THIÈS PATAUGE
Première pluie et ses conséquences
La Cité du Rail a enregistré ses premières pluies avant-hier et déjà la ville est inondée. A Hersent, Sampathé, Grand Thiès, Aiglon, Diakhao, Keur Mame El Hadji, les populations pataugent.
Visage renfrogné, mine défaite, Oumy Ly retire ses documents qui flottent sur les eaux de la pluie qui s’est abattue sur la Cité du Rail ce jeudi. Insulte à la bouche, l’étudiante à l’Iseg de Thiès explique qu’elle a été informée depuis qu’elle a déménagé à Aiglon qu’il allait y avoir des inondations.
«J’ai informé le propriétaire pour qu’il élève un peu plus le niveau de l’entrée de la maison par rapport à celui de la rue pour éviter les eaux de ruissellement.» Mais regrette-telle, l’alerte a été sans effet. «Il est venu ce matin (hier), dit-elle, en médecin après la mort pour faire dresser un muret sur la porte d’entrée.»
Dans ce quartier en plein cœur de la ville, les populations sont agressées par les eaux qui transforment leur environnement en un véritable lac artificiel alimenté par les fortes précipitations enregistrées et estimées à 94 millimètres par les autorités administratives.
A l’image d’Aiglon, le quartier Keur Mame El Hadji est aussi sous les eaux. Ici, c’est la grande désolation après les pluies qui ont arrosé la ville entre 16 heures et 18 heures, ce jeudi, obligeant des familles entières à quitter leurs maisons. Ndèye Sokhna Ndiéguène, dont la famille est allée se réfugier dans une maison à étage du voisinage pour échapper aux eaux, décrit son calvaire.
Pour elle, la mairie de Thiès Nord est responsable de tous ces maux. Les autorités municipales n’ont pas procédé à temps au curage des caniveaux, s’indigne une mère de famille dont le domicile est en proie aux eaux. Idem au quartier Grand Thiès, non loin du cimetière Madoki. Ici, les populations ne sont pas surprises :
«Les inondations ne nous étonnent pas parce que cette année nous avons constaté que les caniveaux ne sont pas curés. Il y a eu beaucoup d’eau, il y a eu beaucoup de dégâts. C’est vraiment dommage», regrette Saliou Ndiaye.
Dans sa diatribe, il poursuit pour dire : «La ville est très propre, je pensais que cette propreté n’était pas que superficielle, mais qu’elle était aussi de mise à l’intérieur et jusqu’au système d’évacuation des eaux usées et de ruissellement». Et, fulmine-t-il, «ce n’était pas le cas». De l’avis de ce trentenaire, il faudrait que les autorités municipales se saisissent de ce problème parce que l’hivernage ne fait que commencer. «Et déjà ça devient très inquiétant, regrette-t-il. C’est grave.»
Comme lui, plusieurs habitants du quartier Hersent souffrent dans leur chair. «Il y a eu beaucoup de cas d’inondations pour une première pluie», se lamente Moussa Kanté. Ce professeur à la retraite de souligner qu’il faut dès maintenant que les autorités municipales se préparent à déblayer les caniveaux. Car, informe-t-il, «parce que Thiès est une ville coloniale qui a beaucoup de conduites d’eau, beaucoup d’endroits où l’eau passe, je pense que la mairie doit prendre ses dispositions avec l’Etat du Sénégal pour qu’il n’y ait plus d’inondation».
Que dire de la Chambre de commerce prise dans les eaux ? Le quartier Nguinth, n’en parlons pas puisque même en saison sèche, ce quartier flotte et les populations vivent une sorte de déluge continu depuis dix ans. Elles vivent l’inondation au quotidien et à longueur d’années.
A la mairie ville de Thiès, c’est motus et bouche cousue. Talla Sylla est absent. Et des agents du service technique de la municipalité, trouvés sur place, soutiennent que les inondations dans certains quartiers de Thiès sont normales.
Notamment à Nguinth et Sampathé. Ils expliquent que ces quartiers sont impropres à l’habitation parce qu’étant des zones marécageuses où la nappe affleure à longueur d’année. Pour le curage des caniveaux, ils nous renvoient simplement au responsable du service de communication, Mamadou Kane. Lequel, joint par téléphone, informe qu’une réponse à ce problème sera donnée dans les meilleurs délais.