UN MANQUE DE… "TRANSCENDANCE REPUBLICAINE"
ISMAÏLA MADIOR FALL SUR L’ABSENCE DE ME WADE AU SOMMET DE L’OIF
L’absence de l’ancien Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, au 15ième Sommet de la Francophonie, tenu à Dakar du 29 au 30 novembre, est la preuve que la démocratie sénégalaise souffre de « transcendance républicaine». C’est l’avis d’Ismaïla Madior Fall, ministre conseiller auprès du Président Macky Sall, qui estime que Wade devait dépersonnaliser l’invitation de Macky Sall. Il a par ailleurs indiqué que la situation politique actuelle du Sénégal invalide l’appel lancé par le Pape du Sopi, notamment l’organisation d’une élection présidentielle anticipée.
«Quand j’ai regardé cette image (Abdou Diouf et Macky Sall, sans Abdoulaye Wade au 15ième Sommet de la Francophonie), je me suis dit que notre démocratie a encore des problèmes, un grand problème. C’est le manque de la transcendance républicaine», a déclaré Ismaïla Madior Fall, ministre conseiller auprès du Président Macky Sall, chargé des affaires juridiques. Invité de l’émission politique Grand Jury de la Rfm (radio privée) hier, dimanche 30 novembre, le constitutionnaliste a regretté l’absence de l’ancien Président Abdoulaye Wade, à l’occasion du 15ième Sommet de la Francophonie à Dakar.
A l’en croire, Me Wade devait dépersonnaliser l’invitation de Macky Sall et considérer que c’est un Chef d’Etat qui invite un ancien Chef d’Etat. Pour lui, les raisons familiales invoquées par le père de Karim ne tiennent pas la route dans la mesure où, «Wade est devenu un élément de notre patrimoine national». Et de renchérir : «Wade oublie qu’il ne s’appartient plus, qu’il n’appartient pas à une famille, ni à un parti politique ni à un clan». Toutefois, il a estimé qu’il aurait été bien que Macky Sall cite son prédécesseur lors de son discours, même s’il soutient que le Président n’avait aucune obligation de le faire, dans la mesure où «il s’agissait de célébrer Abdou Diouf».
Par ailleurs, le professeur de droit a botté en touche l’appel lancé par Abdoulaye Wade, invitant le Président Macky Sall à organiser une élection présidentielle anticipée en 2015. Pour lui, le secrétaire général national du Pds est récurrent dans sa stratégie de « scandalisation ». Convoquant l’histoire politique du pays, il a montré qu’à plusieurs virages, l’ancien Président Wade a eu à demander des élections anticipées. Toutefois, il a estimé que les facteurs obligeant des élections anticipés ne sont pas réunis en l’état actuel de la situation politique du Sénégal. Il faut d’abord, selon lui, «que le titulaire de la charge considère qu’il faut anticiper l’élection présidentielle, pour une raison ou une autre». Ensuite, il faut qu’il y ait une crise de légitimation des Institutions. «Ce qui n’est pas le cas» fait-il constater. Par conséquent, dira-t-il, «je crois que l’appel de Wade d’organiser des élections anticipées est irrecevable dans le contexte politique actuel du Sénégal où les institutions ne sont pas menacées».
Revenant sur l’acte III de la décentralisation dont il présidait le comité de pilotage, le Pr Fall a reconnu que la période transitoire de la réforme n’a pas été suffisamment régie. A l’en croire, les dispositions transitoires qui devaient être prises entre les phases une et deux ne l’ont pas été suffisamment. «Le comité de pilotage n’a pas été suffisamment clair, suffisamment exhaustif sur les dispositifs transitoires. On a réglé certains problèmes, il y a eu certains problèmes qui sont restés en suspens», a-t-il confié. D’où la légitimité de certaines interrogations actuelles, selon lui.