PAPE ALÉ NIANG À L'ÉPREUVE DU PLURALISME
Ce journaliste combatif, qui a lutté contre la mainmise du précédent régime sur les médias, hérite d'une lourde responsabilité à la tête de la RTS : transformer en profondeur une télévision publique accusée de servir la parole officielle
(SenePlus) - Au Sénégal, la nomination de Pape Alé Niang à la présidence de la Radio-télévision sénégalaise (RTS) ne passe pas inaperçue. Comme le souligne Le Monde, "Si la pratique d'une nomination décidée en haut lieu n'a pas changé, l'arrivée de Pape Alé Niang à la tête de l'audiovisuel public au Sénégal, mercredi 24 avril, est annonciatrice d'un changement de ligne éditoriale."
L'ancien directeur du média en ligne privé Dakar Matin, incarcéré à plusieurs reprises sous la présidence de Macky Sall, jouit d'une popularité certaine mais reste un personnage clivant, même au sein de la profession journalistique. Considéré comme "proche" voire "partisan" du nouveau Premier ministre Ousmane Sonko, Pape Alé Niang a, ces dernières années, multiplié les chroniques très critiques du pouvoir, "au prix de sa liberté quelques fois", selon Le Monde.
Cette nomination soulève des interrogations sur l'indépendance de la RTS, traditionnellement accusée de reproduire la ligne du gouvernement. "Il y a une quasi-main mise de la direction générale et de ses principaux collaborateurs sur tout ce qui doit passer au Journal télévisé. Tout discours contraire à la ligne tracée est censuré", confirme Mamadou Ndiaye, enseignant-chercheur au CESTI, cité par Le Monde.
Pour démentir les accusations de partisanisme, Pape Alé Niang rétorque qu'il recevait les mêmes reproches lorsqu'il ouvrait son micro à d'autres figures politiques. Mais les critiques les plus virulentes portent sur la déception face aux engagements du Pastef, qui s'était engagé à soumettre les postes à un appel à candidatures pour encourager le mérite. "Je croyais que le nouveau régime allait vraiment faire un appel à candidatures pour garantir la liberté des journalistes, changer le fonctionnement pour que le pluralisme soit une réalité", reconnaît avec déception un journaliste de la RTS cité par Le Monde.
Malgré les critiques, certains espèrent que Pape Alé Niang saura relever le défi. "Il a de l'expérience pour avoir été reporter, présentateur d'émissions, directeur de chaîne de télévision", estime Mama Moussa Niang, secrétaire général du Synpap, cité par le quotidien français. Reste à voir si le nouveau patron saura faire preuve de tolérance à la diversité des opinions dans les programmes de l'audiovisuel public, comme s'y est engagé le porte-parole du gouvernement.