UN HÉRITAGE FONDÉ SUR L'AMOUR, LA DIGNITÉ, LE PARTAGE
Il était noir, il était africain, il était universel. Pour le célèbre éditorialiste du mensuel Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed, Nelson Mandela était tout simplement un extraterrestre.
Le monde entier s'est incliné hier devant la mémoire de cet homme multidimensionnel, décédé à l'âge de 95 ans en attendant de lui rendre un vibrant hommage le 15 décembre prochain, date où il sera inhumé dans son village de Qunu, au sud du pays.
Sur les portails d'information et les forums, les mêmes messages sont véhiculés comme si son décès galvanise, avec l'espoir qu'il marquera un déclic chez les dirigeants africains appelés à s'armer davantage d'audace et à se libérer du diktat des institutions financières et des puissances occidentales.
Si plusieurs cérémonies sont prévues dans le monde, son pays natal lui dédie une cérémonie nationale le 10 décembre prochain au stade de Soweto. Une foule monstre y est attendue pour célébrer de nouveau cet homme d'État qui a su toute sa vie promouvoir une culture basée sur le dialogue et le débat d’idées. Mandela a légué à la postérité des œuvres impérissables.
Des leçons d'amour qui lui assurent l'immortalité
Madiba est décédé, mais l'humanité garde en mémoire les leçons de sagesse qu'il a su dispenser au plus fort des remous de sa vie. Ses propos résonnent encore, car partout c'est le partage de ces citations puisées de l'ouvrage de Richard Stengel, qui a eu à rédiger une autobiographie, intitulée ''les chemins de Nelson Mandela.''
Après trois années passés aux côtés de ce leader charismatique présenté comme ''un homme au cœur d'or, empli de chaleur et de sagesse'', Richard Stengel livre au monde l'héritage d'un homme qui se fonde sur des leçons de démocratie et de vie. Dit-on de Madiba, les turpitudes de sa vie et son séjour en prison '' ont affiné son regard de stratège, fait de lui un excellent diplomate. Il a fini «par devenir l’homme qu’il voulait être : un leader pleinement humain» s'appuyant sur 15 leçons de courage et d'amour dont quelques-unes font actuellement le buzz sur la toile.
Et disait Mandela : ''Vous ne pouvez pas obtenir un résultat si, au fond de vous- même, vous n'avez pas l'intime conviction qu'il se produira : la paix ne se réalise que si celui ou celle qui la veut y croit de toute son âme. Vous la gagnerez si vous en rêvez et n'abandonnez jamais''. Ou encore : ''Qui veut faire la paix doit savoir faire des compromis et accepter d'en faire. Il aura à prendre beaucoup de risques, y compris pour sa réputation et sa vie.''
Avec un respect scrupuleux des procédures démocratiques, Madiba disait : ''Chérir l'idéal d'une société démocratique et libre dans laquelle nous vivrions tous ensemble, en harmonie et avec des chances aussi égales que possibles pour tous. Cet idéal, j'en ai fait le but de ma vie ; je l'ai jugé accessible et j'ai pensé que je pouvais contribuer à le réaliser. ''J'ai aussi accepté de courir le risque de mourir pour qu'il se réalise.''
A l'humanité entière, il encourage de croire en elle-même. ''Le courage, ce n'est pas l'absence de peur, mais la capacité à la dominer. L'homme brave n'est donc pas celui qui n'a pas peur, c'est celui qui triomphe de sa peur.''
Avec des valeurs fortes telles le pardon et la générosité, Mandela avait ravalé toute rancune. ''Lorsque j'ai franchi la porte de ma cellule, puis celle de la prison vers la liberté, poursuivait-il, je savais que si je ne laissais pas derrière moi l'amertume et la haine, je resterais à jamais leur prisonnier.''
Animé du même principe, il lançait un message simple aux dirigeants du monde entier. ''Les négociations pour la paix et la réconciliation sont en elles-mêmes une thérapie. Elles ne peuvent aboutir que si vous avez la volonté de regarder au plus profond de vous-même, dans les replis de votre âme pour en extirper les démons qui l'habitent.'' ''L'une des choses les plus importantes que j'ai apprises en négociant la paix est que si je ne me changeais pas moi-même, je ne pouvais pas changer mes interlocuteurs. Car ils sont des êtres humains, comme moi ; avec leur passé, leurs mythes, leurs blessures, leur soif de dignité.''Seuls les êtres libres sont à même de négocier et de prendre des engagements ; un prisonnier ne peut pas signer de contrat qui engage.»