LES RESPONSABLES CEDENT MAIS CRIENT AU COMPLOT
FERMETURE DU CENTRE DE DIALYSE AMERICARE
Comme annoncé par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, le Centre Americare Médicale- ville de Dakar est provisoirement fermé. Les patients qui faisaient leur dialyse au centre, sont redéployés vers les structures comme l’hôpital général de Grand Yoff, Le Dantec et l’Hôpital principal. Même si les responsables du centre acceptent la décision de la tutelle, ils accusent des personnes tapies dans l’ombre qui, selon eux, ne souhaitent que la fermeture de l’établissement.
Ouvert depuis juillet 2012, le centre d’exploration, de diagnostic et de dialyse, est dans une mauvaise passe. Il est depuis hier, fermé de manière provisoire par le ministre de la Santé et de l’Action sociale. Une mesure qui s’explique par une accusation faisant état de la qualité de l’eau utilisée et d’une défectuosité des machines. Des reproches balayés d’un revers de la main par les responsables du centre. Par la voix de sa directrice général adjointe, Fatou Kagni¸ ceci n’est rien d’autre qu’une «cabale et une manipulation dignes des plus grands mafias en vue de fermer le centre du dialyse Americare Médical-Ville de Dakar». Confirmant la fermeture du centre, elle révèle qu’aucun branchement n’a été effectué depuis hier et les patients sont déployés vers les centres sanitaires de la place comme Principal, Le Dantec et Grand Yoff. De ce fait, les trois salles de dialyse du centre étaient hier vidées de leurs habituels occupants. Des lits accompagnés d’appareils de dialyse sont installés avec tout le matériel nécessaire pour dialyser les patients insuffisants rénaux.
DES DIALYSES LES DIMANCHES A 60 000 ! Mais avant la directrice général adjointe du centre, pense que la fermeture des lieux est «causée par le néphrologue du centre et ces complices. Tout cela pour des intérêts personnels, pour prendre le contrôle du centre de dialyse au détriment des insuffisants rénaux dont le mal n’est pas pris en considération». Poursuivant sur cette lancée, elle qualifie ces gens de «bandits qui considèrent le centre comme un moyen de s’enrichir et de mener des trains de vie de pachas». A en croire la dame Kagni, le néphrologue du centre faisait des pratiques à l’encontre de l’éthique. Selon elle, il commandait 90 boîtes de Lovenox, médicament nécessaire pour brancher et débrancher les patients, alors que le centre, n’a besoin que 26 boîtes, depuis le 14 août dernier. «La question que l’on se pose c’est où passaient les 60 boites supplémentaires demandées quotidiennement par le néphrologue du centre, qui, il est évident, étaient destinés à d’autres fins que le branchement des patients du centre de dialyse Americare Médicale-Ville de Dakar», accuse Fatou Kagni. A cela s’ajoute, soutient-elle, des commandes frauduleuses de médicaments et consommables de dialyse et des pratiques de dialyses le dimanche. «Le néphrologue pratiquait des dialyses les dimanches à l’insu de l’administration et de la comptabilité qu’il facturait à 60 000 F CFA, selon les témoignages de plusieurs patients et des agents chargés de la sécurité», ajoute la directrice générale adjointe.
PANIQUE CHEZ LES PATIENTS. Ces pratiques ont été combattues par la nouvelle équipe qui a pris fonction le 1er juillet 2013. Ce qui n’est pas du goût, d’après Fatou Kagni, du néphrologue qui depuis lors, fait, dit-elle, «tout son possible pour faire fermer le centre». D’où ses accusations…
«Les résultats des analyses de l’eau prouve qu’elle est de bonne qualité. Un prélèvement a été envoyé à l’institut Pasteur, qui ayant un problème avec ses appareils de mesure, a orienté la direction vers le CDRMM», précise-t-elle. S’agissant des machines, notre interlocutrice affirme qu’elles sont toujours sous la surveillance des techniciens biomédicaux du centre qui tiennent régulièrement leurs rapports d’intervention.
Du côté des patients, c’est la panique. D’autant plus que les structures auxquelles ils sont orientés, peinent à les prendre en charge. Au nombre de 71, les malades ne cessaient d’appeler durant l’entretien que nous a accordé la directrice adjointe. L’un d’eux du nom de Yoro Sall, a d’ailleurs témoigné au bout du fil. «On a peur parce que le privé est indifférent au problème. On n’a jamais eu de problème au centre. Depuis cinq mois, je suis ici mais je me sens très bien. Maintenant, on ne sait pas quel sort nous attend dans ces hôpitaux vers lesquels nous sommes orientés», s’inquiète Yoro Sall au bout du fil.
Telle est ainsi la situation qui prévaut au centre Americare. Les responsables espèrent tout de même une issue heureuse. Car pour Fatou Kagni, «seuls les patients perdent avec la fermeture du centre».
Par souci d’équilibre, nous avons essayé d’entrer en contact avec le néphrologue, mis en cause, pour recueillir sa version. Nos tentatives ont été vaines. Raison pour laquelle, nous avons tu volontairement son nom. Toutefois nos colonnes lui sont grandement ouvertes.