LE MAL DU TOURISME SÉNÉGALAIS
BAISSE DES ENTRÉES, CHUTE DE RECETTES, MANQUE DE VISIBILITÉ… UN SECTEUR NOSTALGIQUE DE SES BEAUX JOURS
Malgré ses importants atouts, le secteur touristique sénégalais va mal. Après avoir connu de beaux jours, il a sombré ces dernières années dans une profonde léthargie marquée par une chute libre des entrées qui peinent aujourd’hui à dépasser les 100.000 touristes par an. L’ambition de l’Etat est d’inverser la tendance en misant sur une politique de promotion de la destination Sénégal pour faire du secteur touristique un important pilier du développement économique et social du pays.
L’ambition des nouvelles autorités est de faire du Sénégal une destination touristique très prisée et d’améliorer son rang dans le classement de l’Organisation mondiale du tourisme (Omt). En effet, malgré ses énormes atouts naturels, historiques, et culturels, le Sénégal est placé à la 37ème position sur 140 pays. Le secteur, qui a connu de beaux jours dans les années 70, sombre aujourd’hui dans une profonde léthargie. L’industrie touristique sénégalaise n’est plus ce qu’elle était dans les années 70, période durant laquelle les statistiques affichaient annuellement pas moins de neuf millions de touristes.
Actuellement, le secteur est en chute libre et peine à dépasser les 100.000 touristes par an. A l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar, les entrées sont passées de 78.652 en janvier 2012 à 51.602 en janvier 2013. Cette baisse drastique des entrées s’est répercutée malheureusement aussi sur les recettes tirées du secteur qui représentait un chiffre d’affaires de 300 milliards de francs Cfa.
Les raisons de cette situation sont diversement appréciées par les acteurs touristiques. Si pour certains cette crise est liée à une mauvaise politique de développement touristique, d’autres indexent la concurrence déloyale et la cherté du coût de la vie dans les zones touristiques. Pour bon nombre d’acteurs, le tourisme manque de visibilité. Ce secteur pourvoyeur de devises et d’emplois se souffre aussi de la succession de ministres mais surtout le manque d’articulations entre les différentes études et de planifications. L’application de la réciprocité du visa à partir du 1er juillet 2013 a également suscité beaucoup d’inquiétudes chez les acteurs nationaux dont la plupart craignent un manque à gagner pour les petites structures touristiques. Cette mesure est jugée inopportune par des acteurs touristiques, estimant qu’elle pourrait faire perdre au tourisme sénégalais entre 88 et 107 milliards de FCfa et constituer une menace sérieuse pour plus de 1600 emplois.
Investissements et partenariats public-privé
Toutefois, le retour du ministère du Tourisme et des Transports aériens qui traduit la nouvelle politique touristique de l’Etat redonne de l’espoir aux différents acteurs qui attendent des actions fortes susceptibles de ressusciter le secteur et lui redonner un nouveau dynamisme. Dans cette perspective, le chef de l’Etat, le président Macky Sall, a, lors d’un Conseil des ministres tenu le jeudi 10 octobre 2013, réaffirmé son engagement et sa volonté à développer le secteur touristique et en faire un des piliers du développement économique et social du pays. Le président de la République a invité le gouvernement « à redoubler de réactivité », dans le volet promotion de la destination Sénégal, comme instrument majeur de relance du secteur.
Lors d’une rencontre avec le secteur privé, dans le cadre des visites des structures relevant de son département, le nouveau ministre du Tourisme et des Transports aériens, Oumar Guèye, a réaffirmé la volonté du gouvernement d’aider les acteurs touristiques privés à mieux s’impliquer dans la promotion du tourisme. L’Etat veut ainsi impliquer le secteur privé dans la recherche de solutions pour relever le défi d’atteindre l’objectif de 1,5 million de touristes d’ici à 2016. L’autre défi, c’est aussi promouvoir un tourisme responsable, sain, durable et profitable aux nationaux.