LA PRÉSIDENCE TOGOLAISE DÉSORMAIS DANS LES MAINS DES DÉPUTÉS
Désormais, le président togolais ne sera plus élu au suffrage universel direct, mais sera choisi "sans débat" par le Parlement réuni en congrès, pour un mandat unique de six ans
Dans une décision surprise, les députés togolais ont adopté lundi soir une nouvelle Constitution instaurant un régime parlementaire dans le pays. Selon l'Agence France-Presse (AFP), le texte a été approuvé avec 89 voix pour, une contre et une abstention.
Désormais, le président togolais ne sera plus élu au suffrage universel direct, mais sera choisi "sans débat" par le Parlement réuni en congrès, pour un mandat unique de six ans. Jusqu'ici, la Constitution prévoyait un mandat présidentiel de cinq ans, renouvelable une fois.
C'est un changement majeur pour le régime politique togolais. "Le chef de l'Etat est pratiquement désinvesti de ses pouvoirs au profit du président du Conseil des ministres, qui devient celui qui représente la République togolaise à l'extérieur, qui dirige effectivement le pays dans la gestion quotidienne", a déclaré Tchitchao Tchalim, président de la commission des lois constitutionnelles à l'Assemblée, selon l'AFP.
Ce changement a été proposé par un groupe de députés de la majorité présidentielle de l'Union pour la République (UNIR). Il intervient à un mois des élections législatives et régionales du 20 avril, auxquelles l'opposition - sous-représentée au Parlement - a annoncé qu'elle participerait, après avoir boycotté le scrutin de 2018.
La nouvelle Constitution introduit également le poste de "président du Conseil des ministres", désigné pour six ans et issu du parti majoritaire à l'Assemblée. Il sera chargé de "la pleine autorité et le pouvoir de gérer les affaires du gouvernement".
Cette réforme marque selon les députés l'entrée du Togo dans sa "Ve République", après la dernière révision constitutionnelle de 1992. Elle intervient aussi moins d'un an après que les députés aient limité à deux le nombre de mandats présidentiels, remettant les compteurs à zéro pour l'actuel chef de l'État Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005.