L’ESSENTIEL ET L'INUTILE
Il est impératif de prendre le temps qu’il faut pour analyser les mécanismes de la roublardise de fonctionnaires indélicats en cheville avec des affairistes en tous genres qui se sont sucrés sans pudeur sur la misère, la maladie et... les morts du Covid
Le débat public dans notre pays a un besoin urgent de faire la part des choses entre l’essentiel et l'inutile. Une urgence à séparer le nécessaire du dérisoire. Une impérieuse nécessité de distinguer, le faux semblant de la réalité, nous interpelle et attend !
Sous toutes ces perspectives, ce qui me semble devoir figurer à l'ordre du jour de l’essentiel c'est, pour nos gouvernants, de nous édifier sur la réalité, ou non, des faits dénoncés au grand jour par le dernier rapport de la Cour des Comptes du Sénégal. Au vu des sommes astronomiques en jeu, vue la facilité déconcertante avec laquelle des montants importants ont migré du Trésor Public vers des destinations privées, dans un contexte de pandémie mondiale, il convient de s’arrêter un moment.
Il est impératif de prendre, le temps qu’il faut, pour analyser les mécanismes de la roublardise et de l’incurie de fonctionnaires indélicats en cheville avec des affairistes en tous genres qui volent, détournent, bref se sont sucrés sans pudeur sur la misère, la maladie et... les morts du Covid !
Ne nous laissons pas distraire. Le sujet est sérieusement grave. 1000 milliards sont en jeu !
Même l’actualité parlementaire tragi-comique pourtant, en est devenue… dérisoire et inaudible (!) face à la déflagration suscitée par le rapport de la Cour des Comptes. Ce rapport éclaire des faits dénoncés à d’autres égards, par plusieurs observateurs depuis le dérapage de la gouvernance « sobre et vertueuse » promise il y a…si longtemps !
Les faits divers, par lesquelles on a voulu capturer nos attentions, sont dès lors amortis et…dérisoires. Le scénario des allusions perfides et des machinations sordides s’essouffle. Les relances médiatiques sont devenues inopérantes. Même la magie de la Coupe du monde n’a pas opéré. Et nous attendons, au demeurant, le bilan financier et moral de cette expédition au Qatar à 30 milliards CFA annoncés.
Cela étant dit, raser la maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec, récemment rénovée à l’identique au titre du patrimoine historique classé, est d’un mauvais goût inqualifiable. Cet édifice, distinctif de l’architecture Soudano-sahélienne entrait dans le cadre de la démarche de reconquête culturelle de notre architecture négro-africaine. Comme l’édifice du marché Sandaga rasé ! Il reste, pour témoigner de cette époque, la Polyclinique de Dakar et quelques autres vestiges passablement malmenés par la frénésie du béton et des tours. La spéculation foncière sur le domaine maritime ainsi que la « cannibalisation » du périmètre de l’ancien Aéroport Léopold Sedar Senghor, sans aucune visibilité citoyenne, pose des problèmes. Les Mamelles de Dakar, signature naturelle du Divin sur notre magnifique presqu’île, sont défigurées par des immeubles d’un goût douteux et qui défient l’identité …volcanique (!) de ces lieux mystérieux…L’ignorance est un mauvais conseiller !
Bref, dans ce contexte de gabegie et d’enrichissement illicite de certains au détriment de la majorité, réveiller la CREI de sa torpeur devient nécessaire. Les organisations en charge de la défense des droits de l’Homme et de la transparence doivent saisir qui de droit pour mettre le holà sur ce qui semble relever de la bamboula. Pure et simple.
En attendant, comment ne pas se réjouir de la liberté provisoire accordée au journaliste Pape Alé Niang. Nous l’avons réclamée suffisamment pour, par devoir et par responsabilité, saluer ce résultat obtenu par ses avocats mais aussi par la forte mobilisation citoyenne et celle de ses collègues et amis de la presse. Ainsi qu’à la lucidité de certains juges ? Si. Si…
Sévir ? Oui ! Mais lorsqu’il le faut et sans parti pris. « La patrie avant le parti ! », disait-il…
La sanction contre les crimes économiques envers la patrie est urgente, nécessaire et essentielle : une salle de classe clefs en mains revient autour de cinq à six millions de francs CFA…Combien de classes ne verront jamais le jour dans les cahiers de la Cour des comptes ?