LES ENTREPRISES ET LES MÉNAGES AU BORD DU PRÉCIPICE
D’après l’étude de la Banque mondiale, les défauts de paiement pourraient augmenter considérablement et la dette privée se muer rapidement en une dette publique à mesure que les gouvernements déploient des mesures de soutien.
Les pays en développement sont confrontés à des risques croissants liés à la précarité financière engendrée par la crise de la Covid-19 et l’absence de transparence des données sur la dette. D’après un nouveau rapport de la Banque mondiale publié hier, les entreprises et les ménages sont particulièrement touchés par la précarité financière provoquée par la crise sanitaire.
«Des enquêtes réalisées auprès d’entreprises de pays en développement pendant la pandémie ont révélé que 46% d’entre elles s’attendaient à accumuler des arriérés». D’après l’étude de la Banque mondiale, les défauts de paiement pourraient augmenter considérablement et la dette privée se muer rapidement en une dette publique à mesure que les gouvernements déploient des mesures de soutien.
En dépit de la forte contraction des revenus et du chiffre d’affaires des entreprises du fait de la crise, l’institution financière internationale estime que la proportion des prêts non productifs reste essentiellement stable et inférieure aux attentes. «Mais cela peut être imputé aux politiques de tolérance et à l’assouplissement des normes comptables qui dissimulent un large éventail de risques cachés qui ne deviendront visibles qu’une fois les politiques de soutien retirées», ajoute-t-elle.
Par conséquent, la Banque mondiale invite à une gestion anticipatoire des prêts en difficultés. «Beaucoup d’entreprises et de ménages ploient sous une dette insoutenable à cause des baisses de revenus et de recettes. L’amélioration des régimes d’insolvabilité, la facilitation des règlements extrajudiciaires, particulièrement pour de petites entreprises, et la promotion de l’annulation de la dette peuvent permettre d’assurer une réduction ordonnée de la dette privée», lit-on dans le document dont «L’As» détient une copie.
Et la situation est plus catastrophique dans les pays à faible revenu où, selon la Banque mondiale, l’augmentation spectaculaire de la dette souveraine doit être gérée de façon méthodique et rapide. D’autant que, souligne-t-elle, l’expérience montre que le règlement tardif du surendettement souverain entraîne des récessions prolongées, des pressions inflationnistes et la diminution des ressources allouées à des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et la protection sociale. Ce qui a, déplore-t-elle, des effets disproportionnés sur les pauvres. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, se désole-t-elle, 50% des ménages sont incapables de satisfaire leurs besoins de consommation de base pendant plus de trois mois.
La Banque mondiale indique que les ménages et les petites entreprises sont les plus menacées de perdre l’accès au crédit, alors que ce dernier renforce la résilience des ménages à faible niveau de revenu et permet aux petites entreprises d’éviter une liquidation, de rester en activité et, au bout du compte, de prospérer et contribuer à la reprise. «Le risque est que la précarité financière favorise la propagation de la crise économique inflationniste et la hausse des taux d’intérêts. Le durcissement des conditions de financement à l’échelle mondiale et l’atonie des marchés intérieurs de la dette dans de nombreux pays en développement découragent l’investissement privé et freinent la reprise», déclare le Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass.
A l’en croire, il est essentiel d’œuvrer à l’élargissement de l’accès au crédit et de veiller à ce que les capitaux soient affectés de manière à stimuler la croissance. Cela permettrait, précise-t-il, à des entreprises de plus petite taille, mais plus dynamiques, et à des secteurs présentant un potentiel de croissance plus important, d’investir et de créer des emplois.