LES RÉQUISITIONS DE BENNO
La coalition présidentielle met en garde les transhumants et réclame la poursuite de la traque aux biens mal acquis
Le procès de Karim Wade constitue un tournant dans les rapports entre gouvernants et citoyens. C'est ce qui ressort de la rencontre entre Benno Bokk Yaakaar (BBY ) et les avocats de l'État. La coalition présidentielle veut amorcer un nouveau virage pour la transparence. Mais les récents mouvements de transhumance vers l'Apr se sont invités dans les débats.
Benno Bokk Yaakaar ne veut pas subir les contrecoups de la vague de transhumance enregistrée ces derniers jours. La coalition veut donner des gages de son engagement pour la bonne gouvernance. De l'avis des partisans et alliés du président Macky Sall, ces nouvelles adhésions ne devraient pas arrêter l'élan de transparence dont la condamnation de Karim n'est que le commencement.
"Ce qui est sûr, c'est que la traque va continuer. Les personnes épinglées, même si elles sont de l'Apr, seront poursuivies. C'est clair et net ! Le président a réaffirmé à maintes reprises qu'il ne protégerait personne. Nous qui sommes avec lui, veillerons à ce que personne ne soit protégé", a défendu le député de la majorité, Abdou Mbow, porte-parole adjoint de l'Apr.
Hier, en marge de la rencontre entre avocats de l'État dans le procès de Karim et la coalition Bby, le parlementaire a averti les transfuges politiques que la priorité est à l'assistance à Macky Sall dans sa mission de développement du pays. "Toute personne qui vient pour ses intérêts personnels verra son rêve s'effondrer", ajoute-t-il.
Mamadou Ndoye est dans cette même lancée, refusant de personnaliser le débat sur les éventuels passifs des transhumants. Le leader de la Ld de clarifier : "Nous n'avons pas parlé d'une personne à Bby. Nous avons dit : quelle que soit la personne qui pille le pays, elle doit être poursuivie. Qu'elle soit un allié actuel, ou moi-même qui vous parle, elle doit être poursuivie", a-t-il dit, répondant aux questions sur les mécomptes de certains 'néo-apéristes'.
Il n'empêche que le parti au pouvoir (Apr) entend profiter de ces fluctuations pour élargir sa base. Toute personne qui pense apporter quelque chose au président pour l'émergence du pays est la bienvenue.
"Toujours est-il que nous sommes dans un pays où l'adhésion à un parti politique est libre et quand on pense s'épanouir dans tel ou tel cadre, il faut assumer cette responsabilité. Il n'est pas question d'encourager telle ou telle autre pratique. L'important est que la personne qui intègre l'Apr soit capable d'apporter une plus-value à ce que nous faisons. Macky Sall met en œuvre le Plan Sénégal Emergent et ceci ne rime pas avec exclusion des Sénégalais", croit savoir Abdou Mbow.
"Karim a bien pris de l'argent"
Sur un autre registre, la coalition Benno Bokk Yaakaar soutient être en phase avec la justice sur la condamnation du fils de l'ancien président de la République Abdoulaye Wade. "Il n'y a pas de doute sur sa culpabilité. Karim Wade a bien pris de l'argent. Les enquêtes menées ont confirmé, à travers ses comptes, son patrimoine personnel, et les sociétés-écrans créées par lui ont été mises à nu au cours du procès", a déclaré Mamadou Ndoye, porte-parole du jour de Bby.
Au terme d'une rencontre, à huis clos, avec les avocats de l'État et ce cadre politique, les alliés du parti au pouvoir se sont fait les avocats de la lutte contre l'enrichissement illicite au Sénégal. Après audition des avocats de l'État pendant plus de deux tours d'horloge, ils sont arrivés à la conclusion que Karim Wade est fautif. Commentant l'après-procès, M. Ndoye s'est appesanti sur les retombées avantageuses de cette affaire. Pour le secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld), l'enjeu principal de ce procès "est le développement et la survie des peuples africains. Tant qu'il y aura une élite qui prend le pouvoir pour s'enrichir, pour piller les ressources au lieu de les investir, nos pays n'iront pas loin", soutient-il.
A ce titre, l'institution qu'est la Cour de répression de l'enrichissement illicite est "opportune et adéquate, en concordance avec des conventions internationales comme celles de Maputo", soutient-il en réponse aux critiques sur la Crei. "Il n'y a pas de possibilité d'amalgame de la justice. Les avocats, d'un côté comme de l'autre, défendent un dossier", poursuit le porte-parole.
130 milliards d'amende
En vertu d'une amende sur la peine, les 69 milliards retenus par la Cour sont doublés à 130 milliards, renseigne le leader de la gauche. Pour qui le jugement ne peut faire l'objet de doute puisque les fluctuations dans les sommes annoncées çà et là ne sont pas l'œuvre de la Crei. "La justice n'a jamais parlé de 2 000 milliards, ce sont des déclarations politiques. Ce qui ne justifie pas qu'on crache sur 130 milliards. Avec cette somme, un million de bourses peuvent être distribuées pendant 4 trimestres", a conclu Mamadou Ndoye.