MILLIARDAIRE OU PAS, IL FAUT REPONDRE DE SES ACTES
NITDOFF, RAPPEUR SENEGALAIS
Aprés ‘’the show of the year’’ Mor Talla Gueye, alias Nitt Doff s’est entretenu avec votre quotidien préféré. Dans cet entretien exclusif, il avoue avoir gagné beaucoup d’argent dans cet événement, défie ses frères rappeurs et parle de la traque des biens mal acqui
Quelle leçon avez-vous tiré de votre dernier concert du 05 octobre au stade Iba Mar Diop ?
Big up a tout le monde. Je sors d’un grand événement à savoir mon concert du 05 octobre dernier à Iba Mar Diop. Au début, ce n’était pas évident. Dieu merci, j’ai fais un show dans un stade plein. Au moment où le débat sur le potentiel réel du hip-hop Galsen est sur toutes les lèvres, j’ai réussi un grand concert. Et ce qui me réjouit dans la réussite de cet évènement, c’est que j’ai réussi le concert de l’année du mouvement hip-hop sénégalais, sans aucun sponsor. J’étais l’organisateur, le sponsor et la star. Je suis fier de montrer aux gens qu’on peut aussi organiser des choses grandioses avec nos propres moyens.
Est-ce que ce n’était pas prétentieux de nommer cet événement ‘’the show of the year’’ ?
Vous savez dans le mouvement hip-hop, il y’a ce qu’on appelle l’ego-trip, c’est-à-dire le coté arrogant. Chaque rappeur se considère comme le meilleur et cherche toujours un nom qui reflète ce coté ‘’individualiste’’ du mouvement pour son événement. J’ai choisi ‘’Concert of the year’’ parce que je savais que j’allais faire un grand tabac et aussi parce que j’étais convaincu que mon concert serait le plus grand événement rap du pays. Il y’a peut-être un peu de prétention derrière. Mais la réussite de ce concert montre que ce n’était pas que de la communication ou une campagne de pub. Je clame haut et fort qu’il n’y a pas eu de concert aussi grand que celui de Nitt Doff cette année au Sénégal. Maintenant, si une personne soutient le contraire, qu’elle vienne me montrer les images.
Est ce que vous êtes en train de défier les rappeurs avec cette affirmation ?
Je ne défie personne. Je dis juste la vérité. Il n’y a pas un concert pareil au Sénégal cette année. Toute modestie à part, Je suis le seul rappeur qui a rempli Iba Mar 3 fois de suite. Prétention ou défi, ce qui est constant est là, devant tout le monde.
Quelle est la particularité de l’échange musical entre Nitt Doff et ses fans qui fait que les mélomanes remplissent le stade Iba Mar a chacun de tes concerts ?
L’échange est naturel parce que tout simplement je fais du spectacle. Les gens disent que je suis une bête de scène, donc j’essaye toujours de produire un spectacle à la hauteur de cette réputation à chacun de mes concerts. C’est pour cette raison que j’évite de faire de la récitation sur scène. A chaque événement, j’apporte une nouvelle touche dans mes déplacements, mes chorégraphies, mes tenues vestimentaires et j’ajoute de petits bonus dans les chansons. Comme je sais que j’ai un public de connaisseurs, je crée toujours la surprise en ajoutant un bout de phrase dans le texte d’un morceau. C’est pendant ces moments que Les mélomanes découvrent l’intensité de ta musique parce qu’ils se rendent compte de la différence qu’il y’a entre écouter un Cd chez eux et un concert. Voilà ce que j’échange avec mes fans.
Cet échange est souvent électrique voir violent, est ce que Nit Doff est une personne violente ?
Le hard core n’est pas une musique violente. Donc je ne peux pas être violent. Il faut que les gens comprennent que le rap pur et dur est une musique faite pour les personnes qui ont une certaine capacité de réflexion. Apres les écrits du Coran, les hadiths et les khassaïdes, c’est le rap hard core qui vient parce qu’il est véridique. Et quand la vérité éclate, elle n’a pas besoin d’apparat pour se faire savoir. Je ne suis pas un homme violent.
J’essaye de transmettre la vérité avec la manière. Les gens peuvent me juger à travers ma musique, ou mes prestations sur scène. Je n’y peux rien.
Le ‘’clash’’ que vous faites n’est-il pas une sorte de violence ?
Je l’ai fait une seule fois et c’était dans mon premier album. Je ne le fais pas souvent mais c’est ce que les gens retiennent de moi parce que c’est un classique. ‘’Kalachnikov’’ est une chanson qui traverse le temps grâce à son contenu. Je suis arrivé au moment où le rap sénégalais prenait une tournure inquiétante avec des chansons et des clips à caractères sexuels. C’était ces messages que certains rappeurs développaient dans leurs chansons. Et il a fallu des personnes comme moi, pour dénoncer ces tendances négatives qui risquaient de plonger notre rap dans une mouvance contraire à nos valeurs. C’est dans cet état d’esprit que j’ai enregistré ce tube pour décrier ces pratiques. Heureusement, ils ont compris que ces types de chansons ne riment pas avec nos réalités, même si le hip-hop est importé des USA. Cependant, je ne fais pas que du ‘’clash’’. Je le revendique, mais il n’occupe que 3% de mes productions.
Est-ce que le rap hard core a toujours sa place dans le mouvement ?
Bien sûr qu’il a sa place. La preuve c’est ce genre de rap qui remplit les stades. Ce style reste toujours populaire parce qu’il a été au début du mouvement et malgré l’évolution du mouvement avec le temps, le rap hard core garde son originalité. Il est vrai que les tendances en plus d’être nombreuses et variées, constituent un bon mixte avec les variétés sonores. Mais, elles restent des musiques éphémères. Par contre le rap hard core traverse les générations. Les conservateurs, et ceux qui comprennent l’essence de ce style, sont plus nombreux. Ceux qui ont cru à ce genre de musique dans les années 90, continuent de vibrer pour elle. Les rappeurs qui le prônent existent à travers ce rap. Voilà pourquoi le rap que je prône me permet de remplir les stades. Maintenant, si les média ne comprennent pas, nous qui sommes à l’intérieur, maitrisons les réalités de notre milieu.
Vu que le stade était plein, à combien s’élève vos bénéfices ?
Le but du concert n’était pas de gagner de l’argent.
Est-ce que vous avez investi a perte malgré le nombres de personnes qui étaient au stade le jour du concert ?
Non ! Nous avons gagné un peu d’argent, mais ce n’était pas l’objectif du concert. Je voulais montrer à mes frères rappeurs qu’il est possible d’organiser des concerts de hautes factures, sans sponsors et se faire un peu de sous au Sénégal. J’ai préparé le concert en 1 mois, sans les sponsors. Ne pas écrire à aucun sponsor a été un choix gagnant, parce que j’ai réussi à organiser ‘’the show of the year’’ tout seul. Ce qui montre que malgré les difficultés auxquelles le mouvement est confronté, les rappeurs peuvent faire de grands concerts. C’est le message que je voulais faire passer tout en sachant que les sponsors ont une place de choix dans notre musique. Si j’avais un seul sponsor pour ce concert le public serait beaucoup plus nombreux et l’argent aussi.
Nit-Doff fait-il dans le social ?
Dieu merci, je suis un talibé et mon plus grand bonheur, c’est de pouvoir aider mes semblables. Le partage fait partie de notre éducation. Je suis très engagé dans le social. Je partage, j’aide et je réponds toujours présents à l’appel de la demande. Malheureusement, je ne dispose pas d’assez de moyens pour aider toutes les personnes qui sont dans des difficultés. Nous avons la volonté mais nous ne pouvons pas tout faire par manque de moyens. C’est pourquoi, nous utilisons notre voix pour que des personnes plus loties financièrement, prennent les devants. Nous avons des projets dans le domaine social.
Donnez un exemple de ce que vous dites ?
Je ne peux pas dire ou donner les noms des personnes que j’ai aidées. Je suis un talibé et la discrétion occupe une place importante dans mon éducation. Je préfère ne pas citer de noms, pour ne pas vexer certaines personnes. Je fais énormément dans le social, c’est pour cette raison que je n’ai rien.
Vous n’arrêtez pas de dire que vous êtes un talibé jusqu’ou s’étend votre degré de soumission ?
C’est cette partie de ma vie qui me fait. Je suis un grand Talibé. C’est pourquoi je ne fréquente pas les boites de nuit, je ne prends pas d’alcool, je ne fume pas parce que je suis un talibé. Et ce sentiment d’appartenance a un groupe de personnes avec des valeurs humaines très fortes, me permet de garder un certain équilibre et m’empêche de déraper dans la vie. J’ai été éduqué dans un daara. Je suis un talibé de cheikh Ahmet Tidiane, de Cheikhna Abass Sall.
Vous navigué entre la France et la Sénégal. Mis à part le rap, quelle autre activité exercez-vous en France?
Je viens de vous le dire, j’aime partager. C’est, je crois l’une des raisons qui font que les gens pensent que je suis immensément riche. C’est vrai que je ne me plains pas mais je ne suis pas nanti. En Europe, je vis de mon métier. Je suis allé en France pour faire fortune comme mes frères, car je suis issu d’une famille de Modou-Modou. Aujourd’hui, je vis de ma musique et de la vente de mes vêtements par le label Nitt Doff.
Quel est le regard que vous portez sur le pays ?
Les Sénégalais doivent s’armer de patience parce que le pouvoir actuel a hérité d’un pays en état de destruction avancée. Le pays est dans une situation très difficile et il est impossible de régler tous les problèmes en même temps. L’éducation, la santé, le chômage des jeunes, voilà autant de questions auxquelles le nouveau gouvernement doit apporter des réponses en urgence parce que le peuple s’impatiente. Personnellement, je sais qu’il est impossible d’arranger tous les dégâts causés par l’ancien régime en 3 ou 4 ans. Si ce gouvernement y arrive, je dirais bravo.
Comment avez-vous vécu la pénurie d’eau ?
Comme tous les Sénégalais. Je puisais de l’eau un peu partout. J’attendais la nuit pour me baigner dans la mer, après je prenais une bouteille d’eau de puits pour enlever le sel. Il est important que les populations comprennent qu’on est dans un pays avec peu de moyens.
Vous semblez défendre le gouvernement, êtes vous un partisan de ce régime ?
Non, je ne suis pas un «apériste», ni un politicien. Mais il important de ne pas verser dans la politique politicienne. Je trouve que ce gouvernement est en train de donner une leçon à toute l’Afrique avec cette traque des biens mal acquis. La corruption et le détournement des derniers publics, sont le cancer des pays africains. Aujourd’hui, quelque soit les conclusions qui vont découler de cette traque, nos dirigeants y réfléchiront à deux fois avant de détourner nos biens. Le nouveau régime a montré que personne n’est intouchable, que tu sois milliardaire ou pas, tu dois répondre de tes actes.
Quelle est ta relation avec canabasse ?
Pour dire vrai, c’est un débat qui ne m’intéresse pas. Je suis concentré sur mon job et rien d’autre.
Avez-vous des potes dans le milieu du rap sénégalais ?
J’entretiens de très bonnes relations avec la majorité des rappeurs. La preuve pendant mes concerts il y’a souvent beaucoup d’invités.
Etes-vous amoureux ?
Je préfère taire ma vie privée