VIDEODIALOGUE DE SOURDS ENTRE L’ÉTAT ET LES FAMILLES DES VICTIMES
12e ANNIVERSAIRE DU "JOOLA"
Entre le gouvernement et les familles des victimes du naufrage du "Joola", on ne parle plus le même langage. Devant les préoccupations des familles, le ministre des Forces armées a préféré parler de désenclavement et de retour de la paix en Casamance.
Le 12e anniversaire du naufrage du bateau le "Joola" a vécu, hier, dans la capitale méridionale du pays. La gare maritime de Ziguinchor d’où est parti le ferry, le 26 septembre 2002, a servi de cadre à la manifestation présidée par le ministre des Forces armées, en présence de quelques membres du gouvernement, des autorités administratives, politiques, militaires et des familles des victimes.
Sobriété, recueillement et prières ont rythmé la célébration au cours de laquelle les familles des victimes, par la voix du président de l’association nationale, ont réitéré leur demande d’érection d’un musée mémorial à Dakar et à Ziguinchor. "A ceux-là qui suggèrent d’oublier (....) Nous répondrons que jamais le Joola ne saurait être oublié. Le Sénégal doit retenir le naufrage du Joola ; une histoire écrite par nos propres mains", a indiqué Moussa Cissokho.
Le président de l’association a soutenu que plus d’un millier d’enfants ont été laissés en rade, dans le cadre de la prise en charge promise par l’Etat du Sénégal et qui a démarré en 2012. "Je demande à l’Etat de rétablir ces enfants dans leur droit", a-t-il déclaré. Auparavant, le 1er adjoint au maire de Ziguinchor, qui parlait au nom d’Abdoulaye Baldé absent de la capitale méridionale du pays, a insisté sur la "nécessité d’accorder une attention particulière aux pupilles, même celles qui sont majeures".
"L’heure de la paix a sonné"
Pour toutes ces questions évoquées, comme celles qui se trouvent dans le mémorandum remis au président de la République, lors du Conseil interministériel tenu à Ziguinchor en 2012, le ministre des Forces armées, qui représentait le gouvernement, a préféré ne pas répondre, évoquant les efforts consentis dans le cadre des indemnisations des familles et de la prise en charge des pupilles mineures.
Augustin Tine a, par ailleurs, évoqué le désenclavement de la région de Casamance. Sur ce point, il a informé du démarrage prochain de la construction du pont sur le fleuve Gambie, la construction d’infrastructures routières, mais également la mise à flot des bateaux "Adjène et Diambone pour rendre la traversée plus fluide". La réhabilitation de l’île de Carabane, tout comme la nouvelle politique d’orientation des bacheliers de la région sud, sont autant de mesures énoncées, hier, à Ziguinchor, par le ministre des Forces armées.
Profitant de l’opportunité, Augustin Tine a rappelé que "l’heure de la paix a sonné". "Il est temps de matérialiser cette paix", a-t-il déclaré, laissant sur leur faim de nombreuses familles et l’association des victimes qui s’attendaient à ce qu’il dise un mot sur les questions soulevées.