DIAWARA, LE MONSTRE VIVANT !
De cette localité du Sénégal oriental, est partie une furie humaine aux conséquences incommensurables entre deux peuples pourtant, unis par des liens de sang et que l’histoire contraint à vivre en harmonie
1989 ! Une année qui sera à jamais gravée dans l’histoire des relations entre la Mauritanie et le Sénégal. De cette année «maudite», l’on retiendra son lot de victimes, de déportés, de rapatriés, de mutilés. Une date, un village et voilà que des souvenirs remontent à la surface ! Le 9 avril, à Diawara. De cette localité du Sénégal oriental, est partie une furie humaine aux conséquences incommensurables entre deux peuples pourtant, unis par des liens de sang et que l’histoire contraint à vivre en harmonie. Presque chaque ville ou village du Sénégal, sur la rive droite, trouve son pendant en Mauritanie sur l’autre rive gauche. Mais, un simple accrochage entre des bergers peuls mauritaniens et des paysans Sonikés Sénégalais a débouché sur la rupture des relations diplomatiques entre Nouakchott et Dakar avec son lot de dégâts. Nous avions, à l’époque, frôlé la catastrophe avec une guerre entre deux peuples frères.
Les séquelles de ces douloureux événements sont encore vivaces. Les plaies sont également loin d’être cicatrisées pour beaucoup de familles qui ont perdu tous leurs biens, mais surtout, des proches. Sans avoir oublié un tel drame, Sénégalais et Mauritaniens s’efforcent de se pardonner leur «bêtise». Par conséquent, nous devons faire en sorte que cette fragile «accalmie» aussi lointaine soit elle, ne puisse réveiller de mauvais souvenirs. La mort du jeune Fallou Diakhaté, âgé seulement de 19 ans, froidement abattu par des garde-côtes mauritaniens, aurait pu être évitée. Le président de la République, Macky Sall a eu des mots justes pour condamner fermement cet acte que rien ne justifie. Même pas la violation de la souveraineté d’un Etat. Nous ne sommes pas en train de justifier «l’agression» répétée des pêcheurs guet-ndariens dans les zones maritimes de la Mauritanie. Loin de là ! Le Sénégal ne peut pas dilapider ses ressources halieutiques, via des contrats douteux et autres pratiques de pêche dévastatrices de son écosystème et laisser ses enfants violer allégrement les zones maritimes de ses voisins. Surtout, quand ces derniers optent pour le repos biologique de leurs ressources halieutiques, et la non capture des juvéniles (petits poissons).
Pour autant, rien ne justifie qu’un garde-côte tire mortellement sur un jeune pêcheur, comme s’il avait en face de lui du bétail ou encore un «espion» envoyé par son Etat, comme on a coutume de le constater entre grandes puissances occidentales ou asiatiques. Hélas, le fait est là. Fallou Diakhaté est mort. Il a été tué. Sa mort a provoqué de vives réactions qui ont dégénéré notamment, à Nguet-Ndar, où des pêcheurs ont voulu se venger en s’attaquant à leurs hôtes maures dont le seul tort est d’être mauritanien. C’est cette forme de justice civile que l’Etat du Sénégal devrait réprimer. Nous sommes dans une République avec des lois et règlements qui nous régissent tous et nous permettre de vivre ensemble ; où le pauvre côtoie le riche, et où le fort ne peut se permettre de massacrer le pauvre. Le massacre de Boffa-Bayotte où des individus ont voulu se faire justice, en est une parfaite illustration. Ce drame n’a certes, pas encore livré son verdict, mais des indices concordants n’écartent pas la piste d’un règlement de compte savamment planifié par un membre supposé appartenir au MFDC et exécuté par des personnes de la même localité. 14 de nos compatriotes y ont laissé leur vie.
Dans cette même partie Sud de notre pays, nos vaillants soldats veillent au grain pour assurer la sécurité à nos compatriotes dans un contexte de «ni paix, ni guerre». Alors n’en rajoutons pas ! Les Présidents Diouf et Ould Taya n’avaient pas pu nous épargner de la boucherie de 1989. Présentement, les Chefs d’Etat Macky Sall et Abdel Aziz affichent leur volonté d’éteindre le feu. Les populations et surtout les médias devraient en faire de même, en refusant de se laisser envahir par l’émotion qui fait perdre la tête. Parce que Diawara, c’était juste en 1989. Et la «raison du plus fou», pour reprendre l’édito encore retentissant du Président, Babacar Touré, ne doit, en aucun cas, prévaloir.