AU COEUR DE LA ZONE DE NUISANCE FRANÇAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Bloqués dans leurs ambitions de progrès, les pays de cette Zone cherchent les voies de l’émancipation à travers coups d’États, insurrections et guerres civiles. En vain. Le préalable, c’est la souveraineté et l’obstacle, la France
L’Afrique renouerait-elle avec les coups d’État et traverserait-elle une période de recul démocratique ?
À en croire la presse internationale, je cite :
L’Afrique de l’Ouest contaminée par les coups d’État (Le Temps-Suisse-18/09/2021) ; dix ans de coups d'État militaires en Afrique (Deutsche Welle, 8 septembre 2021) : "Au cours de la dernière décennie, l'Afrique a été de loin le continent à compter le plus grand nombre de putschs dans le monde.
"Arrive-t-on à la fin du cycle de la démocratisation en Afrique de l'Ouest ? Avec le coup d'État en Guinée, qui fait suite à ceux qui se sont déroulés au Mali, et à des crispations autour des élections dans de nombreux autres pays. (RFI, 15/09/2021) ; "Domino. En Afrique de l’Ouest et centrale, la contagion des coups d’État" (Courrier International).
À en croire cette presse, c’est toute l’Afrique qui aurait renoué avec les démons du putsch militaire. À ce titre, on devrait y retrouver le pays le plus peuplé du continent, le Nigeria ? Et pourtant non. Ou une puissance montante comme le Ghana ? Non plus. L’Afrique du Sud et tous les pays de la Sadc ? Non. Le Kenya la Tanzanie et l’Afrique de l’Est ? Non.
Il ne s’agit en fait que de l’Afrique dite "noire", dite "francophone". Nous avons bien là une généralisation paresseuse qui tend à substituer l’Afrique à la Zone de nuisance française (ZNF) et qui offre donc des analyses défectueuses. La question doit être bien posée si on veut y répondre correctement. La ZNF représente 15% de la population africaine et 14 États sur 54. En quoi constitue-t-elle l’Afrique ?
Et c’est cette Zone qui depuis 10 ans concentre les coups d’États militaires ou institutionnels. Ces États sont les vrais cancres de la fournée avec des présidents à vie (Cameroun, Congo, Gabon, Togo, Tchad, Guinée équatoriale -membre du CFA), des présidents adeptes des tripatouillages constitutionnels et des fraudes électorales (Côte d’Ivoire, Mali, Guinée) et d’autres en embuscade (Sénégal, Bénin).
Qu’est-ce que ces pays ont en commun ? Qu’est ce qui les différencie des autres ? Et bien, ils peinent à émerger du garrot colonial français. Et du dispositif institutionnel imposé par le colon, à savoir le présidentialisme. Quand tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul homme, la manipulation, la corruption ou à défaut le changement de régime, permettent aisément de contrôler tout un pays.
La France continue de penser et d’agir comme propriétaire de cette Zone de nuisance. Pour la conserver, elle est prête à tout. Il n’y aura ni honneur ni vertu ni justice mais plutôt manipulations, mensonges, hypocrisie, intimidation, chantage, rapines et violence. Dans sa Zone de nuisance, la France se comporte donc comme un véritable État voyou ! Avec plus de 50 interventions militaires depuis les indépendances, l’imposition de dirigeants par la force et la violence s’il le faut, l’imposition de leur monnaie coloniale en dépit de notre accession à la souveraineté monétaire (indépendance), l’obligation faite d’utiliser leur langue dans notre système éducatif, notre droit et notre culture et l’instrumentalisation de notre diplomatie dans les relations internationales. Ce sont ces pays bloqués dans leurs ambitions de progrès qui à travers coups d’États, insurrections, guerres civiles, cherchent désespérément les voies de l’émancipation. En vain.
Le préalable, c’est la souveraineté et l’obstacle c’est la France.
Anciennes colonies françaises, nous dit-on ? Voilà une expression qui vraiment fait monter ma tension. Nous avons vécu dans nos territoires pendant des milliers d’années après avoir quitté l’Égypte suite à l’invasion des barbares. Nous avons vécu dans nos royaumes, nos empires, nos cités-États. Nous avons éduqué nos enfants, soigné nos malades, produit et échangé. Pourquoi 100 ans d’occupation par de nouveaux barbares devraient nous définir comme ancienne colonie française et même comme francophone ?
Cheikh Anta Diop dans Civilisation ou Barbarie nous exhorte à renouer avec notre identité historique et linguistique, préalables à la restauration de l’identité psychologique. Mais nos élites dirigeantes se gaussent plutôt de leur appartenance à la Francophonie !
Pitoyable !