TOUT N’EST PAS ÉVÉNEMENT
Répétons-le, avoir repris (et même avec exactitude) des insultes destinées à des personnalités et à des institutions ou même au vulgum pecus expose à des poursuites judiciaires
Soirée d’un chanteur de stature moyenne, les promoteurs et leurs publicitaires le présentent comme étant un événement ! Idem pour une séance de tam-tam dans un quartier ! L’ambassadeur de tel pays et le ministre des Finances qui vont signer une convention de financement, les services de communication du diplomate invitent la presse à venir couvrir… l’événement ! Et tant d’autres banals faits d’actualité présentés comme événements pour leur conférer une ampleur qu’ils n’ont pas parce que n’entrant pas dans la définition d’un réel événement qui est, cependant, un fait d’actualité, mais qui fait courir les foules, qui intéresse, passionne, mobilise des foules…
Par exemple, le Magal de Touba, le Gamou de Tivaouane, la tournée d’un chef de l’Etat à travers son pays est un événement à l’échelle de son territoire national sont bien des événements. De même que la visite dans tel pays de personnages et personnalités comme un président des Etats-Unis, le roi de tel pays, les attentats du 11 septembre à New York sont des événements qui ne sont en rien comparables à un accident de car-rapide sur la Vdn de Dakar, ni la signature d’un accord de financement au profit du Sénégal.
Tous ces exemples montrent à quel point on abuse du vocable ‘’événement’’ employé dans tout et n’importe quoi. A toutes les sauces, pour faire populaire. Tant et si bien qu’on ne sait plus ce qui est événement et doit être appelé ainsi, et ce qui ne devrait pas l’être.
‘’L'événement se distingue de l'accident, enseigne l’Encyclopédie Universalis ; l'accident est ce qui arrive aussi, mais d'une manière contingente ou fortuite, ce qui aurait pu ne pas se produire (…), l'événement peut être parfois prédit à l'avance, attendu comme un effet nécessaire à partir d'un certain enchaînement des causes ou de conditions préalables.D'un autre côté, l'événement ne se confond pas avec le fait‘’.
Ne nous laissons donc pas entrainer par les effets d’annonce et le goût pour les formules au point d’en perdre le sens des mots. Il s’en produit pour ainsi dire à chaque instant sur les médias (et d’ailleurs pas seulement là) et tous les jours…
La presse dans l’affaire imam Ndao : Et si la presse n’avait pas tout faux dans les informations diffusées sur l’affaire imam Ndao dont le procès et celui de ses présumés complices et comparses se tient depuis quelques jours à Dakar ? Les aveux des mis en cause sont si précis, si détaillés qu’ils nous en bouchent un coin.
La presse a tellement bon dos ; et les approximations et amalgames qui lui sont souvent imputées peuvent être un argumentaire de la défense d’un prévenu. La presse n’a donc rien inventé de ce qui est confirmé par les mis en cause eux-mêmes. Que voulait-on ? Que la presse tût ces informations obtenues auprès de sources dont personne de bonne foi ne conteste la crédibilité ou, du moins, la qualité des informations fournies ? Non, la presse ne l’a pas eu tout faux ; et il faut la féliciter pour cela que les partisans à tout crin des accusés doivent savoir.
De gros nuages noirs s’amoncèlent dans le ciel du Sénégal, en raison du vote prévu pour le 19 avril 2018, par l’Assemblée nationale, d’une loi sur le parrainage obligatoire de candidatures indépendantes à l’élection présidentielle. Une disposition fort contestée et au vote de laquelle l’opposition entend s’opposer par la force ou par tous les moyens nécessaires.
Et les déclarations incendiaires de fuser de partout et dont la presse fait l’écho. ‘’Le pays va flamber‘’, annonce-t-on sur un ton qui n’admet point la réplique. Cependant (et c’est notre conviction) la vocation et le devoir de la presse ne sont pas de relayer des déclarations incendiaires, ni les professions de foi de pétroleurs.
Fusent aussi des insanités dont les auteurs veulent trouver la légitimité dans leur opposition au pouvoir politique ou dans les verdicts des procès ou le gouvernement de l’institution judiciaire. Et la presse, toujours tout-ouïe, répercute ces fracas.
Répétons-le, avoir repris (et même avec exactitude) des insultes destinées à des personnalités et à des institutions ou même au vulgum pecus expose à des poursuites judiciaires.