FUSILLER DIOUF, WADE ET MACKY
Quand le déclinologue Sonko se plombe tout seul avec son propre "criminal-gun" !
La politique, comme toute discipline des sciences humaines et sociales est basée sur une méthodologie argumentaire. Elle se veut certes théorique par essence, mais se définit avant tout comme la science de l’idéal ou de la doctrine à partir desquels acteurs (pouvoir et opposition) se confrontent dans les idées. Ce qui requiert, dès lors, une parfaite maîtrise de ses règles parmi lesquelles nous pouvons citer les méthodes d’association verbale (ou association d’idées) fondées sur un décryptage du recueil des données et de leur traitement à leur interprétation.
C'est pourquoi, PHILIPPE BLANCHET,Professeur de sociolinguistique et didactique des langues, département Communication, université Rennes 2 nous a gratifiés dans son livre intitulé “Les Mots piégés de la politique” d'une instructive et simplissime définition du pouvoir, de sa conquête à son exercice, et, dont tout aspirant ou occupant doit s'approprier pour la bonne marche du landerneau : “Le pouvoir est une question de langue, de discours et de vocabulaire. Il se conquiert et s’exerce en diffusant et imposant subrepticement des sens implicites, des présupposés, des préjugés, qui sont cachés sous les usages de certains mots, dans les détours de certains discours.”[1]
Pour bien faire avaler son discours comme un comprimé caché dans une mie de pain, il faut impérativement s'imposer un certain nombre de codes à respecter afin d'éviter sa mauvaise réception. D'où le fait de bien nommer les choses. Gare à ceux/celles qui s'aventurent à banaliser la nomination car Albert Camus disait « mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde ». Par malheur au monde, il sous entend, comment la responsabilité qui incombe à chacun de nous dans l'emploi d'un nom et son association à certains autres mots, telle une bombe, est sensée être l'élément détonateur dans son éclatement ou son désamorcement. En des mots plus simples, tout est dans le point de vue que l'on veut faire véhiculer au cours du discours. Discours qui, dans tous les cas de figure possibles, révèle, explicitement ou implicitement, un parti pris, des orientations, des convictions que l'on éprouve et que l'on veut faire partager au moment de sa prise de parole. Leur contenu est nécessairement rempli d’implicites et de présupposés. Segmentés en deux catégories, nous avons d’une part, des discours, qui, de nature plus explicites, sont souvent plus plus réfléchis, plus honnêtes et mieux fondés et, ceux, plus lourds de croyances, de fausses évidences, de contenus sous-entendus, de véritables pièges tendus consciemment, à la portée plus grave, d'autre part. D'ailleurs, le tonitruant Olivier Besancenot ne pouvait mieux dire dans cette phrase pleine de sens : « On imagine mal à quel point les mots, verbes, expressions toutes faites, sont autant de messages subliminaux qui finissent par endoctriner notre vision des choses »[2].
À force de manipulations, son auteur peut tomber dans le piège de l'excès qui demeure nuisible à outrance. Ainsi, la moindre erreur pourrait s'avérer fatale et l'amener à la payer au prix fort.
Bein oui, même Ousmane SONKO, en véritable pur produit des médias et jusqu'alors si méfiant malgré son stratagème de déclinologue invétéré n'a pas réussi à s'en échapper puisqu'il a fini par s'y prendre comme un manche.
Nous entendons par l’emploi du terme “déclinologue” plutôt que “décliniste” pour désigner celui et/ou celle qui entretient une vision pessimiste de la situation économique, politique, ou encore culturelle de son pays et qui estime que cette situation va se détériorer dans le futur si et seulement si, il et/ou elle n'arriverait pas incessamment au pouvoir. Autrement dit, celui et/ou celle qui voit tout en noir.
Après avoir minutieusement épié mot par mot une bonne partie de ses discours prononcés depuis 2016 et parcouru intégralement les 253 et 233 pages de ses deux livres intitulés “Pétrole et gaz au Sénégal : chronique d'une spoliation” et “Solutions - propositions pour un Sénégal nouveau” et parus respectivement les 10 mai 2017 et 16 septembre 2018, nous pensons très honnêtement que sa manie, ô combien iconoclaste et dangereuse à défendre consistant à peindre désastreusement la situation socio-économique du pays nous conforte à dire qu'on le veuille ou non, l'aime ou pas, Ousmane SONKO fait bel et bien partie de cet acabit. Et comme qui dirait à chacun son tour chez le coiffeur. En voici le sien !
Qui nous suit sait que nous nous sommes toujours assignés à ne point tomber dans la spirale du sensationnel, mais cette fameuse vidéo de 39 secondes partagée gracieusement sur les réseaux sociaux où l'on voit l'homme assis, tel un one-man-show, dans ses oeuvres diatribiques, en train de pamphlétiser comme à son habitude les hommes politiques et sans ménagement aucun de ses propres compagnons d'infortune de l'opposition allant même jusqu'à qualifier dédaingnueuserment les politiciens, toute catégorie confondue de “criminels” et particulièrement ceux ayant gouverné le pays depuis l'indépendance de “bons au poteau”, nous a fait bondir de notre stupeur pour nous indigner en participant au débat.
Dans la vidéo où il donne l'impression de poursuivre une réflexion entamée en français “...Parce que c'est inadmissible ce qui se passe au Sénégal. Nos politiciens sont des criminels …” avant d'enchaîner en Wolof clair et limpide “ñifi njité depuis début bi ba legui... indépendance ba legui solen bolewone fusiller lene defo Bakkar“[3] pour finir par psalmodier les problèmes de la société, nous avons là, l'attitude typique d'un déclinologue à court d'idées qui tire sur tout ce qui bouge.
Dieu sait qu'en toute naïveté, nous nous étions initialement dits qu'il s'agissait très banalement d'un énième coup fourré et monté de toute pièces par ses adversaires du moment - conquête du Graal oblige - pour diaboliser l'homme, qui, il faut le reconnaître, avait bien commencé à secouer le cocotier en occupant comme cela se doit le temps et l'espace de la communication politique des grands événements.
Il nous a fallu écouter religieusement l'édition d'informations du jour du lundi 15 Octobre 2018 de la radio RFM, pour nous en convaincre et nous rendre également compte de l'énormité de la brèche politique qu'il a laissée béantement ouverte et dans laquelle, ses adversaires ne se sont pas faits priés pour s'y engouffrer. Invité par l'excellent journaliste, M. Antoine DIOUF, à maintenir ou non les propos qu'il a tenus dans cette vidéo, l'homme, l'air désarçonné se lance d'abord durant 1m05 dans de périlleux balbutiements sous forme de victimisation et de vantardise, avant de finir par cracher le morceau “..Cette vidéo date de plusieurs mois …” Et plus surprenant que tout, en lieu et place de plates excuses seyant en de pareilles circonstances, Monsieur se barricade derrière une décrépitude avancée de la situation économique du pays qu'il ne cesse de décrire depuis toujours pour étayer ses propos.
Souvenons-nous que l'homme n'en est pas à son premier coup d'essai puisque les cérémonies de lancement en grande pompe de ses deux livres précités intervenues à Paris et à Dakar qui devaient normalement lui servir de Tribune pour développer sur son offre politique notamment ses engagements ont été transformées en meetings de rabâchage du “tout fout le camp” : les comptes publics, la corruption, la morale, la santé, les ressources naturelles, la culture, la religion, les valeurs, la paix sociale, la sécurité etc...In fine, tout tournait autour du comment réduire le Sénégal à la misère.
Pour nous limiter qu'au dernier ouvrage en date appelé livre-vision, grande à été notre surprise de le voir dépourvu d'honnêteté à travers le manque total de repères bibliographiques encore moins d'illustrations si ce ne sont qu'un tableau du PIB à la page 44 et trois graphiques de la Banque Mondiale dont le premier date de 2013 et deux derniers de 2014 placardés à la page 230 et 231.
Une fois le tempo donné dès l'avant - propos - page 9 à 14 - dénommé “Pour un Sénégal décomplexé, croire en nous” et étrillé les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pays, de l'indépendance à nos jours, il fait un constat amer de la situation socio-politico-économique dont le paragraphe le plus accrocheur sis à la page 16 est celui consacré au chômage avec un taux estimé à 10,8% (taux d'occupation de 44% en 2017 contre 49,5% en 2012) sans oublier de noter que 93% sont à la recherche de leur premier emploi. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous n'avons eu droit à aucune contre proposition alternative précise sur le comment il allait combattre ce fléau qui frappe particulièrement les jeunes (60% touchés), une fois que les rênes du pouvoir lui soient confiées.
Mis à part, l'élargissement de l'assiette fiscale élaboré avec des orientations plausibles accentuées d’estimations et de chiffres à la page 126 au chapitre 8 “Par quels mécanismes de financement” occupant un pan important du livre de 125 à 165 et où il nous parle essentiellement de recettes additionnelles de 600 milliards minimum par an et de réduction des dépenses publiques, le reste est relaté sur la base d'aucun parallélisme financier. Aucun objectif de croissance visé alors qu'un projet du genre devrait au moins se fonder sur des hypothèses de cette dite croissance accompagnées d’éléments de compréhension ou de réelle perspective historique. Aucune réforme de grande ampleur dénotée. Point de système de santé à proposer pour sécuriser l'accès aux soins de tous les Sénégalais. Idem pour les dispositifs à mettre en place sur chaque réforme envisagée. L’Environnement, pourtant considéré comme l'un des enjeux de l'heure est quant à lui le véritable parent pauvre laissé pour compte. Le dernier “Chapitre 13 : Les clés du changement” bouclant à partir de la page 223 est totalement vidé de son sens par son contenu.
À y voir de près, nous avons juste envie de reprendre les propos de l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin et les transposer au Sénégal « Je vois surgir une nouvelle population dans notre pays, de nouveaux experts : les "déclinologues". De grâce, il y a vingt siècles d’Histoire dans notre pays pour nous rappeler qui nous sommes et où nous allons. Alors, ce n’est pas en levant le doigt pour savoir dans quel sens va le vent que nous devons chercher à comprendre quel est le destin de la France.”[4]
Qu’Allah SWT veille sur NOTRE CHER Sénégal … Amen
Par Elhadji Daniel SO,
Président d'En Mouvement ! Défar Sénégal
Ensemble, Construisons le Sénégal !
NOTES :
[1]. Philippe Blanchet - Les Mots piégés de la politique, Paris, Textuel, 2017, 108 p ;
[2]. Besancenot, O., Petit dictionnaire de la fausse monnaie politique, Paris, éditions du Cherche-Midi, 2016, p. 7 ;
[3]. On ne commettrait point de péché, si l'on fusillait tous ceux qui ont eu à nous gouverner jusqu'ici ;
[4]. Déclaration devant la presse de l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin, 10 janvier 2006.