AIDONS L’ETAT A VAINCRE LA COVID-19
A défaut de différer à la tenue du Magal de Touba, des Gamou de Tivaoune et de Ndiassane, du Ziarra Omarienne, entre autres, nous devons les célébrer d’une manière symbolique comme l’a préconisé l’ancien ministre Mary Tew Niane
La vulnérabilité de l’humanité a été mise à rude épreuve par le nouveau coronavirus. Partie de la province de Wuhan en Chine, la Covid-19 s’est propagée dans le monde à une vitesse supersonique et a confiné des milliards d’individus. A la date d’hier, jeudi 13 août, elle a atteint 20.716.498 de personnes et en a tué 751.033.
Au Sénégal, du cas zéro enregistré le 2 mars dernier, nous en sommes à 11.740 déclarés positifs dont 244 décès et 3923 sous traitement. Depuis lors, l’Etat multiplie les initiatives pour freiner sa propagation. Certaines ont été décriées à tort ou à raison. Sans occulter le lot d’incohérences dans la riposte notées ça et là. Toutefois, force est de reconnaître, que l’Etat a entrepris des décisions et pas des moindres pour combattre ce fichu virus qui a fini par mettre l’économie du monde entier à genou.
Aux Etats-Unis, le président Trump a prévu un plan de relance à 1.000 milliards de dollars. En France, Le président Macron promet 200 millions d’euros et un plan pour la reconquête industrielle pharmaceutique afin de «reconquérir la souveraineté sanitaire» de son pays. En Chine, le président Xi Jinping a dévoilé un plan de soutien de 1.000 milliards de yuans (131,4 milliards d’euros) pour soutenir son économie qui a chuté cette année pour la première fois en 40 ans, en raison de la pandémie de coronavirus. La Banque Centrale européenne de l’UE envisage de mettre à la disposition des marchés financiers 750 milliards.
Au Sénégal, le président Sall a créé un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 dénommé «FORCE-COVID-19». Il sera doté de 1000 milliards de FCFA. Partout donc dans le monde, on assiste à une pluie de milliards pour sauver l’économie qui tourne au ralenti. La dette privée est presque en passe de devenir une dette publique. Du jamais vu ! Quid de l’humain dans cette résilience face à la Covid-19 ? Chaque pays s’organise à sa manière pour éviter l’hécatombe. Confinement total par-ci, port obligatoire de masque par-là. La liberté très chère à l’être humain est mise à rude épreuve pour sauver la planète. Sauf que certains ne semblent toujours pas comprendre la dangerosité de cette pandémie.
A côté de certains qui cherchent d’une manière ignoble à s’enrichir, à faire du business dans un monde dévasté, d’autres font preuve d’incivisme, d’insouciance et du «matey» pour propager la maladie dans les villes, villages et autres hameaux. Le chef de l’Etat, Macky Sall conscient que dans un pays pauvre, très endetté, comme le nôtre, il était impossible de procéder à un confinement total, devant déboucher sur des émeutes de la faim, a tenté par tous les moyens de sensibiliser ses concitoyens en leur demandant même «d’apprendre de vivre avec le virus», tout en faisant preuve de responsabilité (respect des mesures barrières, de la distanciation physique, port de masque…).
Mais, rien n’est fait. Or, il est temps de comprendre que si nous voulons combattre ce virus, nous devrons faire preuve de responsabilité à tous les niveaux. Il est clairement établi par les spécialistes de santé d’ici et d’ailleurs que la Covid-19 profite des rassemblements pour se propager. Notamment dans nos lieux de culte, la célébration événements heureux (baptême, mariage) ou/et malheureux (décès). L’Etat a pris des dispositions pour interdire les levées du corps. Mais, le principal problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, ce sont les Magal, Gamou et autres ziarra. Ils sont estimés à un plus 400 alors que l’année ne compte que 365 jours, 1/4.
Et notre avis, il n’appartient pas au chef de l’Etat, le président de la République de les interdire. Cette responsabilité est du ressort exclusif des Khalifes généraux. Par conséquent, à défaut de différer à la tenue du Magal de Touba, des Gamou de Tivaoune et de Ndiassane, du Ziarra Omarienne, entre autres, nous devons les célébrer d’une manière symbolique comme l’a préconisé l’ancien ministre de l’enseignement supérieur, Mary Tew Niane. La Conférence épiscopale inter-territoriale Sénégal, Mauritanie, Cap-Vert et Guinée Bissau a indiqué la voie en annulant l’édition 2020 du traditionnel pèlerinage marial de Popenguine et en maintenant fermées les églises.
Le Khalife Général de Tidianes, leur à emboiter le pas en ordonnant lui aussi, la fermeture les mosquées sous son autorité. Le Khalife Général des Mourides, est également resté ferme sur le respect de la distanciation physique dans les mosquées. Ce, après avoir contribué à hauteur de 200 millions dans la riposte contre la covid-19. Ils sont donc tous conscients de la gravité de la pandémie. D’ailleurs, est-il nécessaire de rappeler qu’un des cinq piliers de l’Islam, le pèlerinage la Mecque a été interdit cette année, aux pèlerins internationaux.
C’est plus de 12 milliards de dollars que l’Arabie Saoudite a été contrainte de perdre pour de se prémunir du virus. La mosquée du prophète Muhammed (PSL) appelée Al Masjid Al-Nabawi a aussi été fermée pour la première fois après 14 siècles-1400 ans, avions nous écrit dans ces mêmes colonnes.
Qui n’a pas non plus vu les impressionnantes images de la Kaaba vidée de son monde ? Une situation sans précédent. Autant de fatwa (avis religieux) ont été décrétés dans différents pays de confession musulmane. Au Sénégal, on ne devrait donc pas être en reste si nous voulons aller en croisade contre la Covid-19. L’heure est très grave. Notre pays continue de s’enfoncer dans le rouge. Ce sont les Khalifes généraux qui sont ici interpellés. Ils ne devraient surtout pas écouter certains fanatiques qui continuent à croire que le malheur n’arrive qu’aux autres, comme si nous, Sénégalais étions sortis de la cuisse de Jupiter.
Pourtant nous avons vécu la catastrophe maritime la plus meurtrière avec le naufrage du bateau «Le Joola» et ses 1863 morts officiellement déclarés, la noyade de nos braves femmes à Bettenti, les incendies de Madina Gounass et l’explosion de l’ammoniaque en 1992. Qu’avons nous retenu de tous ses drames ? Voilà autant de faits qui devraient nous pousser à faire notre propre introspection afin d’aider l’Etat à vaincre la covid-19.