LE SOUS-DÉVELOPPEMENT DE L’ESPRIT
La majorité des jeunes Sénégalais aiment s’apitoyer sur leur sort et ne se demandent jamais ce qu’ils peuvent faire pour améliorer leurs conditions d’existence. Certes, la vie n’est pas toujours facile, mais est-ce réellement une raison pour renoncer à nos obligations de tous les jours ?
S’asseoir autour du fameux barada et se livrer systématiquement à une critique acerbe et pas toujours objective de nos dirigeants, il n’y a rien de plus facile. Et le prétexte est toujours le même : les autorités étatiques sont les uniques responsables des maux dont souffrent les populations innocentes.
Jugement ne saurait être aussi arbitraire, simpliste, et inutilement accusateur, car dans un pays où prévaut une relative démocratie, chaque citoyen a son mot à dire dans la gestion des affaires de la Cité. Mieux, le citoyen doit en permanence s’efforcer de contribuer activement à la construction de l’édifice, c’est-à-dire au développement de son pays.
La jeunesse sénégalaise est entièrement responsable du devenir de ce pays. Cette jeunesse qui a récemment joué le rôle de bouclier contre une certaine dévolution monarchique et qui a servi de levier au changement de régimes politiques, doit aujourd’hui assumer une responsabilité majeure.
Une responsabilité qui se veut historique dans le processus de prise en charge des préoccupations nationales, sous-régionales et continentales. Et le psychologue écrivain Frantz Fanon confirme cela lorsqu’il déclare que «chaque génération dans sa relative opacité doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir».
L’époque des hésitations, des doutes et des considérations futiles devrait pouvoir être dépassée pour enfin laisser la place au renouveau et au changement véritables. L’espoir est permis, et cela pour plusieurs raisons.
D’abord, en tant que jeunes patriotes engagés pour la cause nationale en particulier, et pour la cause africaine en général, nous devons avoir cette hauteur consistant à dépasser foncièrement toute superstition dont le fondement serait la croyance en une certaine malédiction de notre chère Afrique.
En effet, il est tout à fait insensé de croire que le continent noir est condamné à subir éternellement les sévices des génocides, des conflits fratricides, de la pauvreté, de la famine et la liste est loin d’être exhaustive. L’histoire ne nous apprend-elle pas que de brillantes civilisations et de grands empires ont vu le jour en Afrique depuis les temps les plus reculés de notre histoire ?
A cela s’ajoute le fait que «c’est une des lois de l’histoire que tous les moments de doute et de décadence ont été suivis de périodes de renaissance», pour reprendre les propos de Jean de La Fontaine.
Par conséquent, au lieu de susciter un sentiment de désespoir et de désarroi total, la situation actuelle de notre pays, qui est à l’image de notre continent doit, au contraire, nous motiver à travailler davantage, mais aussi à respecter et à préserver les valeurs édificatrices d’une Afrique émergente.