DR MAGUETTE BÂ, PREMIER MÉDECIN SÉNÉGALAIS À RÉUSSIR UN PONTAGE CORONARIEN
CHIRURGIE CARDIAQUE
Mamadou Cissé |
Publication 05/11/2014
Un pontage coronarien. C’est ce que vient de réussir, pour la première fois dans la sous-région, un médecin sénégalais. Il s’agit du Dr Maguette Bâ. L’opération qui s’est déroulée à la clinique du Cap, à Dakar, est un réel progrès dans la prise en charge des malades cardiaques au Sénégal et a satisfait beaucoup de spécialistes, dont le Pr. Abdou Bâ, cardiologue.
Pour la première fois, un malade souffrant d’insuffisance coronarienne a été exploré (par coronarographie) sur place et opéré par une équipe de chirurgiens sénégalais à Dakar.
Un réel pas en avant. Car, jusque-là, l’évacuation sanitaire vers d’autres pays (Maghreb et France) constituait la seule alternative pour les patients porteurs d’insuffisance coronarienne et devant bénéficier d’une revascularisation chirurgicale.
Cette première constitue donc un réel espoir pour de nombreux malades du Sénégal et de la sous-région qui, désormais, pourront bénéficier de cette technique de traitement au Sénégal.
Selon Dr Maguette Bâ que nous avons interrogé, « le pontage coronaire permet de rétablir la circulation sanguine en aval d’une artère coronaire rétrécie ou bouchée ».
Les artères coronaires sont celles nourricières du cœur qui apportent au muscle cardiaque du sang riche en oxygène. Pour Dr Bâ, lorsqu’une ou plusieurs de ces artères sont obstruées, l’approvisionnement du cœur en oxygène est réduit. L’obstruction de l’artère coronaire peut se faire lentement et partiellement.
Dans ce cas, le malade ressent des douleurs à la poitrine qu’on appelle aussi angine de poitrine ou angor. Lorsque l’obstruction de l’artère coronaire est complète, les cellules musculaires cardiaques commencent à mourir : c’est l’infarctus du myocarde qui peut, au pire, être à l’origine d’une mort subite en fonction de l’étendue du territoire infarci et de la brutalité de l’accident aigu.
Le pontage permet donc d’éviter ces complications en apportant du sang oxygéné au muscle cardiaque en aval de l’obstruction par le biais d’un segment de veine prélevé à la jambe ou d’une artère mammaire qui passe sous le sternum.
De l’avis du Pr. Serigne Abdou Bâ, titulaire de la chaire de Cardiologie à la Faculté de médecine de l’Ucad et président de la Société sénégalaise de cardiologie, « la maladie coronaire (angine de poitrine, infarctus du myocarde plus communément appelé crise cardiaque) est une affection en progression constante dans nos lits d’hospitalisation. Sa prévalence est passée de 5% en1988 à14% en 2012 dans le service de cardiologie du Chu Le Dantec ».
« Le traitement, a-t-il souligné, comportait essentiellement des médicaments. Aujourd’hui, la coronarographie qui permet de visualiser les artères du cœur est disponible. Elle nous donne accès à d’autres choix thérapeutiques, à savoir la dilatation des artères coronaires et la pose de stent ou d’endoprothèses coronaires réalisés par les cardiologues, mais aussi à la chirurgie de pontage aorto-coronaire réalisée par les chirurgiens cardiaques ».
Toujours selon lui, Dr Maguette Bâ et son équipe viennent de réaliser leur première opération de pontage aorto- coronaire. Il est le premier chirurgien cardiaque sénégalais, à notre connaissance, à avoir réalisé ce type d’opération à Dakar.
L’offre de soins s’élargit donc avec ce dernier qui est une très fine lame en matière de chirurgie cardiaque, a laissé entendre le Pr. Abdou Bâ.
