LES ILES DU SALOUM… EN SURSIS
Les populations de Dionewar et le reste des 19 îles du Saloum sont en sursis ! Leurs localités étant menacées de disparition du fait de l’érosion côtière et de l’avancée de la mer qui ne cesse d’engloutir des terres.
Les populations de Dionewar et le reste des 19 îles du Saloum sont en sursis ! Leurs localités étant menacées de disparition du fait de l’érosion côtière et de l’avancée de la mer qui ne cesse d’engloutir des terres. A cela s’ajoute la hantise de l’exploitation prochaine des ressources pétrolières et gazières de la Pointe de Sangomar. Suffisant pour qu’elles fassent appel, malgré l’aménagement d’une «Aire maritime protégée de Sangomar» par les municipalités de Dionewar et Palmarin, aux gros moyens de l’Etat pour abriter définitivement ces îles du Saloum, notamment les 5500 âmes résidant à Dionewar et 7000 autres du village de Niodior, entre autres. Déjà, la Banque mondiale, dans un rapport, alertait sur les conséquences de l’érosion côtière au Sénégal et dans trois autres pays de la sous-région affectant 65% du littoral, avec 4 mètres de plage perdus chaque année (voir par ailleurs).
Naturellement, la mer est un des facteurs de vie incommensurable. Sa présence est toujours d’un grand apport pour l’homme, car lui assurant toutes les conditions d’une vie équilibrée. Ainsi, au-delà des énormes richesses qu’elle cache dans ses profondeurs, la mer est aussi un facteur d’embellissement du paysage et de protection inégalée du système environnemental. Mais, si elle détruit sur son passage les facteurs qui accompagnent ses richesses, que constitue la terre ferme, elle risque de se retrouver toute seule et finir par perdre ce compagnon potentiel.
L’EROSION CÔTIERE, UN PARADOXE FACE A LA BEAUTE DU PAYSAGE ET AUX TRADITIONS DE DIONEWAR
Dans les îles du Saloum, notamment à Djifère, Palmarin, Dionewar, c’est le même phénomène qui risque de se produire. Même si l’on se refuse aujourd’hui de dire qu’elle constitue un facteur bloquant, la poursuite correcte des arts, traditions et cultures dans cette partie du pays, l’avancée progressive de la mer sur les îles de la Pointe de Sangomar se corse de plus en plus et menace dangereusement les populations locales. Malgré les moult études menées en amont par les techniciens, écologistes, professeurs et autres spécialistes de l’environnement, le phénomène d’engloutissement de ces villages par la mer persiste.
La beauté du paysage, la richesse de la culture et la tradition des occupants n’y feront rien, Donewar et le reste des 19 îles du Saloum sont en sursis. Les populations ont tiré la sonnette d’alarme lors de la première édition des 72h de «Ngodane», tenue les 5, 6 et 7 avril derniers à Dionewar. Une occasion pour les habitants de ces îles du Saloum de revisiter toute l’histoire de cette vaillante dame (Ngodane, la fondatrice de l’île) pour la réécrire et faire face au phénomène de l’érosion côtière qui menace en permanence la plupart des îles situées autour de la pointe de Sangomar.
DIJFERE MENACE D’ÊTRE RAYE DE LA CARTE
Le village de Djifère qui n’est plus qu’une bande de terre de moins de 300 mètres de large, encerclée en forme de fer à cheval par la mer, risque d’être rayé de la carte, du fait de l’érosion côtière accentuée par l’avancée de la mer. En effet, c’est en février 1987 que le phénomène d’engloutissement de ses terres s’est manifesté pour la première fois. Ce mois-là, Djifère a été amputé d’une grande superficie de terre située sur sa partie Sud. Dans ce coup, l’usine de transformation de produits halieutiques qui employaient plusieurs centaines de personnes disparaissait, laissant derrière elle, des vagues en furie. Des moments de grande tristesse chez les populations et les villageois qui ont vécu ce jour-là la plus grande psychose de l’histoire de Djifère. Une psychose qui, visiblement, hante toujours les populations qui craignent à chaque instant, de jour comme de nuit, que le reste de leur village ne soit emporté par les vagues. Jusqu’au dernier jour où l’on les quittait, à l’issue d’un voyage riche en enseignements et émotions, cette même sensation tonnait encore dans nos oreilles.
Si dans les villages de Palmarin et Diakhanor, le phénomène est moins grave, avec une grande majorité de résidents qui espèrent encore avoir plus de temps pour voir leurs villages dévastés par l’Océan, à Dionewar en revanche, les dégâts causés par cette érosion côtière se multiplient sensiblement. Ces villages, véritable paradis touristique pour les nombreux étrangers désirant visiter la pointe de Sangomar, ont perdu l’essentiel de leurs plages. Les nombreuses murailles vertes composées de cocotiers et palmerais qui longeaient la côte se sont toutes retrouvées à terre, en voie de pourrissement. Et ce, à côté de certaines habitations construites en bordure de la plage par des étrangers ou autres résidents plus nantis. Un décor habituel que les populations locales des îles du Saloum traversent tous les jours avec amertume, inquiétude et sans espoir de trouver un intervenant capable de redresser la situation.
DIONEWAR REAGIT, … VAINEMENT
Il faut relever que l’ouverture de cette brèche maritime dans l’île de Dionewar, n’a pas laissé les populations indifférentes. Pour avoir déjà perdu 200 mètres de terre sur sa partie Nord-ouest et inondées sur la façade Ouest, à chaque remontée de marée ou autre pluies diluviennes, les populations de Dionewar se sont prêtées à la construction de digues de protection pour amortir les tempêtes et leurs dégâts. Mais… vainement. Car, compte tenu de la fragilité de ces ouvrages et le manque d’un réseau d’assainissement dans ce village, cette stratégie est loin de prospérer. Et, à chaque tempête ou hivernage, les cimetières du village, l’arène de lutte, le terrain de football et l’école II pataugent dans les eaux.
Malgré la dernière visite d’inspection des sites du ministre de l’Intérieur d’alors, Abdoulaye Daouda Diallo, dans ce village et les 700 millions du Fonds d’adaptation offerts par le Comité de développement de Dionewar (Cdd), destinés à la réhabilitation de l’ancienne digue, le village est toujours exposé aux risques d’inondation, sur sa partie Nord-ouest, en même temps que sur sa façade Ouest; cette partie située en face de l’océan ouvre à chaque fois les portes à l’érosion. Présentement, pour les populations, il faut de gros moyens pour abriter définitivement Dionewar et le reste des 19 îles du Saloum des menaces de disparition. Car, préviennent les populations, si une tempête d’envergure exceptionnelle les surprend dans leurs sommeils, une population de 5500 âmes résidant à Dionewar et 7000 autres du village de Niodior disparaîtront de manière spontanée.