PAP NDIAYE QUITTE LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS
Sa nomination au poste stratégique de ministre de l'Éducation avait fait grand bruit. Un an après, il quitte son ministère en ayant déçu ses détracteurs comme ses soutiens
Sa nomination au poste stratégique de ministre de l'Éducation avait fait grand bruit, à droite où on le qualifiait de "wokiste", et à gauche où l'on était intrigué par ce profil atypique. Un an après, il quitte son ministère en ayant déçu ses détracteurs comme ses soutiens.
Sur les 27 membres du gouvernement Borne nommés en mai 2022, il avait attiré l'attention un peu plus que les autres. En lieu et place de Jean-Michel Blanquer, tenant d'une ligne très stricte, notamment sur les questions de laïcité, la nouvelle Première ministre nommait alors Pap Ndiaye : historien, intellectuel noir et progressiste, spécialiste de l'histoire sociale des Etats-Unis et des minorités, dénonçant le déni de la France sur les violences policières... De quoi lui valoir la sympathie (a priori) d'une grande partie de la gauche, et l'hostilité (par principe) de la droite.
"Un homme qui défend l'indigénisme, le racialisme, le wokisme", selon Marine Le Pen. Un homme qui serait là pour "déconstruire l'histoire de France", pour Éric Zemmour. Même la droite dite républicaine l'accusera, via Eric Ciotti, de "complaisances avec le wokisme". Des accusations que le principal intéressé accueillait avec calme, dans un entretien au Monde en juin 2022 : "Ce sont ceux qui prétendent que Pétain a sauvé les juifs français qui sont les véritables falsificateurs de l’histoire de France", estimait-il. La ligne était claire : Pap Ndiaye était là, avec ses idées, et il allait bien falloir s'y faire.
Pap Ndiaye s'en va quelques jours après avoir essuyé une violente polémique alimentée par les droites après ses propos visant la branche média du groupe Bolloré, en particulier CNews qu'il a qualifiée, mi-juillet, de chaîne "d'extrême droite". Le ministre n'aura pu que constater la faiblesse de ses soutiens dans son propre camp. Jusqu'à ce qu'Emmanuel Macron concède à le défendre au nom de la "liberté d'expression", quatre jours après ces propos.
Ministre effacé et peu soutenu
In fine, la nomination de cet universitaire aura sonné comme un énième coup politique d'Emmanuel Macron, sans permettre de resserrer les liens avec des enseignants en déshérence et en rupture avec leur tutelle. La faute à beaucoup d'inexpérience et à un chef de l'Etat omniprésent et omnipotent sur l'école.
Rue de Grenelle, Pap Ndiaye a voulu mettre en avant des débats peu évoqués par Jean-Michel Blanquer, comme la mixité sociale, ou tenté une approche différente sur la laïcité. Si la forme avait nettement changé, la feuille de route largement dictée par Emmanuel Macron lui a en effet laissé très peu de place, le chef de l'Etat se réservant la primauté de toutes les grandes annonces, par exemple sur la revalorisation salariale des enseignants en avril.