LE DESTIN TRAGIQUE DE F.N
Elle a été trainée dans la boue, humiliée, son intimité violée et les vidéos balancées sur les réseaux sociaux, sur la base de fallacieuses accusations de vol. Les associations de lutte pour les droits humains s'alarment de cet épisode malheureux
Le destin est parfois cruel.Cette jeune fille âgée 29 ans dont la vidéo est devenue virale sur les réseaux n’a jamais pensé qu’un tel sort s’abattrait sur elle. Accusée de vol par les auteurs de lavidéo, la jeune Thiessoise souffre de troubles mentaux depuis son recrutement dans la fonction publique. Sortie avec un master en gestion au prestigieux Centre Africain d’Etudes en Gestion (CESAG), la jeune fille a été ligotée et ses seins tripotés par ses bourreaux. Elle n’est pas encore consciente de l’horrible scène. Mais sa famille promet de traduire en justice ses bourreaux. D’ailleurs, ces derniers sont interpellés et placés en garde-à-vue à la police de Dieuppeul à la suite de la saisine de l’AJS, d’Amnesty,du collectif contre les violences faites aux femmes et Jamara.
Elle a été trainée dans la boue, humiliée, son intimité violée et les vidéos balancées sur les réseaux sociaux sur la base de fallacieuses accusations de vol. Alors qu’il n’en est rien de tout cela. La jeune fille âgée de 29 ans ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Le destin de ce cadre recruté récemment dans la fonction publique, est tout simplement cruel. La victime est dépeinte par sa famille que«L’As» a jointe au téléphone comme une jeune femme affable, courtoise et pudique. C’est cela d’ailleurs qui a choqué sa mère qui une commerçante très respectée à Thiès. Née à Thiès, elle a eu un cursus scolaire lisse. Elle a décroché son master au Centre Africain d’Etudes Supérieures en Gestion (CESAG) tout en espérant intégrer la fonction publique pour mettre en applications son savoir. Mais c’était ignorer ce que le destin lui réserve. «Elle a été informé de son recrutement dans la fonction publique pendant le ramadan. Ses problèmes ont commencé dès qu’elle a été confirmée dans son recrutement. Cela a commencé avec des problèmes d'insomnie. Elle était devenue insomniaque avant de commencer à délirer. Depuis lors, elle se soigne et se portait mieux», témoigne une de ses proches câblée par L’As. A en croire cette dernière, la nouvelle recrue a pris service lundi dernier à Dakar, mais elle n’a travaillé que trois jours avant qu’elle ne rechute.
L’altercation qui a révélé ses troubles mentaux
Alors que la maladie commence à réapparaître dès qu’elle a commencé à travailler, elle s’est rendue dans une boutique pour se payer des habits, jeudi dernier. Après quelques échanges avec le vendeur, ils ont eu une prise de bec. Selon nos interlocuteurs, le vendeur l’a traité de voleuse. Surtout qu’à l’approche des fêtes, de nombreuses femmes font le tour des boutiques pour commettre des larcins. Du coup, les vendeurs sont devenus très méfiants à l’endroit de leurs clientèles. Le boutiquier la soupçonnait d’en faire partie. Issue d’une famille respectable à Thies, la jeune dameest entrée dans une autre boutique à côté pour faire ses achats. Mais le gars l’a suivie pour dire au vendeur qu’il a affaire à une voleuse. La jeune fille qui était déjà particulièrement agitée pète les plombs. D’après nos interlocuteurs, elle a eu à endommager quelques affaires dans la boutique. C’est ainsi que les deux jeunes l’ont ligotée avant de la conduire à l’intérieur de la maison. Ils l’ont filmée tout en tripotant ses parties intimes. Finalement, elle est remise à la police de Dieuppeul pour destruction de matériels et blessures occasionnées à un jeune. «Elle n’est pas consciente de la scène jusqu’à présent. Il ne lui reste plus que son nom. Si un jour, elle voit les vidéos, cela pourrait lui être fatale», affirme dévastée une de ses sœurs. La police de Dieuppeul a avisé son père, un retraité respectable résident à Thiès. Venu récupérer sa fille jeudi dernier, il est allé présenter ses excuses aux bourreaux pour la casse. Mais ces derniers ont attendu trois jours plus tard, c’est-à-dire le dimanche 19 juillet, pour publier la vidéo sur les réseaux sociaux. Devenue virale, la vidéo a suscité une vague d’indignation des internautes. «Elle a perdu son ordinateur et son téléphone. Ils ont pris également sa chaine et ses boucles d’oreilles. Elle est doublement victime», soutient notre interlocuteur . «La famille va porter plainte afin que tout le monde sache qu’elle n’a pas volé. Son seul tort, c’est qu’elle a perdu la tête. Au contraire, ce sont les jeunes qui lui ont volé son ordinateur et son téléphone en plus de ses bijoux. Ils répondront de leurs actes devant la justice», clame-t-elle.
Les auteurs de la vidéo interpellés par la police de Dieuppeul
La famille bénéficie du soutien de l’Association des Femmes Juristes (AJS) et de l’Ong Jamra qui ont décidé de porter plainte contre les auteurs de la vidéo dégradante. Jamra et l’AJS n’ont pas attendu la famille de la victime pour déposer des plaintes. Aussitôt, les éléments du commissariat de Dieuppeul ont mis aux arrêts les mis en cause. «Je félicite la police de Dieuppeul pour cette réaction diligente. La fâcheuse tendance à laisser se développer une justice populaire, peut conduire à de graves dérives, susceptibles d’instaurer dans la société sénégalaisele règne de la «loi de jungle», qui ne fera qu‘affaiblir et exposer dangereusement les couches sociales vulnérables. Les auteurs de la vidéo exhibant dans les réseaux sociaux, les attributs féminins d’une présumée voleuse viennent d’être arrêtés par la police de Dieuppeul», informe le porte-parole de Jamra. Mame Mactar Guèye renseigne que l’AJS, Amnesty, le Collectif contre les violences faites aux femmes et Jamra s’engagent, après avoir saisi les autorités policières compétentes, à assurer gratuitement un accompagnement juridique à cette famille, très affectée par les épreuves que traverse présentement leur fille cadette. Elle a repris son traitement psychiatrique dans un hôpital de la place. Elle avait un dossier médical qui atteste ses troubles mentaux.