UN GAP DE 58 000 POCHES DE SANG À COMBLER
Malgré les mobilisations actives de collecte de sang, le Sénégal peine toujours à faire face à un gap énorme de 58 000 poches par rapport à ses besoins annuels de 170 000 poches.
Malgré les mobilisations actives de collecte de sang, le Sénégal peine toujours à faire face à un gap énorme de 58 000 poches par rapport à ses besoins annuels de 170 000 poches. D’où la nécessité de renforcer la communication et la sensibilisation pour pouvoir attirer plus de donateurs mais aussi les accompagner dans le sens de leur fidélisation afin de continuer à sauver des vies en détresse ou améliorer la santé de certains patients.
En 2020, le Sénégal avait un déficit de 65 000 poches de sang sur un objectif de 170 000 dons. Il n’avait en effet collecté que 105 000 poches. L’année suivante, 7000 poches de plus ont pu être collectées. Soit 120 000 d sur un besoin annuel estimé à 170 000.
En 2021, seules 112 000 poches de sang ont été collectées. D’où un gap de 58 000 poches à combler malgré les efforts déployés au niveau de chaque région. A Saint Louis, par exemple, la banque de sang a collecté 3463 poches en 2021.
Cette année, elle en est à un peu plus de 2500 poches, selon la responsable du laboratoire régional de la banque de sang de Saint Louis, Pr Seynabou Lô. « En 2021, on a eu à collecter 3463 poches auprès des donneurs qui viennent au centre et grâce aux sorties effectuées au niveau des localités. On reçoit à peu près 6 à 10 donneurs par jour. Parfois, on a une à deux sorties par semaine. On collecte dans les 60 à 80 poches», a-t-elle fait savoir tout évitant de parler de déficit au niveau local.
Elle préfère plutôt dire que «la banque ne dispose pas d’un stock conséquent». De ce fait, les demandes sont satisfaites. «Actuellement, la banque est assez fournie. Mais si on a d’autres poches, on va renforcer le stock». Pr Lô souhaite que sa «banque» soit renflouée davantage pour pouvoir parer à toute éventualité dans cette région du nord. Au niveau national, de manière générale, la situation reste encore préoccupante malgré les mobilisations collectives actives organisées au niveau national au cours de cette année. Le nombre de donneurs de sang est insuffisant à cause des croyances socio-culturelles. Beaucoup de Sénégalais n’ont pas aussi assez de temps pour prendre une heure de leur journée afin de donner du sang.
Ces freins économiques s’ajoutent au barrage socio-culturel persistant, selon le directeur du Centre national de Transfusion sanguine, Dr Saliou Diop, qui estime le besoin annuel à 170 000 dons. Malheureusement, dit-il, «nous ne récoltons pas plus de 120 000. Il y a un gap de 35 %». D’où son appel à la sensibilisation de la population. C’est d’ailleurs tout le sens de la journée internationale du donneur de sang célébrée le 14 juin de chaque année. L’objectif est de faire connaitre, à l’échelle mondiale, le besoin en sang et en produits sanguins sûrs aux fins de transfusion. Mais surtout sensibiliser à la contribution essentielle des donneurs de sang volontaires. Ce, pour aider à sauver des millions de vies et améliorer chaque jour la santé et la qualité de vie de beaucoup de patients.
Mais en dépit des mobilisations actives pour pouvoir traverser les périodes de faibles moissons, l’accès au sang pour tout patient qui en a besoin n’est pas possible quelquefois. «En principe, c’est le sang qui devrait attendre les patients. Mais s’il n’y a pas assez de donneurs dans les hôpitaux, les patients vont attendre. Sinon, on mobilise les parents des patients pour venir donner de leur sang. Ce qui non seulement retarde la prise en charge mais fausse surtout l’esprit de la prise en charge en urgence», explique le directeur du Cnts, Dr Saliou Diop dont le message traduit l’importance du don de sang. D’autant que les besoins en sang sont de plus en plus importants au Sénégal, d’après le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Alassane Mbengue considère que les cas de maladies chroniques comme le cancer, l’insuffisance rénale, la drépanocytose, l’hémophilie, ... sont en constante progression alors que leur prise en charge requiert une transfusion sanguine. «Le défi est donc énorme puisque le Sénégal n’a prélevé que 112 000 poches en 2021 pour un besoin estimé à 170 000.
Un gap important à combler pour sauver le maximum de vies possible», a-t-il indiqué en parlant du fardeau des maladies non transmissibles. D’où son invite à l’endroit des Sénégalais à accomplir le geste de don de sang. «Les donneurs et les populations de manière générale seront sollicités pour un don volontaire. Le Centre national de Transfusion sanguine et les autres structures ont fortement besoin de ces dons pour traiter les patients qui n’attendent que ces gestes citoyens pour pouvoir survivre. Chaque individu devra inciter ses amis, les membres de sa famille, l’ensemble de ses connaissances à accepter de prendre 30 minutes pour un don de sang et contribuer ainsi à sauver des vies» a exhorté M. Alassane Mbengue.
Le secrétaire général du ministère de la Santé s’est dit convaincu que l’accroissement national de poches de sang dépend de l’implication de tous pour une amélioration des conditions de vie des malades. On a beau sensibiliser mais la problématique de la collecte de sang persiste et les gens sont encore réticents. Les donneurs entendent mettre en place des stratégies pour surmonter ces réticences.
C’est le cas à Sédhiou où l’Association régionale a prévu des actions fortes pour avoir du sang en permanence. «Nous pensons qu’un plan qui devrait pouvoir couvrir toute l’année et permettant d’approvisionner la banque de manière régulière et permanente pourrait permettre de faire face à cela. Ce plan consistera à aller vers toutes les communes et faire un maillage de toute la région. Les équipes médicales pourront se déplacer à des dates bien précises pour aller collecter du sang», indique Alpha Oumar Bâ, président de l’association régionale des donneurs bénévoles de sang de Sédhiou. Pr Seynabou Lô de la banque de sang de Saint Louis plaide pour un renforcement de la communication, de la sensibilisation pour pouvoir capter plus de donneurs mais aussi les fidéliser pour leur permettre de donner trois à quatre fois de leur sang dans l’année.
Pour sa part, le président de l’Association nationale des Donneurs bénévoles de Sang (Anobes), Thierno Leconte Seck, invite les autorités à doter les centres en matériels surtout par rapport à la conservation. «Dans la transfusion sanguine, s’il n’y a pas de poches, s’il n’y a pas de réactifs, on ne peut pas faire de don de sang. Ces poches et réactifs sont achetés à la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna).
Le Cnts n’a pas ce problème, contrairement aux hôpitaux de l’intérieur du pays qui gèrent les banques de sang. Tous ces problèmes existent. Nous avons du stock de sang qui est à gérer qui n’a qu’une durée de vie de 35 jours, au-delà, c’est incinéré, on va l’amener à Fann et c’est terminé», a-t-il exposé comme doléances.