L’ARENE NATIONALE AU TECHNOPOLE, UNE INJUSTICE SOCIALE
Ils ont raison, les maraichers qui exploitent une portion des terrains destinés au projet d’érection de l’arène nationale sur le site du Technopole. Aucune somme d’argent ne pourrait compenser la perte de la principale source des revenus qu’ils tirent de la vente de légumes et qui leur permettent d’entretenir leurs familles.
Déposséder ces maraichers de leurs exploitations constituerait donc une injustice sociale, injustifiée puisque d’autres sites pourraient accueillir le projet. Cela serait d’autant plus inacceptable que l’on connait maintenant l’importance cruciale de ce type d’agriculture familiale périurbaine dans la recherche de sécurité alimentaire pour le Sénégal.
Il s’agit en outre d’une zone humide marécageuse qui devrait être «non aeficandi» et dont le remblais pour la construction d’une infrastructure aussi lourde qu’une arène de plus de 10.000 places, contribuera certainement à l’inondation de la zone en période d’hivernage.
Par contre, la mairie de la localité a révélé l’existence d’un projet de complexe sportif et culturel, terrains de basket et de football, parcours sportifs et centres culturels notamment, qui font cruellement défaut à Dakar, surtout dans cette partie de la ville. De telles réalisations seraient légères, ne bouleverseraient pas l’environnement et coexisteraient agréablement avec les exploitations maraichères. Le projet de la mairie pourrait ainsi s’inscrire harmonieusement dans la perspective de «ville durable» qui devrait être celle du développement urbanistique de la ville de Dakar.
Le Technopole de Dakar constitue en effet l’un des rares espaces périurbains encore disponibles que l’on pourrait aménager avec des plantations d’arbres, des espaces d’eau, des aires de promenades en un ensemble qui contribuerait à dépolluer l’air tout en offrant aux habitants un cadre agréable de rencontre, de socialisation et de loisirs. Un tel projet s’inscrirait parfaitement dans l’objectif de «l’Agenda 21» proposé aux collectivités locales du monde entier par l’Organisation des Nations Unies (Onu), à l’occasion de la Conférence de Rio de 1992 et dont notre pays est signataire.
Des projets «Agenda local 21» sont d’ailleurs censés avoir été mis en œuvre à Louga depuis 1998 et à Saint-Louis, Matam, Tivaouane et Guédiawaye, notamment depuis 2004. En attendant le bilan des activités entreprises dans ces localités, ne devrait-on pas déjà adopter l’approche participative préconisée par l’Agenda 21 ? Impliquer dans le choix des projets urbains et de leurs lieux d’implantation, les associations et Ong de femmes, de jeunes, les organisations professionnelles ?
Ce faisant, en mettant véritablement les citoyens au centre de l’aménagement urbain, ne se donnera-t-on pas les moyens de mieux articuler les différentes politiques exprimées, notamment à travers l’Agenda 21, la Stratégie nationale de développement durable et le document de Stratégie de réduction de la pauvreté ?
Il faut convenir que les arguments avancés, contre l’érection de l’arène nationale sur le site du Technopole, d’une part par les maraichers et d’autre part par la mairie, sont en accord avec l’option du «développement durable» et sont tout à fait en phase avec les engagements souscrits par le Sénégal, notamment à travers l’Agenda 21.