SANTE, EDUCATION NATIONALE ET ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : CE QUE PROPOSENT LES CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE
Survol des documents-programmes des cinq candidats à la présidentielle
En parcourant les programmes des cinq candidats à la présidentielle du 24 février prochain, on se rend compte que ces derniers sont bien conscients du poids de l’électorat des acteurs des secteurs de la santé et de l’éducation. Pour cela, on a remarqué que tous les cinq — à savoir Macky Sall, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, El Hadj Issa Sall ou Me Madické Niang —, ont réservé une part importante à ces secteurs avec des propositions de changement et d’engagement plus qu’ambitieuses.
On commence par le programme d’Idrissa Seck de la « Coalition Idy2019 ». Un document de 147 pages dans lequel il s’engage à assainir les secteurs de la santé et de l’éducation pour des systèmes éducatifs et de santé partout et pour tous et en qualité. Le candidat de la coalition « Idy2019) soutient que le système éducatif sénégalais ne répond pas suffisamment aux attentes du peuple. Sur ce, il dit s’engager à mettre en place un Conseil supérieur de l’Education nationale et à moderniser, après concertation nationale, tout le système éducatif, à garantir l’effectivité du droit à l’éducation à chaque Sénégalais et à valoriser la formation technique et professionnelle. « Je veux innover à travers un nouveau style de management et de suivi-qualité en instaurant la gestion axée sur les résultats avec des signatures de contrats de performance entre l’autorité en charge de l’éducation et l’Etat. Je m’efforcerai donc à mettre fin aux conflits sociaux en rapport avec les différents partenaires de l’école, résorber, dans un délai de deux ans, le passif de dettes dues aux enseignants et à entamer les négociations pour une satisfaction complète de leurs revendications afin d’assurer un climat social apaisé, propice à des années scolaires sans grève au Sénégal. Je vais surtout améliorer leurs conditions de travail afin de les motiver et de leur donner le respect et la considération. Je me donne aussi un horizon de 10 ans pour résorber le nombre pléthorique d’élèves vers un maximum de 30 apprenants par classe afin d’amener les taux de réussite pour le baccalauréat de 40 % à 80 %, pour le Bfem de 50 % à 90 % et pour le certificat d’études primaires d’atteindre officiellement les 10 0% » promet M. Seck. Il entend favoriser l’enseignement des sciences dans tous les cycles pour donner le goût des sciences à l’école et au collège et de développer la culture scientifique des élèves afin de stimuler le potentiel économique sénégalais, l’innovation et la recherche. « Mon objectif est d’atteindre l’autosuffisance technologique en 2039, porter le taux d’accès, qui est actuellement de 5 %, à 40 % à l’horizon 2024. Ce, en mettant en place un fonds spécial tiré des revenus du pétrole et du gaz pour renforcer le financement des différents secteurs du système » indique l’ancien maire de Thiès. Concernant l’enseignement supérieur, Idrissa Seck veut faire en sorte que les universités soient adaptées aux normes internationales. Pour ce faire, il s’emploiera, dit-il, dès 2019, à la réforme de l’enseignement supérieur « qui passera tout d’abord par une pacification de l’espace universitaire ». En ce qui concerne la santé, le leader de la coalition Idy2019 estime que le modèle bâti à travers la CMU sur fonds de mutuelles de santé n’est ni innovant, ni efficient. Il propose la création d’une entité professionnelle pour ne pas dire un Service de gestion sanitaire et sociale (Sgss) à la place de la Cmu. Ce service aura pour mission de restituer une politique de couverture maladie à haute qualité, large et à moindre coût. Idrissa Seck s’engage pour une politique rationnelle et appropriée de santé destinée à corriger le déficit en personnel, améliorer qualitativement et quantitativement les infrastructures, relever les plateaux techniques, répartir plus harmonieusement les structures sanitaires dans le pays...
La vision de Sonko
Le plus jeune du quinté à la présidentielle du 24 février prochain, Ousmane Sonko de la « Coalition Sonko président », pour ne pas le nommer, entend aller à la numérisation. « Le système éducatif continue à produire des diplômés qui se retrouvent au chômage pour la plupart d’entre eux. La solution passera par une remise en cause profonde de nos curricula en matière de formation notamment dans le numérique, couplée à un changement dans la stratégie de formation qui doit désormais privilégier le savoir-faire et l’innovation. Je propose le reprofilage des curricula de la formation dans le numérique et la mise en place de nouveaux parcours pédagogiques et d’apprentissage conformes aux besoins du secteur du numérique, un accord-cadre entre l’Etat et les entreprises de services numériques (Esn) pour la mise en place effective de la formation perpétuelle et alternée dans le domaine, ainsi que la mise en place d’une fondation du numérique pour accompagner l’Etat et les acteurs du numérique dans la mise en application des résultats de recherche et d’innovations technologiques », confie encore Sonko. Le leader de Pastef reste convaincu que le numérique est aussi une solution pour contourner certains manquements liés à la santé tels que les registres et les dossiers de santé qui sont totalement inopérants et qui ne permettent pas d’élaborer des statistiques nationales fiables,
Le PUR met l’accent sur le capital humain
Le programme du PUR d’El Hadji Issa Sall est principalement axé sur le capital humain surtout comme ressources à capacités à travers l’Education et la formation. Ainsi, pour l’Education, le « Programme Pur 100 » va faire de la formation professionnelle un levier de développement du Sénégal en éradiquant les abris provisoires sur le territoire national à l’horizon 2021.Il va aussi intégrer l’apprentissage du numérique à l’école dès l’élémentaire, inclure l’enseignement des daaras traditionnels dans le système éducatif pour enrayer définitivement le phénomène des enfants de la rue. Inclure aussi les langues nationales, le numérique et l’anglais dans notre système éducatif, réformer le baccalauréat en supprimant les séries, augmenter l’employabilité dans la formation en rendant obligatoire l’alternance école/entreprise, donner plus de valeur au métier d’enseignant. Et pour l’enseignement supérieur, le candidat du PUR entend réduire la fuite de cerveaux et favoriser leur retour au Sénégal. En matière de santé, le Pr Issa Sall s’engage à garantir la prise en charge systématique et obligatoire des urgences vitales, assurer certains avantages aux professionnels de la santé exerçant dans les zones éloignées et mettre en place une motivation graduelle pour inciter les autres agents de santé à aller à l’intérieur du pays. Last but not least, El Hadj Issa Sall entend mettre en place un système de mutualisation sanitaire au bénéfice de toutes les couches sociales,
Madické Niang propose une nouvelle loi d’orientation pour l’école et la santé
La coalition Madické 2019 quant à elle propose, dans son projet de société « Jamm ak khéweul », une nouvelle loi d’orientation qui prendra en charge, entre autres, l’enseignement des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques ainsi que l’enseignement des langues nationales, le plus tôt possible. Il va proposer au gouvernement français l’ouverture de négociations sur les droits d’inscription des étudiants sénégalais, prendre immédiatement les dispositions idoines pour le retour dans les amphithéâtre des 40 000 étudiants orientés dans le supérieur privé, rétablir la généralisation des bourses et aides à l’université avec un traitement spécial pour les filières scientifiques et techniques tout en prenant les dispositions pour les paiements à bonne date. Pour l’enseignement coranique, Madické Niang va accompagner les daaras par une subvention conséquente en vue du retrait définitif des apprenants coraniques de la rue. Et pour la santé, il compte, dès son élection, faire l’état des lieux de la Cmu et remédier à son impact négatif sur la situation financière des mutuelles de santé et des hôpitaux. Il annonce également l’organisation « sans délai » des états généraux de la santé pour, dit-il, disposer d’un programme national de santé consensuel ».
Les nouvelles ambitions de Macky Sall
Quant au candidat Macky Sall, il estime que l’heure n’est plus à la création mais à la finalisation de projets et programmes à l’image du « Programme zéro abri provisoire » démarré en 2018 et qui s’étendra au cours du second plan d’actions prioritaires du Pse pour un investissement de 150 milliards francs Cfa. Les priorités auxquelles il entend s’attaquer, c’est surtout l’introduction progressive de l’apprentissage de l’anglais et de l’informatique dès les deux dernières années du cycle du primaire pour préparer d’avantage notre jeunesse aux défis de la société du futur. Une école de la deuxième chance sera aussi promue pour lutter contre le décrochage scolaire. Et pour garantir à la jeunesse de meilleures conditions en milieu scolaire, le président sortant, une fois réélu, va lancer en 2020 un programme national de cantines scolaires, en priorité en milieu rural, en faveur des élèves du cycle élémentaire et des collèges. Pour l’enseignement supérieur, il envisage aussi de renforcer la carte universitaire avec l’ouverture d’autres universités déjà en chantier… Par rapport à la santé, le candidat de Benno va, en gros, développer un programme national de réduction des inégalités d’accès à la santé ainsi que le sport en milieu scolaire. Le tout sera doté d’un budget de 5 milliards par an à partir de 2020, en relation avec les collectivités territoriales.