l’épidémie Zika. vous confirmez que des mesures sont prises pour éviter tout problème sanitaire ?
A ce niveau, je peux aussi vous dire que le CIO a travaillé en parfaite collaboration avec l’OMS et les autorités sanitaires du Brésil. Toutes les mesures ont été déjà prises pour que les gens soient dans les meilleures conditions sanitaires. La maladie n’évolue plus. Elle est bien maîtrisée. Il n’y a pas de crainte à ce niveau. Quand on voit tous les efforts consentis par le CIO, l’OMS et les autorités sanitaires du Brésil, on peut dire qu’il n’y a pas de crainte.
À ce jour, le Sénégal compte 18 athlètes qualifiés aux Jo de rio alors qu’à ceux de Londres 2012, la délégation sénégalaise était composée de 32 athlètes…
On aurait pu à l’heure actuelle dépasser ce nombre. Si les footballeurs étaient qualifiés, on aurait pu arriver à 36 athlètes parce que le football, c’est 18 athlètes. C’est dommage. On a perdu chez nous une compétition qu’on aurait pu gagner. Mais nous nous ne sommes pas découragés. Il y a toujours des athlètes qui sont en phase de se qualifier.
Justement, dans quelles autres disciplines le CNOSS s’attend-il à voir d’autres athlètes sénégalais décrocher la qualification ?
Si je prends le cas des deux premières disciplines olympiques, notamment l’athlétisme et la natation qui, d’après le règlement, ont jusqu’au 13 juillet pour qualifier leurs athlètes, je pense que la saison de l’athlétisme en salle est déjà fermée… Vous avez vu que les gens ont déjà commencé les meetings. Certains de nos athlètes ont commencé à prendre part à certains meetings. nous avons vu que certains ont réalisé de belles performances. Amy Sène (spécialiste du lancer du marteau) est à 67 mètres et quelques. Elle est très proche de la qualification. Si on continue à travailler, on peut encore avoir 6 à 8 athlètes qualifiés. En natation, Abdoul Khadre Mbaye Niang, Malick Fall et d’autres peuvent encore se qualifier. Au-delà, on a aussi les wild-cards. Si nous prenons le cas du tir, deux athlètes ont réalisé les minima : Clément Fakhoury et Sinna Niang. Mais, dans leurs catégories respectives, il faut être premier. Il ne s’agit pas seulement de faire les minima, il faut avoir un bon classement. à l’heure actuelle, nous avons fait une demande auprès de la Fédération internationale de tir et auprès du CIO qui vont se réunir pour déterminer s’ils vont nous en faire bénéficier. nous sommes le seul pays au sud du Sahara à avoir fait les minima. Nous avons bon espoir que Clément Fakhoury et Sinna Niang seront avec nous aux JO. Si nous n’arrivons pas à qualifier d’autres athlètes au niveau de nos compétitions, il y a ce qu’on appelle une discrimination positive dont bénéficient l’athlétisme et la natation. ça fera qu’au minimum, nous aurons un garçon et une fille aussi bien pour l’athlétisme que la natation. Ce qui nous fera 22 athlètes pour les JO d’été et un autre athlète sur qui nous comptons beaucoup : le jeune Youssou Diouf qualifié au Jeux paralympiques.
Pour la 30ème édition des Jeux de Londres, l’État du Sénégal avait dégagé un 400 millions fcfa. qu’en sera-t-il pour rio ?
Pour Rio, au départ nous étions sur un budget de 400 millions FCFA. On a eu une très heureuse surprise de la part du Président Macky Sall que je remercie au passage. Lors d’un Conseil des ministres, il y a un mois, il a fait un communiqué pour donner des instructions fermes au Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne pour qu’un Conseil ministériel spécial soit organisé avec le Comité olympique pour qu’on pose l’ensemble des problèmes, tant au niveau de la préparation que de la participation. à ce niveau, je peux dire que nos besoins sont à 700 millions FCFA. nous n’avons aucun doute que le gouvernement du Sénégal, compte tenu de l’importance que le Président Macky Sall accorde à la jeunesse, mettra à notre disposition cette somme pour que la délégation soit dans les meilleures conditions possibles.
À quand ce conseil ministériel sur les Jo ?
Ce Conseil n’a pas encore vu le jour mais nous sommes en train de travailler avec les services de la Primature. Pas plus tard que mercredi, le conseiller en sport m’a saisi. Le président Diagna Ndiaye est en contact permanent avec le Premier ministre avec qui il entretient de bonnes relations. Je pense que d’ici une dizaine de jours, le Conseil va se tenir pour parler de ce que nous allons faire lors des Jeux olympiques. nous travaillons aussi en parfaite synergie avec le ministère des Sports. Le ministre Matar Bâ que je remercie. Le Comité olympique n’est jamais allé aussi loin avec un ministre des Sports. nous participons du début à la fin à l’élaboration du budget. Au niveau de l’exécution du budget des Jeux olympiques, nous avons un oeil sur ça. On nous informe sur tout ce qui se passe.
C’est une bonne chose de participer aux Jeux olympiques, mais ce serait encore mieux de revenir avec des médailles…
Tous ceux qui participent projettent de remporter des médailles. C’est pourquoi nous essayons à la mesure de nos moyens de mettre nos athlètes dans de bonnes conditions. Je refuse qu’on mette la pression sur les athlètes. Depuis 2007, je suis chef de mission des Jeux olympiques. Je refuse qu’on désigne tel athlète comme futur médaillé. L’expérience a montré que c’est l’effet contraire qui se produit. Quand l’athlète est trop mis au-devant, il a la pression. ça peut inhiber ses capacités. nous n’avons pas commencé à préparer nos athlètes maintenant. Beaucoup de nos athlètes ont une bourse olympique depuis 2013. Certains de nos athlètes qualifiés sont entièrement boursiers olympiques. C’est le cas de Balla Dièye, Hortance Diédhiou, Isabelle Sambou et d’autres athlètes en quête de qualification. Jean Pierre Boris et Adama Diatta vont bénéficier à partir ce mois d’une bourse olympique. nous essayons de mettre nos athlètes dans de bonnes conditions.
À combien s’élève la bourse olympique ?
Elle s’élève à 4.000 dollars (2 millions FCFA) que nous remettons à l’athlète tous les 4 mois. nous pensons que pour la prise en charge d’un athlète, la bourse olympique ne suffit pas. C’est pourquoi le Comité olympique les appuie. Il y a deux options. Pour les athlètes boursiers olympiques qualifiés, nous leur versons 500 euros (environ 325.000 FCFA). nous prenons aussi en charge leur préparation. Quand un athlète veut participer à un meeting, le Comité national olympique paye son billet d’avion, son séjour et les frais d’hôtel pour le mettre dans de bonnes conditions. Pour les athlètes non boursiers qui sont qualifiés ou qui sont en phase de qualification, ils reçoivent du Comité olympique 1000 euros par mois (environ 650.000 FCFA) que nous versons dans un compte pour leur permettre de bien se préparer. Et cette somme sera versée jusqu’en fin juillet 2016. Cela n’a rien à voir avec les primes de médaille. Pour les prochains JO, tout médaillé d’or côté sénégalais aura 7 millions FCFA, 5 millions FCFA pour la médaille d’argent et 3 millions FCFA pour la médaille de bronze.