« DES MALLETTES CIRCULENT DANS LE SENS D’ACHETER LE VOTE DES CITOYENS »
Thierno Alassane Sall, République des valeurs (Rv)
A l’occasion de la célébration de la fête de la tabaski, si les Imams de Thiès se sont illustrés par des sermons engagés, les hommes politiques aussi n’ont pas été en reste. Si cette fois-ci, Idrissa Seck a été un peu avare en paroles, ce n’est pas le cas de Thierno Alassane Sall de la république des Valeurs (rV) qui a tiré à boulets rouges sur le régime de Macky Sall. Il accuse les tenants du pouvoir de faire circuler des mallettes dans le but d’acheter le vote des citoyens.
Comme à l’accoutumée, Idrissa Seck a effectué la prière des deux rakas de l’Aïd El Kébir à la grande mosquée Moussanté, sous la direction de l’Imam Babacar Ndiour. Si ce dernier s’est encore illustré par un sermon engagé sur le thème de la lutte contre la corruption, Idrissa Seck s’est montré cette fois-ci peu prolixe, même s’il a décoché quelques flèches incendiaires contre le pouvoir de Macky Sall. Contrairement au leader de Rewmi, Thierno Alassane Sall de la République des Valeurs (RV), s’est montré particulièrement virulent contre le pouvoir qui, selon lui, s’adonne à la corruption. «Des mallettes circulent dans le but d’acheter la conscience et le vote des citoyens», accuse l’ancien ministre de l’Energie.
Par ailleurs, Thierno Alassane Sall a indiqué que le sens d’une fête, ce n’est pas des célébrations individuelles, c’est plutôt un mouvement collectif où tout le peuple à l’unisson célèbre des vertus et des valeurs. «Malheureusement dans ce pays, il y a beaucoup de personnes qui sont dans une souffrance extrême et qui sont oubliées de tous. Dans le nord du pays par exemple, il est noté difficultés alimentaires atroces au point où ce sont des étrangers qui viennent apporter leur aide, là où le gouvernement se fait attendre pour un petit milliard. Cette situation est inconcevable, car on nous avait promis l’autosuffisance en riz en 2017 et beaucoup de moyens avaient été mis à cet effet. Mais l’échec est patent, parce que les moyens ont été mal utilisés». Il s’y ajoute que les éleveurs vivent des situations intenables. «L’hivernage dernier ayant été difficile et l’actuel s’annonçant encore plus difficile. Il suffit d’aller vers Sanghé, Thiénaba, etc pour constater que les pousses sont en train de s’assécher sous le soleil.
Et en ce moment, la mobilisation de tout l’Etat du Sénégal devrait être de voir les conditions d’atténuation de ces souffranceslà», relève-t-il avant de déplorer : «le constat est que de la Présidence de la République au moindre hameau du Sénégal, il y a des mallettes qui circulent dans le sens d’acheter la conscience et le vote des citoyens. Des millions de Fcfa sont distribués à des structures de l’APR après une audience et des milliers d’euros circulent en Europe pour des militants frustrés alors que ce sont des étrangers qui viennent nous aider quand nos concitoyens sont en souffrance. Aujourd’hui les éleveurs sont obligés de débourser 8.000 Fcfa pour acheter un sac de foin, ce qui impacte sur le prix du mouton que les Sénégalais peinent à trouver.
Pendant ce temps, les populations de Dakar sont frappées par un manque d’eau et les Sénégalais de manière générale souffrent pour l’accès à ce liquide précieux. Cette façon de faire la politique est antinomique au développement économique et social. C’est une maladie congénitale pour le développement économique et social du Sénégal. Il n’y a aucun pays au monde où de telles pratiques ont permis de mener le pays vers le progrès économique et social», s’indigne l’ancien ministre de l’Energie. De l’avis de Thierno Alassane Sall, ces pratiques sont antinomiques aux valeurs religieuses les plus fondamentales. «C’est purement un esprit de corruption, qui est contraire à l’effort qui doit être fait pour le développement de ce pays», argue-t-il avant de poursuivre son réquisitoire contre le pouvoir de Macky Sall. «La Présidence de la République est devenue plus qu’un siège de l’Apr avec l’organisation de réunions du parti pendant lesquelles les gens se jettent des pierres. Nous ne devrions pas accepter que la Présidence, les ministères, les sociétés soient transformés en moyens à la disposition d’un parti politique, pour perpétuer son règne dans le pays».
A l’intérieur du pays, souligne-t-il, des semences ont été refusées à des paysans sous prétexte qu’ils ont reçu un leader politique de l’opposition, alors que les semences sont destinées à tout le monde rural. «Voilà les antivaleurs qui sont en train de tuer petit à petit les Sénégalais», peste le président de la RV. Quant à Idrissa Seck qui a prié à la Mosquée Moussanté, il s’est contenté d’exprimer sa compassion «à l’endroit de tous les compatriotes qui souffrent, qu’il s’agisse des paysans et des éleveurs qui souffrent du manque de pluie, des commerçants qui ont perdu leurs biens dans des incendies de marchés et d’infrastructures publiques, des jeunes qui, faute d’emplois, sont obligés de se lancer dans l’immigration clandestine. Il s’y ajoute les étudiants qui sont frappés par des années d’efforts finalement annulés. A l’ensemble de nos compatriotes qui souffrent, j’exprime toute ma compassion» a-t-il dit.
IMAM BABACAR NDIOUR MOSQUEE MOUSSANTE : Dur réquisitoire contre les corrupteurs et les corrompus
Après la prière des deux rakas, l’Imam Babacar Ndiour de la grande mosquée de Moussanté de Thiès s’est encore distingué avec un sermon engagé, touchant les tares de la société. Cette année, il a dénoncé la corruption sous toutes ses formes et son impact négatif dans la société, mettant au banc des accusés, corrupteurs et corrompus. A l’en croire, «rien n’empêche au musulman d’avancer autant qu’il le veut, de richesses tant qu’il ne les acquière que par la voie licite et qu’il ne les fasse croître que par les moyens légaux. Du moment que l’Islam reconnaît à l’individu la propriété légale de ses biens, il les protège avec des lois et des instructions morales afin que la main des injustes ne s’y abatte à travers le vol, l’escroquerie, la corruption, la surfacturation, etc.». Il a dénoncé avec virulence les pots de vin versés à des fonctionnaires pour avoir gain de cause dans un litige, afin d’avoir quelques avantages matériels et priver un adversaire de quelques droits. Il a également décrié les marchés de gré à gré avant de souligner que la corruption est nocive à tous les niveaux de la vie active, mais elle l’est plus quand elle concerne la justice