LES BABOUCHES NICKELEES
« La nature est un Temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ». Charles Baudelaire/Correspondances La machine s’emballe et ses soubresauts semblent dépasser le conducteur de la locomotive électorale, si bien huilée, montée visse après visse durant 25 ans par une génération d’hommes et de femmes politiques de notre pays, construisant ainsi une des plus belles et prometteuses démocratie d’Afrique.
Nous sommes allés avec force prétention donner des leçons de démocratie en Gambie et nous ne sommes même pas capables avec des milliards de budget et un personnel administratif du ministère de l’Intérieur aguerri et compétent, d’organiser correctement des législatives dont le cours a été ouvert il y a presque un an. C’est la plus grande confusion, créée d’abord par le petit maure qui est allé, sortant de la tente du chef, susurrer que ma foi, un report serait bienvenu pour avoir le temps de coller quelques sparadraps sur un processus électoral en lambeaux.
Ballon de sonde qui est retombé tout seul sur le nez de l’apprenti magicien, et qui se transforme en joyeux capharnaüm, où on risque au final et pourquoi pas, d’autoriser les péripatéticiennes à voter avec leurs carnets de santé. On se croirait en… Afrique. Nous n’évoquerons pas une forme de banditisme constitutionnel, il est préférable d’opter pour un agrégat d’incompétences. L’épisode des pieds nickelés de Mermoz témoigne qu’au lieu de gérer cette période adossée à une maîtrise des nouvelles technologies, nous sommes revenus au bon vieux temps des émissaires et des coursiers. Hypothèse basse… Nous voici de nouveau aux temps des fameuses ordonnances, de bien triste mémoire, qui avaient plongé le Sénégal dans un chaos indescriptible. Pour une rupture, pour le coup, c’en est une belle !!!!
Et dans ce vacarme voilà qu’Abdoulaye Wade vient nous rappeler qu’au Vieux Lion d’antan, fatigué et édenté par la force de l’âge et des festins à-tout-va, il pourrait rester quelques forces à ses griffes, certes élimées mais trempées dans le venin d’une revanche subjuguée par une meute habituée à des pirouettes de circonstance, apanage des suiveurs infatigables de notre Sunugal de la rue, celui qui fait et défait nos rois et nos princes ! L’ancien chef d’état est revenu faire planer son ombre sur une campagne déjà bien agitée, aux risques d’insincérité du scrutin du 30 juillet bien pesants, marquée aussi par un recours à la violence en guise d’argumentaire.
La frustration et les colères rentrées du peuple peuvent être le ferment que peuvent instrumentaliser bien des apprentis-sorciers. Il convoque l’ironie en exigeant de manifester là où il y a 5 ans il avait du haut de son règne finissant interdit aux sénégalais d’aller lui dire son courroux d’avoir déjà tenté de mettre à mal notre constitution. Que ce même Abdoulaye Wade doive revenir sur le terrain des combats épiques qu’il a menés, se faire de nouveau gazer comme un frais soixante-huitard, démontre que notre démocratie recule et régresse.
« Barrow !!!! Au secours !!!!! Notre scrutin est menacé !!! ».