BABA MAAL ELEVE LA VOIX
Le Dande Leniol, l’orchestre de Baba Maal, a 37 ans. Pour marquer cette date symbolique, l’artiste s’est lancé, durant cette année, dans une tournée internationale qui le mènera en France, en Afrique centrale et en Angleterre notammen
A quelques semaines d’un concert au Zenith de Paris, c’est un Baba Maal engagé qui a fait face à la presse. Le lead vocal du «Dande Leniol» entend saisir l’occasion de ce concert anniversaire afin d’appeler la diaspora à joindre ses forces aux siennes pour le développement du continent.
Le Dande Leniol, l’orchestre de Baba Maal, a 37 ans. Pour marquer cette date symbolique, l’artiste s’est lancé, durant cette année, dans une tournée internationale qui le mènera en France, en Afrique centrale et en Angleterre notamment. La Mauritanie, qui a déjà ouvert le bal, donne le relais à la France, où l’artiste se produira le 28 mai prochain au Zenith. En prélude à cet évènement, Baba Maal a fait face à la presse ce samedi pour un showcase. Et il faut dire que c’est un artiste d’une nouvelle dimension qui s’est prêté au jeu des questions réponses. Dans sa posture ou dans son discours, Baba Maal affiche un engagement fort pour les questions de développement. Il embrasse aussi plus large.
Le Fouta est presque expurgé de son discours, pour laisser la place à des entités plus vastes et plus symboliques, comme le Sahel et l’Afrique. «Nous avons chanté pendant 37 ans, peut-être même plus, avec Mansour Seck. Maintenant, nous voulons être une porte d’entrée pour aller vers des actions plus concrètes, pour le développement du continent africain», annonce l’artiste. Très soucieux du devenir de l’Afrique, Baba Maal estime que le temps est venu d’élever la voix. «De plus en plus, je pense que je dois parler plus que chanter», confie-t-il.
Développer le continent
A la pointe de ce combat, de ce combat, NannK, la structure qu’il a mise en place et dont il espère élargir la sphère d’influence à la sous-région. Sur la scène du Zenith de Paris ce 28 mai, Baba Maal compte élever la voix pour la réussite de ses projets. «Le Zenith sera l’occasion pour moi de faire un appel à la diaspora tout entière, pour leur dire que je peux être leur créneau s’ils veulent faire des actions de développement dans l’Afrique tout entière. Je voyage un peu partout et je collabore avec des Ong qui ciblent le continent», indique l’artiste. Selon l’artiste, le moment est venu de faire plus d’actions concrètes. Cet évènement sera également, dit-il, «l’occasion de souligner ce qui se passe dans le Sahel». «C’est vrai que nous ne supportons pas de voir ce qui se passe entre l’Ukraine et la Russie et les conséquences de cette guerre. Mais, il ne faut pas oublier que dans le Sahel aussi, il y a des problèmes d’insécurité, les femmes et les enfants sont déplacés, maltraités, en manque d’éducation, de repère. Ça doit s’arrêter et je voudrais élever la voix pour que les gens réfléchissent à ce qu’on doit faire pour cette région, qui englobe toute cette bande de l’Est à l’Ouest, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, et qui risque de basculer.»
Selon Baba Maal, un album est en projet. «J’ai travaillé durant le Fespaco dernier avec des artistes du Niger, du Burkina Faso et de la Mauritanie et nous projetons un album qui va s’appesantir sur les problèmes du mariage précoce et du maintien des filles à l’école, et pour les femmes et les jeunes.» Selon lui, cet album pourrait s’appeler «Les larmes du Sahel» et sa sortie devrait précéder la sortie de son propre album, en fin d’année.
A en croire le lead vocal du Dande Leniol, le passage au Zenith, déjà reporté du fait de la pandémie, promet d’être un moment de partage entre l’artiste et ses fans, mais aussi un moment pour hisser la jeune génération au-devant de la scène. «Ce sera un concert avec beaucoup d’invités, mais je vais surtout essayer de faire la promotion des jeunes artistes. Je crois beaucoup à la continuité», annonce Baba Maal, qui cite le nom de Adviser, entre autres artistes invités.
Encadré
Entrée en politique de Baba Maal : «On ne sait jamais mais…»
Si l’engagement est devenu un cheval de bataille pour le roi du yella, il ne faut pas trop espérer le voir sur le terrain politique. Interpellé sur la question d’un possible engagement politique, Baba Maal a plutôt joué la carte de la prudence. «On ne sait jamais», dit-il, en relevant la complexité de ce monde. Mais il n’empêche, son engagement en faveur de certaines questions ne souffre d’aucun doute. Ainsi, évoquant ce que certains qualifient de «génocide des Peuls» dans le Sahel, Baba Maal a rappelé que «tous les Peuls ne sont pas des djihadistes». Il a aussi invité les dirigeants du continent à rester constants dans la défense de la démocratie.