UNE CERTAINE CONCEPTION DU JOUNALISME
Il fut journaliste pendant près de trois décennies avant d'embrasser une carrière politique. Latif Coulibaly revient sur les étapes marquantes de son parcours, sa passion pour l'écriture et les auteurs qui l'ont inspiré (2/2)
Dans la première partie de l’interview exclusive qu’il nous a accordée (voir notre édition du vendredi 21 juin), a fait un large tour d’horizon de l’actualité politique marquée notamment par l’avènement de nouvelles autorités à la tête de notre pays. Dans la cette seconde partie de cet entretien, il aborde sa pratique du journalisme, son œuvre littéraire, les faits et les hommes qui l’ont inspiré pour le mener à la pratique d’une passion et d’un métier, alors qu’il n’avait que sept ans. Depuis lors, le virus ne l’a plus jamais quitté alors pourtant que Latif aurait pu choisir de faire une carrière de juriste, en particulier de magistrat ou d’avocat, vu ses études de droit. Encore une fois, l’attrait du journalisme a été plus fort pour cet enfant du Saloum dont le grand-frère siège au Conseil constitutionnel après avoir été président de la Cour Suprême !
Le Témoin - Abordons maintenant des questions relevant strictement du métier de journaliste que vous avez exercé, pendant presque trente (30) ans, avant de faire de la politique. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de ce qui vous a conduit à devenir journaliste ? Et quelles ont été les étapes clés de votre carrière dans le journalisme ?
Je peux dire que chez moi le journalisme est le produit d’une passion et d’une curiosité qui ne sont pas, loin s’en faut, le fruit du hasard. J’avais sept ans, pour autant que je m’en souvienne, quand mon père est revenu de son lieu de travail avec un gros appareil, en fait un poste radio dont la marque était « Paille », le nom du créateur, j’imagine. J’étais fasciné par l’appareil qui me parlait sans que je ne comprenne absolument rien du phénomène. Je le découvrais avec fascination et éblouissement. Je voulais savoir ce qu’était ce type d’appareil, d’où des gens que vous ne voyez pas, rien que des voix sorties de nulle part, vous parlaient. Quand j’entendais décliner les noms de Ibrahima Dème, Djibril Bâ, Pape Racine Sy, Michel Amingale, Sidy El Harbi Ndiaye, Pathé Dièye Fall, Ousseynou Seck, mon bonheur montait à son comble. Je commençais à peine l’école primaire, à apprendre donc l’alphabet français. Peu importait, je savourais en entendant les journalistes parler à l’antenne. Je comprenais bien ce que disaient El Hadj Clédor Diagne et Ousseynou Seck, commis pour lire le bulletin en Wolof qui suivait la présentation du journal parlé dit en français. Cela parait donc évident que je décide de me présenter au concours d’entrée au Centre d’Etudes des Sciences de l’Information (CESTI) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, dès la fin de mes études supérieures en droit, après l’obtention d’une maîtrise en droit international, option Relations internationales. C’est ainsi qu’après une pratique de moins de cinq ans, j’ai été choisi par la direction du CESTI pour faire partie d’une cohorte d’étudiants, anciens du Centre, sélectionnés pour aller continuer leur formation avec la préparation d’un doctorat dont la soutenance au début de l’année 1990 m’aura permis d’être recruté par l’université et affecté au CESTI, dans le cadre d’un programme de relève des enseignants qui étaient envoyés par le Canada et la France pour assurer les enseignements au Centre. Avant de partir pour le Canada, j’avais pratiqué au Soleil en qualité de journaliste pigiste, à l’Agence Panafricaine de Presse (PANA). J’avais eu la chance de faire partie de la bande de journalistes chevronnés qui m’avaient fait l’avantage d’être parmi les initiateurs de la création du Groupe de presse Sud Communication.
Vous avez écrit plusieurs ouvrages. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre processus d’écriture et ce qui vous inspire dans la création de vos livres ?
Si vous lisez mes ouvrages, vous vous rendrez compte que l’ensemble de mon œuvre a été influencé par la pratique de mon métier de journaliste d’investigation que j’essayais d’être durant toute ma carrière. Y ai-je réussi ? Je ne sais pas trop. En tous les cas, j’ai essayé du mieux que je pouvais, et dans la limite de mes compétences professionnelles et de ma volonté, de trouver des faits qui méritaient d’être portés à la connaissance de mon public. Sans aucune prétention, du reste. J’ai la prétention de créer en rapportant des faits, auxquels je peux mêler des sentiments et des opinions, rendus au lecteur avec passion. Ce sont les faits que je rencontre dans mon environnement qui m’inspirent.
Quel livre de votre bibliographie vous tient le plus à cœur et pourquoi ?
Cela dépend, il y en a en réalité beaucoup. Quand il s’agit d’œuvres littéraires, je peux dire que ce sont des auteurs réalistes comme ceux du 19ème siècle qui m’inspirent. J’adore leur façon d’écrire, en se plaçant dans un univers réaliste, à partir duquel ils déroulent une histoire qui démarre pour se conclure avec une fin remarquable. Ils racontent les êtres dans leur façon d’être et de vivre, leurs conditions d’existence. J’aime cela. En lisant les auteurs dits réalistes, je saisis l’histoire qu’ils décident de narrer, dès le début de ma lecture. Je n’ai aucune peine à me retrouver. Je saisis sans subtilité particulière le début de l’histoire narrée. Autant dire que je chemine aisément dans ma lecture en ayant hâte de découvrir la fin, avec la conscience claire que l’acte final du processus de création littéraire me sautera aux yeux. Je ne me lasserai jamais de plonger dans la lecture d’un récit réaliste. En disant cela, je pense naturellement à Gustave Flaubert (Madame Bovary). C’est un ami d’enfance, un professeur émérite de littérature française à l’université Cheikh Anta Diop, dont le fils aîné porte le nom qui m’a mené vers lui. Comment ne pas citer également Honoré de Balzac, l’auteur du fameux roman Père Goriot. Je cite tous ces auteurs, en pensant aux formidables auteurs du nouveau roman qui sont d’une intelligence et d’une subtilité d’esprit parfois déroutantes pour moi. Je peine parfois devant leur production. J’espère que les amoureux du nouveau roman ne m’en voudront pas. J’avoue d’ailleurs que j’ai une admiration sans borne pour eux. Je réponds à votre question en avouant ma faiblesse pour les livres s’inscrivant dans le courant réaliste et naturaliste. J’adore Emile Zola dont on dit qu’il a encore « poussé plus loin le réalisme, en injectant dans son écriture une précision factuelle et scientifique sans doute liée à sa qualité de journaliste ». C’est dans mon amour pour les auteurs réalistes que je tire des explications pour mieux faire comprendre toute mon admiration pour deux romancières sénégalaises : Aminata Sow Fall (La grève des bàttu) et Mariama Bâ (Une si longue lettre) : deux livres devenus des textes classiques dans la littérature sénégalaise, sans oublier d’autres auteurs remarquables.
Je vois que vous aimez parler des romanciers, alors que vous êtes connu comme essayiste. Pourquoi cela ? Et qui, parmi les essayistes que vous connaissez ou avez lus vous inspire ?
C’est vrai que je n’ai produit dans ma vie d’écrivain qu’une seule œuvre littéraire intitulée La Ressuscitée. Parmi les essayistes je n’en connais pas vraiment un qui m’ait particulièrement inspiré, dans son travail. Je privilégie dans mes lectures ceux dont les ouvrages portent sur la politique, le droit public, la science politique, etc. A cet égard, je peux citer des auteurs africains. Beaucoup de jeunes qui comme moi ont fréquenté l’université Cheikh Anta Diop au milieu des années 70 ont lu Cheikh. Comme étudiant en ayant débuté le militantisme politique dans le Rassemblement démocratique (RND) dirigé par le professeur Cheikh Anta Diop. La lecture m’est apparue comme un devoir, une responsabilité que chacun se devait d’assumer : le premier ouvrage que j’ai lu de lui ce n’est pas Nations Nègres et Culture, j’avais pourtant remarqué autour de moi que beaucoup d’étudiants dans mon entourage commençaient par cet ouvrage pour entrer dans l’œuvre de Cheikh Anta Diop. Pour moi le début a été L’Afrique noire précoloniale. Ce fut ensuite Antériorité des civilisations. J’avais depuis le lycée Gaston Berger de Kaolack commencé à en prendre connaissance par l’entremise de deux aînés qui préparaient à fourbir leurs armes. Je veux parler de mon collègue journaliste Ibrahima Bakhoum et de son ami, feu Bassirou Diop, devenu commissaire de police. Les textes de Cheikh Anta Diop ont beaucoup occupé mes lectures à compter de l’année où un très grand colloque de dimension exceptionnelle a été organisé sur son œuvre dans les amphithéâtres de la faculté de droit, par l’intellectuel Pathé Diagne, directeur général à l’époque de la librairie Sankoré.
Y a-t-il des sujets ou des domaines que vous n’avez pas encore explorés mais qui vous intéressent particulièrement ?
Bien sûr que oui ! Je vais sûrement bientôt me retirer pour aller m’occuper de mes terres de culture dans ma paisible bourgade natale. J’y suis déjà, d’ailleurs, puisque je m’adonne au maraichage, à l’arboriculture, etc.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes journalistes avec cette détérioration de la profession ?
Je n’aime pas trop donner des conseils généraux aux jeunes journalistes. Juste leur dire de porter en bandoulière : la déontologie, l’éthique, l’humilité et le courage, non la témérité. L’impertinence réfléchie, oui…
Quels sont les pièges à éviter et es meilleures pratiques à adopter pour réussir dans ce métier ?
Ces pièges sont nombreux et divers, si vous gardez en bandoulière ces principes ci-haut énumérés vous saurez, sans peine, éviter ces pièges.
Comment maintenez-vous l’équilibre entre l’objectivité journalistique et vos propres convictions personnelles ?
En mettant la distance. Savoir se munir de la neutralité objective. Celle-ci signifie la capacité pour chaque journaliste à traiter les faits, du point de vue de la démarche ainsi que du choix des procédures à mettre en œuvre pour recueillir l’information et traiter équitablement les parties en cause.
Quel est, selon vous, le rôle de l’éthique dans le journalisme moderne ?
L’éthique postule le comportement et l’attitude que chaque journaliste est amené à afficher, face à l’information, en s’appuyant sur la règle générale et impersonnelle la déontologie qui régit le travail en édictant des règles générales.
Quel est votre avis sur l’impact des nouvelles technologies et des réseaux sociaux sur le journalisme ?
J’ai eu l’avantage de rédiger et de présenter une thèse de doctorat à l’université, en conduisant une étude, une enquête de type psychologique et documentaire pour opérer une critique des effets de l’introduction des nouvelles technologies de communication dans les salles de rédaction au Canada, à la fin des années 70, début 80. Les résultats étaient très instructifs. On avait noté que dans cinq quotidiens canadiens : deux journaux anglophones et trois francophones, les progrès de la qualité rédactionnelle étaient de l’ordre de 7 à 8 %, dans les rédactions, en comparant les périodes avant et après introduction massive et l’installation de l’ordinateur dans les salles de rédaction et sur les pupitres des journalistes. Ce n’est pas donc moi qui vais mettre en doute l’arrivée des nouveaux moyens technologiques, sauf à indiquer que ces moyens doivent être au service de la bonne cause : la fabrication intellectuelle et technique de bons produits journalistiques disponibles au bénéfice du public. Ces moyens ne sauraient servir pour détruire le tissu social, fragiliser la cohésion sociale, encore moins pour asservir l’humanité. Leur apparition constitue un formidable progrès. Ce progrès si formidable soit-il ne saurait à lui seul suffire pour faire du journalisme.
Pensez-vous que ces outils ont amélioré ou détérioré la qualité de l’information ?
Comme je l’ai souligné ces outils peuvent largement aider à cette amélioration, mais sous des conditions strictes comme celles que je viens citer ci-haut.
Comment appréciez-vous les rapports actuels assez conflictuels entre le pouvoir et les entreprises de presse au sujet du paiement des impôts... ? Je pose la question en pensant à la dernière sortie du Premier ministre sur la question.
Je crois honnêtement que le Premier ministre apporte une fausse réponse à une vraie et bonne interrogation. La presse doit-elle payer les impôts dus à l’état ? La réponse coule de source : oui elle doit payer ses impôts. Nul ne disserte sur la question autrement que de façon positive. Les médias n’ont jamais contesté cette évidence. Leurs responsables disent, cependant, à juste raison, que cette obligation ne doit et ne peut être utilisée comme un instrument de contrainte cachant mal une volonté non avouée de soumettre la presse. Et la contraindre à renoncer à sa politique éditoriale. C’est-à-dire : comment s’opère le choix des sujets traités, comment hiérarchiser les faits, en les traitant. Et enfin, contraindre la presse pour l’amener à renoncer à sa ligne éditoriale librement arrêtée par elle-même. Face à ces deux contraintes saugrenues et antidémocratiques, la presse doit opposer une réaction foudroyante. Sans aucune concession possible. C’est ce qu’elle a fait. Bravo à elle. Mais aussi bravo à tous les démocrates qui ont favorablement réagi face à ce qui nous apparaît comme une tyrannie rampante...
Est-ce un précédent dangereux pour notre démocratie, ce conflit entre la Presse et le Pouvoir ?
Pour être honnête, je ne pense pas que l’on puisse parler de précédent. Je me souviens, au début des années 90, le groupe dit des quatre mousquetaires, symbolisant à l’époque la presse libre : Sud, Témoin, Cafard libéré et Walf avait simultanément décidé de publier dans leurs supports respectifs un éditorial qui répondait de façon solidaire aux déclarations du pouvoir, laissant apparaître, de sa part, des velléités de soumettre la presse. Dans l’édito, les quatre signataires (Sidy Lamine Niasse, Babacar Touré, Mamadou Oumar Ndiaye et Abdoulaye Bamba Diallo) avaient, â leur manière, rappelé la magnifique phrase de Voltaire qui disait : « même si je ne suis pas d’accord avec vous sur ce que vous dites, je me battrai pour vous donner les moyens de le dire». J’ai vraiment envie de faire lire ce texte éditorial à nos dirigeants qui étaient assez jeunes à l’époque, pour s’en souvenir aujourd’hui. La presse n’est pas un adversaire du pouvoir. Le président Jefferson a remis un jour à sa place un de ses plus proches collaborateurs qui s’était plaint en lui reprochant de consacrer trop de temps à la lecture des journaux. Au lieu d’accorder plus d’attention à ses conseillers et collaborateurs qui l’assistaient dans sa tâche. Thomas Jefferson a été remarquable, quand il dit : « les journalistes que je lis tous les matins n’attendent rien de moi, sinon m’aider à mieux comprendre le sens et la portée de mon action et à éclairer mes décisions, quand je m’occupe des affaires publiques de mon pays. Or, avec vous, chers conseillers, je crois pouvoir dire que c’est différent.»
Comment pouvez-vous expliquer la charge du Premier ministre contre les médias ?
Je n’ai pas d’explications. Cependant, ce que je constate, depuis toujours avec Ousmane Sonko, c’est qu’il aime un peu trop, à mon sens, la rhétorique conflictuelle. C’est cette logique qui l’incline ainsi à faire dans la polémique, à verser dans la caractérisation teintée parfois de ressentiments. Ce serait bien, de sa part, de se montrer maintenant plus apaisé puisqu’il est aux affaires. Il est temps pour lui de rompre avec cette rhétorique conflictuelle. Cela serait très utile à la lisibilité de son discours et à son appropriation par le public, dans sa globalité. La vérité est que la question soulevée, en l’espèce, enjambe le rapport Presse-Pouvoir. Elle se pose comme une équation majeure postulant la nécessité pour le Premier ministre de se repositionner dans l’espace public. Sa posture actuelle impose à l’homme un réajustement sur cet espace en ayant à l’esprit cette réalité : Ousmane Sonko est le pouvoir et non l’opposition.
Vous mentionnez que l’obligation fiscale ne devrait pas être utilisée comme un instrument de contrainte pour soumettre la presse.
Je dis cela parce que je suis convaincu que, dans une société démocratique un gouvernement n’assume pas sa responsabilité quand il regarde mourir la presse de son pays. De quelle fierté pourrait se glorifier un gouvernement quand il contribue volontairement à déclencher le processus conduisant vers cette mort ? Combattre la presse, en lui opposant des arguments fondés sur l’idée d’un manque de civisme fiscal, sans se préoccuper des conditions économiques dans lesquelles évoluent les médias, relève, à mon sens, d’une pernicieuse pratique en porte-à-faux avec la posture et le rang que nos dirigeants prétendent incarner dans leurs discours
Est-ce que vous pouvez me citer des cas concrets où le pouvoir cherche à exercer une contrainte sur des médias ?
Il suffit, à cet égard de relire la presse le lendemain de la rencontre organisée sur l’esplanade du Grand Théâtre pour identifier des cas concrets. Le simple fait d’écouter ou de lire les journalistes suffit pour fixer des repères précis.
Vous avez évoqué la rhétorique conflictuelle du Premier ministre Sonko. Pensez-vous que cette rhétorique pourrait évoluer vers une répression, des intimidations, des emprisonnements bref une dictature historique contre la liberté de la presse sénégalaise dans un futur proche ?
Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Dans la première partie de cette interview, j’attirais l’attention sur des dérives tyranniques potentielles auxquelles exposent la rhétorique conflictuelle et la propagande insidieuse que portent généralement les pouvoirs populistes et autoritaires. Je n’en rajouterai pas.
Dans le contexte historique que vous avez décrit avec les quatre mousquetaires de la presse, libre, quelles leçons peut-on tirer pour renforcer les relations actuelles entre le pouvoir et les médias ? D’autant que Ousmane Sonko, Premier ministre dit clairement qu’ils n’ont pas de compte à rendre à la presse, ni à l’opposition ?
La presse et le pouvoir entretiennent des relations permanentes. Chaque partie doit assumer sa part d’une responsabilité partagée pour informer le peuple, dans un respect dénué d’arrogance de part et d’autre.
Le PM dit qu’il n’a pas de comptes à rendre aux journalistes.
Nul ne le lui conteste. Les journalistes ne le lui demandent pas, non plus. Il doit cependant rendre compte au peuple. L’exécution de cette tâche lui impose l’obligation d’entretenir un commerce facile avec les médias qui constituent les principaux relais du débat public et contradictoire en démocratie. Je ne crois pas que M. Ousmane Sonko puisse ignorer cela. Et c’est en cela qu’il doit d’écouter attentivement la presse de son pays et se préoccuper de ce qu’elle dit et analyse.