FINI LE TEMPS DE L'INSOUCIANCE
Le leadership pauvre qui sévit en Afrique est la seule contrainte qui pèse vraiment sur notre sous-développement. Il est temps d’en faire un indicateur et un baromètre dans les outils d’analyse économique et politique
Les périls montent à travers le monde, préfigurant des conflits de grande envergure qui vont s'inscrire dans la durée. Les conséquences inéluctables qui vont en découler ne laisseront indemne aucun secteur des activités humaines.
En vérité, la guerre en Ukraine a des dessous géostratégiques dont l'enjeu fondamental est la domination militaire du monde, le contrôle de ses points névralgiques en termes de ressources naturelles et énergétiques. Il s'agit aussi de gérer le défi démographique qui est devenu une obsession pour des think tank occidentaux, d’où des apprentis sorciers de la prospective surveillent les flux migratoires et entretiennent la phobie du « grand remplacement.» Les populations asiatiques et africaines, selon ces esprits dits éclairés, doivent absolument être contrôlées voire réduites ! Par tous les moyens ?
Dans ces débats cruciaux, la voix des dirigeants africains est absente. Sinon inaudible. Réduite à fournir au monde les statistiques de la misère et de la maladie, l’Afrique est aphone. Alors même que notre continent détient les richesses naturelles les plus convoitées au monde en quantité et en qualité. Un super marché à ciel ouvert où les puissances du monde actuel viennent se servir, parfois sans passer à la caisse, ou alors à leurs conditions…
C’est le temps d’interpeller le président de la République du Sénégal, Macky Sall en sa qualité aussi de président de l’Union africaine.
En ces temps de risque de conflit nucléaire, de famine mondiale, de dérèglement économique et monétaire, avec les conséquences telluriques sur la survie de notre espèce, que prépare l’Afrique ? En termes de mutualisation et de valorisation de ses ressources ? Quelles initiatives sont prises pour une politique agricole concertée en vue de nous mettre à l’abri, au moins, de la famine ? Comment développer une agriculture apte à nous assurer la sécurité alimentaire ? Si le conflit Russie /Ukraine qui est, en fait, un réchauffement de la guerre froide devait s’envenimer, quelles opportunités l’Afrique pourrait saisir pour jouer un rôle dans la redéfinition géostratégique des rapports de forces au niveau mondial ?
Autant de débats qui devraient être au centre des préoccupations des leaders africains contemporains. Ces sujets devraient offrir un contexte, propice à la mise en œuvre d’un consensus national et continental fort, pour organiser la survie de nos populations et réorienter le destin de l’Afrique. Au lieu de cela, les machettes des quotidiens sénégalais rendent compte de querelles de bornes fontaines entre politiciens. Des querelles qui mobilisent tant d’énergies pour trois fois rien et divisent notre peuple au moment où le monde est au bord de l’implosion…
Le leadership pauvre et en panne d’inspiration qui sévit en Afrique est la seule contrainte qui pèse vraiment sur notre sous-développement. Il est temps d’en faire un indicateur et un baromètre dans les outils d’analyse économique et politique.
Dans ce contexte, les opérations de parrainage qui se déroulent au Sénégal, capitale de l’Afrique pour un an, sont dérisoires au regard des défis colossaux qui nous interpellent. En quoi est-il intelligent de demander à des formations politiques ayant plusieurs fois participé à des élections avec des résultats au dessus de 100 000 voix, de chercher 50 000 parrains pour se montrer dignes de participer aux élections législatives ? Autant le parrainage est sensé pour des candidatures indépendantes ou pour des formations nouvelles , autant c’est une perte de temps et d’argent pour la nation le cas échéant. Sans compter les inimitiés mortelles qui en découlent déjà !
Monsieur le président Macky Sall, sortez nous de la gadoue ! Donnez au pays et à l’Afrique l’opportunité de voir grand, et de tendre vers les étoiles. Occupez-vous de vos mandats qui courent vers leur fin, au Sénégal et pour l’Afrique. Laissez aux autres hommes politiques le soin de courir derrière des mandats parlementaires. Il est une sentence de la sagesse populaire selon laquelle, « nul ne peut courir plusieurs lièvres à la fois… »
Pensez-y car il se fait tard…