VERS UN ASSAINISSEMENT DU SECTEUR DES CÂBLODIFFUSEURS
Thiès, 13 nov (APS) - Les câblodistributeurs se sont entendus avec le Conseil national de régulation l’audiovisuel (CNRA) pour suspendre toute activité de production jusqu’après le mois de février 2019, en vue de se pencher ensemble sur un assainissement de ce secteur, a révélé mardi à Thiès, le président de l’organe de régulation, Babacar Diagne.
"Nous allons sûrement vers un assainissement du secteur", a dit M. Diagne, selon qui nombre de câblodistributeurs sont devenus des producteurs, en violation de la réglementation qui les confine au rôle de distribution de chaînes de télévision cryptées.
"Nous les avons rencontrés et ils sont conscients des enjeux. Ils nous ont promis de ne rien faire jusqu’après février", soit après la prochaine présidentielle, a rapporté l’ancien directeur de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS), lors d’un séminaire préparant des correspondants de presse locaux à la couverture de cette élection prévue en février.
Le président du CNRA considère ce type de distributeurs - à ce jour "des milliers" dans différentes villes du pays - comme un "gros problème" pour l’autorité de régulation qu’il dirige.
A travers leurs plateaux à caractère politique, ces câblodistributeurs risquent de créer un "déséquilibre" dans les chances accordées aux différents candidats en lice à l’élection présidentielle, en accordant beaucoup de temps d’antenne à ceux qui leur payent et rien aux autres, a-t-il prévenu.
Au-delà du fait qu’ils font de la production de contenus, alors qu’ ils ne "doivent pas" le faire, ces supports télévisuels "exposent nos enfants" en leur proposant des "films de charme non cryptés à 23 heures".
Pour lui, il y a une fausse perception des Sénégalais qui estiment que les images et modes de vie qui leur sont envoyés de l’Occident à travers les films et séries reflètent ces sociétés, ou sont suivis par les habitants de ces pays.
Ce n’est pas le cas, a corrigé l’ancien journaliste devenu diplomate, qui a notamment servi comme ambassadeur du Sénégal aux Etats-Unis.
Certains de ces distributeurs utilisent les programmes de médias sans en avoir le droit, a poursuivi M. Diagne, considérant que l’Etat "n’a pas été suffisamment vigilant" sur la question des câblodiffuseurs.
"Après février, on va assainir le secteur en collaboration avec le ministère de la Communication", a annoncé le président du CNRA, se montrant optimiste, vu la disponibilité affichée par les acteurs concernés.
Babacar Diagne, récemment nommé à la tête du CNRA, dit "privilégier la concertation et la prévention" à la sanction.
Il s’agit selon lui, de "transformer l’autorité" qui lui est confiée en "influence", afin d’atteindre un "secteur audiovisuel majeur" au Sénégal.
"Nos responsabilités sont énormes (les médias). Nous façonnons les consciences de nos jeunes qui seront nos leaders demain", a-t-il souligné.