MULTIPLE PHOTOSIMPRESSIONS SUBJECTIVES DU DAK’ART 2014
Que retenir de cette édition, en dehors des polémiques désolantes internes à l’organisation ? Mon premier DaK’Art date de 1996, suivi de bien d’autres… La Biennale s’est refermée et j’ai classé mes clichés préférés. Choix très personnels, n’ayant pu voir toutes les expositions proposées en Off.
Je redécouvre des géants comme Abdoulaye Konaté et son travail éblouissant sur les textiles. Expression des tensions politiques et religieuses avec ces couteaux volants.(1).
Un autre géant commémoré à travers l’exposition rétrospective de Moustapha Dime, ma révélation en 1996. Emotion, poésie des patines des bois par la mer et support d’un ésotérisme universel.(2)
Une confirmation parmi les grands avec les Masques de Moussa Tine. Plasticien déjà apprécié au Cameroun. Suite de masques en pied de toile géante à fond ocre.(3).
Cette édition fit la part belle à la photographie : celle solennelle et d’actualité : Fabrice Monteiro Holy 1 & 2 (4), celle grave; Ingrid Mwangui Robert Hutter,Voile (5), ou gaie et impertinente, Myette Fauchère –Portrait Caméléon (6).
Les installations sont nombreuses telle que l’empilement de bonbonnes de gaz, porteuses de messages : Justine Gaga –Indignation (7).
Les matières sont révélées : Terres de Popenguine d’Ulrike Arnold-Matériaux de travail et Terre en toile(8.1-8.2)). Peinture d’aspect rupestre à partir des pigments terreux.La toile parait vivante. Coton tissé avec des câbles de cuivre.Johanna Bramble –Pensées tissées (9). Un savoir traditionnel, très technique, évoluant à partir du mélange de graphisme et matériaux nouveaux.
Et puis, je remarque quelques toiles surprenantes de fraîcheur aux techniques précises : Ange Sawa et son Penchant(10), magistral, ou encore déroutant comme Ismaîla Manga et ses femmes arbres (11).
Et pour conclure une ouverture reliant les monde avec Imago Mundi. Archivage de graphismes et de couleurs des différents continents. Explosion de vie. Une motion spéciale pour l’Australie (12) dont l’idée que les rêves chers aux aborigènes soient arrivés jusqu’à Dakar m’émeut.
Je confirme, le Dak’Art se doit de continuer avec enthousiasme.
J’ai ressenti lors de cette édition, l’émergence d’une nouvelle génération (Les petites Pierres) qui doivent se faire leur place face aux confirmés devenus des institutions. Il m'apparaît également, la franche reconnaissance et l’ouverture par les sénégalais aux plasticiens d’autres pays. Et puis je ne peux m'empécher de noter la grande liberté des thèmes abordés.
Pour terminer, je dois dire que cet évènement qualifiant la ville doit réussir à mieux intégrer les résidents de Dakar. La biennale ne doit pas se limiter à n'être qu’une rencontre d’initiés étrangers saupoudrée d’un petit milieu dakarois. Heureusement, la rencontre d’élèves studieux menés par des instituteurs visitant les expositions de la place du Souvenir m’a presque fait oublier cette même place, désertique lors de spectacles le jour d’avant et les salles d’exposition fermées à plusieurs reprises.
Danièle Diwouta-Kotto est architecte à Douala au Cameroun