YAW ÉMERGE, BENNO S’EFFONDRE, WALLU DISPARAIT
C’est le vent du changement qui souffle dans le pays. Yewi Askan wi (Yaw) impose sa force électorale et crée une secousse tellurique dans le camp du pouvoir. Pour la reconquista de la capitale, c’est encore la procrastination
C’est le vent du changement qui souffle dans le pays. Yewi Askan wi (Yaw) impose sa force électorale et crée une secousse tellurique dans le camp du pouvoir. Pour la reconquista de la capitale, c’est encore la procrastination.
Barthelemy Dias, poulain de Khalifa Sall, devient le nouveau premier magistrat de la ville de Dakar. L’énormité des moyens du candidat de Bennoo pour la ville de Dakar, Abdoulaye Diouf Sarr, n’a pas pesé dans la détermination des électeurs. La partialité de la presse écrite et télévisuelle n’a pas réussi à imposer l’image de Diouf Sarr qui perd du coup la mairie de Yoff.
L’intrusion de la communauté léboue dans le jeu électoral n’a pas conduit les Dakarois à infléchir leur vote en faveur de l’encore ministre de la Santé, candidat de Benno pour la mairie de la capitale. La quasi-totalité des 19 communes de Dakar est conquise par Yaw. Plusieurs localités de la banlieue, traditionnellement aux mains du parti au pouvoir, sont tombées dans le camp de l’opposition notamment celui de Yaw.
La nouveauté, c’est la chute de Guédiawaye, fief du frangin du président de la République par ailleurs chef de la coalition de Bennoo Bokk Yaakaar, dans l’escarcelle de Yaw. A Thiès, bastion inexpugnable d’Idrissa Seck, la mairie tombe dans les mains de Babacar Diop, candidat de Yaw de même les trois communes (Thiès-Est, Thiès-Nord, Thiès Sud). Depuis 2002, soit deux décennies, Idrissa Seck le leader politique de Thiès avec le Pds et le Rewmi a toujours régné en maitre. Mais depuis 2007,son électorat s’est effrité au niveau du département de Thiès. Et son éloignement du pouvoir ne l’a pas empêché d’avoir toujours la sympathie de ses concitoyens Thiessois.
Aux locales de 2014, il a gagné toutes les collectivités de Thiès (Ville, département, communes). Tout d’un coup, c’est l’effondrement en 2022. La raison est simple : le mariage de la carpe et du lapin (orange/beige-marron) et ou le salmigondis (mbourok-sow) n’a pas pris forme.
Les Thiessois viennent de montrer à travers le choix de Babacar Diop pour la ville et autres maires de commune de Yaw qu’ilsrebutent les alliances bâties sur les intérêts crypto-personnels. Avec les résultats de ces élections, Macky vient de réaliser sa promesse de Kaffrine : réduire l’opposition à sa plus simple expression.
Le Ps tanorien et l’Afp aujourd’hui n’existent qu’à travers ses mandarins qui jouissent des délices du pouvoir. Moustapha Niass perd les locales dans son fief de Keur Madiabel par le biais de son poulain Aliou Kébé. Aminata Mbengue Ndiaye, soutien de Mamour Diallo, perd devant Moustapha Diop. Le successeur de Tanor Dieng à la mairie de Nguéniène perd son fauteuil devant un candidat de Bunt-bi. Aïda Mbodj à travers son poulain Assane Dia, reprend la mairie de Bambey. Yaw triomphe au département de Mbacké et même à Touba où les bulletins dominent la liste pro-Bennoo du Khalife général.
A Kaolack, Serigne Mboup écrase Mouhamed Ndiaye Rahma, candidat de Bennoo, et ex époux de la mairesse sortante Mariama Sarr. Dans la partie méridionale du pays, Ousmane Sonko enterre ses concurrents et confirme les résultats de Pastef lors de la dernière présidentielle. Autre particularité de ce scrutin, c’est l’émergence de la Grande coalition Gëm Sa Bopp de Bougane Guèye Danny qui remporte la ville de Rufisque et qui a fait un excellent score dans la ville de Pikine. La Coalition dirigée par GSP a fait aussi une percée dans la localité de Mboro et une partie méridionale du pays. Aujourd’hui le mouvement dirigé par le patron de D-Média est devenu une réalité sur l’échiquier politique. Il s’implante comme la 3e force politique après BBY et Yaw.
Une nouvelle cartographie politique s’est dessinée avec l’émergence de Yaw et de GSP. Mais ces élections locales consacrent aussi l’effondrement de partis nouveaux et traditionnels. Aujourd’hui le Ps dirigée par Aminata Mbengue Ndiaye et l’AFP de Moustapha Niasse disparaissent de la scène politique.
Seul un nombre lilliputien de responsables socialistes et progressistes a été investi sur les listes de BBY. C’est ce qui a conduit des socialistes comme Mamoudou Wane et Fallou Sylla à se présenter respectivement aux Parcelles assainies et à Mbour pour la conquête. Le Ps et l’Afp qui avaient raflé toutes les communes prestigieuses du Sénégal sous la bannière de Bennoo Siggil Senegaal en 2009 s’effacent de la scène politique. Le Pds qui était le parti d’opposition à rafler le plus de collectivités en 2014 ne parvient même pas à en glaner une quinzaine sous la bannière de Wallu. Les tergiversations, les calculs politiciens, son retrait de la coalition Yaw n’ont pas permis à la formation d’Abdoulaye Wade de confirmer ses résultats de 2014.
A cela s’ajoute l’absence d’un leader fort et affirmé à la tête du Pds. La si longue absence de son chef-fantôme a beaucoup contribué au collapsus du parti du Sopi. Le Bokk Gis Gis de Pape Diop suit la même trajectoire que le Pds. Dissident de la coalition Wallu, l’ancien maire de Dakar a cru pouvoir surfer sur son bilan de 2002 à 2009 pour retrouver un fauteuil perdu depuis 11 ans. Pape Diop qui avait disparu de la scène politique depuis 2014 a voulu tel Phoenix renaitre de ses cendres politiques. Mais les maigres résultats engrangés ont fait obstacle à ce projet. Et le BGG Pape Diop risque d’être embarqué dans le même bateau du Pds qui file tout droit vers la désagrégation politique. Quant à Soham Wardini, elle a été perdue son passage intérimaire à la mairie de Dakar qui a aiguisé son appétit. Et les résultats sortis des urnes lui ont savoir qu’une candidature obéit à un projet politique. Or Soham n’en a jamais eu. Son seul projet, c’était de continuer à occuper le fauteuil de maire. C’est pourquoi la contestation du choix de Khalifa et de Yaw sur Barthelemy lui a été fatale.
Rewum Gor de Thierno Alassane Sall n’a été qu’un feu de paille pendant ces locales. Son isolement des coalitions de taille lui a valu une désaffection de ces électeurs qui ont rêvé d’un rassemblement des forces de l’opposition pour faire à Macky Sall et sa coalition. Aujourd’hui, la coalition de TAS n’a gagné aucune localité. Ce qui constitue un véritable camouflet pour son leader très chevillé aux valeurs en politique. Ces élections ont fait naitre une nouvelle configuration politique composée de jeunes partis politiques et enterré les partis traditionnels comme le Ps, l’Afp, le Pds et certaines forces de gauche comme le PIT, la LD et les deux AJ.
Maintenant la question est de savoir si le Président, pour éviter un deuxième tsunami en l’espace de six mois, va organiser les élections législatives qui risquent d’être la suite logique des locales du 23 janvier 2022.