LE MAL DES STRUCTURES DE SANTÉ
Au Sénégal, patients et accompagnants se plaignent toujours de l’accueil, du comportement du personnel et de l’hygiène dans les structures sanitaires. L’enquête menée par Cicodev en 2020 montre que la situation ne s’est pas améliorée
Au Sénégal, patients et accompagnants se plaignent toujours de l’accueil, du comportement du personnel et de l’hygiène dans les structures sanitaires. L’enquête menée par Cicodev en 2020 montre que la situation ne s’est pas améliorée.
Les résultats de l’enquête menée par Cicodev-Afrique sur les structures de santé au Sénégal montrent que des efforts doivent encore être faits concernant l’accueil, le comportement du personnel et l’hygiène dans les structures de santé. Cette Ong a fait une enquête d’observation en 2020 sur «l’accueil classique, l’accueil des urgences, l’accueil des malades hospitalisés et le comportement du personnel des structures».
Dans un document, Cicodev informe que «l’observation s’est faite sur 48 structures de santé (dont 15 hôpitaux, 18 centres de santé et 15 postes de santé) dans les 14 régions du Sénégal. Elle a concerné 345 patients/accompagnants et 48 agents d’accueil». Comparant la situation actuelle avec celle de décembre 2015, les auteurs de cette enquête relèvent que «l’analyse des résultats montre une amélioration de l’accueil classique sauf dans l’identification des guichets d’accueil qui reste toujours problématique dans 29,17% des structures visitées». Ils soulignent aussi que «la situation de l’accueil des malades hospitalisés ne s’est pas améliorée». Estimant que «le comportement du personnel envers les usagers et accompagnants a certes connu des améliorations», les résultats de l’enquête montrent qu’il reste beaucoup «à faire à ce niveau».
Chiffres à l’appui, Cicodev fait savoir dans son document que «39,58% des structures observées ne disposent pas de panneaux d’orientation comprenant des images, 29,17% des structures observées ne disposent pas de guichets d’accueil ou ne sont pas identifiables contre 22% en 2015».
Autre point relevé dans l’enquête, la propreté dans les structures de santé. Selon les résultats, «globalement, 10,42% des structures n’étaient pas propres au moment de la visite contre 18,5% en 2015, dans 25% d’entre-elles, les observateurs ont été accueillis par les mauvaises odeurs contre 29,6% en 2015, 25% des toilettes publiques des structures n’étaient pas propres au moment des observations contre 30% en 2015».
Le Cicodev ajoute que «18,75% des toilettes des salles d’hospitalisation étaient dans un état similaire d’impropriété lors de la visite des observateurs contre 26% en 2015». Sur les conditions d’hospitalisation, il a été noté que «dans 37,5% des salles d‘hospitalisation, les lits n’étaient pas en quantité suffisante alors que les draps pour 37,5% des lits des salles d’hospitalisation n’étaient pas propres». Quid des guichets d’accueil d’urgence ? Les enquêteurs ont noté que «neuf (9) des 33 hôpitaux et centres de santé observés ne disposent pas encore de guichet d’accueil d’urgence, soit 27,27% contre 41,17% en 2015». Aussi, il a été remarqué que la qualité de l’accueil dans les structures de santé laisse toujours à désirer. L’enquête a aussi montré que «25,8% des patients /accompagnant s interrogés ont déclaré avoir peur de se rendre dans une structure de santé à cause de la qualité de l’accueil». En outre, l’enquête révèle que «21,74% ont déclaré avoir subi un acte de favoritisme de la part du personnel et 19,13% des enquêtés attestent s’être disputés avec le personnel d’accueil à cause du mauvais comportement de ces derniers».
D’après Cicodev, «au total, 54,17% des structures observées n’ont pas de système de réclamation et plus de la moitié 56,25% des agents d’accueil interrogés ont déclaré n’avoir pas reçu une formation en accueil». Rappelant que «l’accueil dans une structure de santé constitue une étape importante qui conditionne le bon déroulement de la prise en charge», les auteurs du document ont fait des recommandations aux autorités sanitaires. Faisant référence à la pandémie, ils demandent aux autorités de «faire de la propreté et de l’hygiène des priorités sans compromis dans toutes les structures sanitaires, tout en veillant au respect strict des mesures édictées pour limiter la propagation du coronavirus». Autre recommandation formulée, c’est de «faciliter l’orientation des usagers à l’entrée des structures sanitaires et particulièrement ceux qui ne savent pas lire, en complétant les panneaux d’orientation avec des images».
Dans le but d’optimiser «l’accueil et les soins d’urgence pendant la pandémie de Covid-19 qui risque de se prolonger», le Cicodev estime qu’il «faudra plus que du matériel, des infrastructures, une formation et un soutien pour les agents de santé». Selon l’Ong, pour ce faire, «il est important d’introduire ou renforcer dans tous les parcours de formation initiale et permanente des personnels de santé, des modules sur l’éthique professionnelle, sur la notion de service de qualité dû aux usagers, sur la relation d’aide et à l’écoute, sur le traitement équitable des usagers». Dans la même dynamique, il est recommandé de «mettre en place un système de réclamation dans les structures de santé et d’y afficher les tarifs des différents services et de ceux qui sont officiellement gratuits»